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Cancervo

26/02/2021

Electric Valley Records

Le label transalpin Electric Valley Records nous présente aujourd’hui le premier album de ses compatriotes CANCERVO, et le décline en trois éditions vinyliques. Cent-cinquante exemplaires verts, cent-vingt exemplaires transparents, et même une édition super limitée en trente exemplaires pour les collectionneurs les plus acharnés. Electric Valley Records, vinyles, personne ne s’y trompe, et c’est bien là à un groupe fortement ancré dans la tradition Stoner et Doom qu’il nous faut rencontrer, la maison de disques s’en étant fait une spécialité. Les fans connaissent bien ce label qui s’est spécialisé dans le Psyché et le fumant, hébergeant dans ses écuries des poulains comme AMAMMOTH, MOTHER IRON HORSE ou WEED DEMON, et supportant des volutes de fumée rigolote s’échappant de ses bâtiment avec une constance assez remarquable. Avec les CANCERVO, la maison de disques s’échappe un peu vers des contrées instrumentales, et promeut donc ce premier effort assez raisonnable avec un enthousiasme assez contagieux. Il faut dire que la musique de ce trio originaire de Lombardie est riche, pleine et incite au voyage le plus introspectif. Après un premier single en début d’année, le groupe a donc décidé de proposer une vision un peu plus large d’un Heavy Stoner très influencé par les seventies mais aussi par le Post Rock actuel, et entre les strates et les couches de son, ce 1 se pose comme une œuvre majeure du créneau qui ne supporte que très peu les divagations stériles.

CANCERVO est une montagne très connue, nichée dans le cœur d’une vallée et censée abriter une créature fantasmagorique, mi chien et mi cerf. A l’image du Bigfoot américain, les résidents de San Giovanni Bianco sont donc partis à la recherche musicale de cette créature mythique, et en sont revenus la tête pleine de mélodies et de plans évolutifs psychédéliques. Le résultat se présente sous la forme d’un court carnet de bord nous décrivant les péripéties qu’on dû affronter les trois musiciens, et autant dire que ce voyage ne les a pas laissés indemne. En choisissant en outre de rendre hommage à CREAM, les CANCERVO citent leurs influences et admettent un héritage assez lourd à porter, mais malgré l’attrait que cette cover peut représenter pour les encyclopédistes, c’est véritablement le répertoire original du groupe qui fascine. En optant pour un instrumental constant nous évitant les atermoiements d’un vocaliste un peu trop obsédé par Ozzy, le trio a fait le bon choix, et a accentué cette sensation de perdition dans une région légendaire, solitaire, dans laquelle les hommes viennent se perdre pour mieux se retrouver.

Au menu de cette ballade donc, un maximum de riffs, qui prennent leur temps pour s’imposer, mais aussi beaucoup de mélodies embrumées, de cassures, et d’atmosphères confinées qui évoquent à merveille cette quête de l’impossible et les nuits passées à surveiller les alentours. Loin des délires Jazzy des seventies ou des constructions un peu trop équilibristes de amateurs de Progressif, CANCERVO ose une sorte de proto-Post-Stoner, fascinant, envoutant, hypnotique, dont chacun des chapitres est un témoignage crucial.

Le son est ample, clair comme de l’eau de montagne, les guitares sont lancinantes ou écrasantes, la batterie réglée sur une pulsation quasi pédestre, et l’effet produit par cette lourdeur et cette lenteur est optimale sur le système nerveux. On se sent happé par cette énigme, mais on garde néanmoins notre libre arbitre grâce à une efficacité instrumentale concrète. Pas question ici de se laisser porter par le vent, mais bien d’en traduire le langage, et dès « Cancervo », ce fameux single paru en amont de l’album, la sensation est étrange, et on se sent en communion avec des musiciens très au fait de leur thème et sachant très bien le traduire dans un langage musical.

Les effets un peu Space-Rock nous éloignent des turpitudes terrestres trop triviales, et cette mélodie sur quatre notes répétée comme un mantra nous fait accéder à un autre niveau de conscience, là où la musique se passe de mots pour se faire comprendre. C’est évidemment emphatique, mais pas pachydermique, c’est lent, mais pas processionnel, lourd, mais pas sentencieux, et le tout garde une légèreté dû à ces mélodies omniprésentes, certes minimalistes, mais à l’impact énorme. Loin des égarements psyché des groupes un peu trop portés sur la fumette 13TH FLOOR EVELAVORS ou HAWKWIND, CANCERVO reste concentré, et offre même des moments de quiétude sublimes comme sur ce leitmotiv « Aralalta » qui n’est pas sans rappeler le PINK FLOYD pré Dark Side of the Moon.

Chaque face du vinyle est introduite par un long morceau de plus de sept minutes, pour mieux nous réembarquer dans l’histoire sans avoir à nous tirer par les manches, et c’est l’impressionnant « Darco » qui incarne l’acmé de cette démarche de plénitude et d’oubli. Encore une fois, le trio n’utilise que quelques notes pour nous faire ressentir ce qu’il a ressenti lorsqu’il a décidé d’aller se renseigner sur ces légendes traditionnelles, mais ce minimalisme, loin de handicaper l’entreprise, lui confère une aura mystique. Les séquences sont parfaitement découpées, entre mélodies planantes et soudains aplatissements Heavy, et si le schéma se répète avec une régularité formelle, la redondance reste toujours en retrait.

Le groupe termine même son voyage par le percussif « 1987 », au rythme haché et à la guitare volubile, nous laissant sur un sentiment de complétion et d’énergie. Une belle œuvre proposée par les italiens donc, qui évite les pièges de la défonce sonore sans queue ni tête, et qui nous permet de  découvrir un pan de la culture locale italienne. De quoi aller se perdre dans les montages pour y rencontrer des créatures qui ont beaucoup de choses à nous apprendre.        

 

                                                                                                                                                                                                       

Titres de l’album:

01. Cancervo

02. Averara

03. Aralalta

04. Darco

05. SWLABR

06. 1987


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par mortne2001 le 22/05/2022 à 15:01
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