L’avantage du Grind, c’est qu’il incarne l’espéranto de l’extrême. Qu’il soit chanté en anglais, en espagnol, en français, en italien, en portugais, en polonais, ou en allemand, on ne comprend rien. J’ai suivi dans ma prime jeunesse les textes hurlés par Lee Dorian sur From Enslavement to Obliteration avec la lyrics sheet sous les yeux, et je suis à peine parvenu à distinguer deux ou trois mots. Alors, lorsqu’il est beuglé en russe, on ne comprend que dalle non plus, mais on s’en fout complétement. Et c’est pour ça que le Grind reste la langue universelle par excellence, puisque quel que soit le pays du monde duquel il provient, même les natifs n’y panent rien. Mais au-delà des frontières, il provoque le même enthousiasme en forme d’exutoire magnifique, les blasts et les hurlantes se succédant à une vitesse folle. De fait, parlons donc du second LP des russes d’INTERNAL DAMAGE, qui huit ans après leur premier cri Age of Violence, reviennent tout raser avec Великое зло правит, pas plus complaisant, ni plus tolérable en termes de décibels. Et ces originaires de Saint-Pétersbourg ont rudement bien choisi leur nom, puisque leur musique cause des dommages irréparables sur l’organisme, et plus particulièrement sur l’audition. Loin du Grind underground encore traité analogique, leur barouf sonne moderne, très affuté, et extrêmement remonté. Le résultat ? Des acouphènes après vingt-trois minutes de déflagration, et une façon de pousser les astuces de THE KILL et BRUTAL TRUTH à leur paroxysme.
Et si depuis 2012 le groupe ne s’était manifesté qu’au travers de splits en compagnie de FITCAGE ou SKRUTA, lâchant quand même un EP pour la forme (Terror for Control en 2014), ils n’en avaient pas moins un max de réserves sous le coude, ce que ces onze nouvelles explosions prouvent de leur gravité et de leur véhémence. Doté d’un son exceptionnels aux graves ronds et rebondissant, à la guitare tranchante qui rappelle celle de Mitch Harris, Великое зло правит est une méchante branlée Crust/Death/Grind de premier ordre, et si le net se fait très discret à propos des russes, leur musique mérite une exposition maximale. Capable de rivaliser avec le meilleur de MISERY INDEX, PIG DESTROYER et tous les amateurs de tirs nourris de tanks en plein blitzkrieg, INTERNAL DAMAGE ne relâche jamais la pression, et vous fait boire la tasse dans la boue en quelques secondes seulement. Alternant toutes les approches, tâtant même de la froideur suédoise pour mieux nous incinérer d’une fournaise US, ce second long-format et une ode à la violence la plus intelligente et agencée. Le quatuor (Сев - batterie, Костя - guitare/chant, Женя - basse et Витя - guitare) se montre sous un jour très flatteur, et incarne le versant le plus puissant de cette musique implacable, osant le mid tempo écrasant pour prouver qu’il n’a pas besoin de la vitesse pour nous aplatir (« Когда Перешёл Черту », du NAPALM DEATH des nineties dans le texte), et utilisant les meilleurs ingrédients pour nous convaincre du bienfondé de sa démarche (« Великое Зло Правит » encore un truc que Barney et les autres auraient pu composer).
A cheval entre l’Amérique la plus sombre et le Birmingham du nouveau siècle, INTERNAL DAMAGE ose même provoquer les NAILS sur leur propre terrain et leur damer le pion grâce à un professionnalisme étonnant, et on réalise alors que l’underground le plus sombre a de sacrées réserves pour nous balancer un tel truc en fin d‘année. Sorti plus tôt, cet album se serait facilement frayé un chemin dans mon Top de janvier, et si les compositions ne durent jamais plus de trois minutes, elles n’en étalent pas moins un nombre d’idées conséquent. Aussi euphorique et chaotique qu’il n’est pessimiste, Великое зло правит décrit avec acuité un monde exsangue sur son lit de mort, et le sort d’une humanité condamnée à sa perte. La pochette ne cache d’ailleurs rien des intentions, tout comme la voix de Костя hurle ses textes avec une belle franchise. Sans faute absolu donc pour les russes qui profitent d’une créativité suffisante et d’une production peaufinée pour se glisser dans le haut du panier des groupes les plus dangereux au monde, et même si leurs textes restent incompréhensibles pour les humains, leur musique parlera à tous les fans de Death Grind noir comme la nuit, mais d’une qualité supérieure.
Titres de l’album:
01. Чистилище
02. Духовное Зловоние
03. Электорат
04. Кризис
05. Великое Зло Правит
06. Сети Деградации
07. Когда Перешёл Черту
08. Ты Можешь Откупиться
09. Инфекция
10. Лживость
11. Пандемия Терпимости
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30