Avec une pochette pareille, on est en droit de s’attendre à un truc un peu Indie sur les bords, genre Pop lo-fi truffée de références à la culture bis américaine des années 80, les college radios, le minimalisme des années 2000, un mélange entre TORTOISE et Lana DEL REY. Le mec en polo blanc bien repassé, la belle montre en avant-plan, la symbolique un peu ésotérique pour attirer les fans de la Kabbale, le background automnal, avec en cadeau bonus cryptique, un nom qui évoque les adorateurs de la lune et les amateurs d’horoscope dans les pages des magazines féminins. Depuis que la culture mainstream s’est approprié les codes les plus underground, on peut s‘attendre à tout de sa part, mais une fois n’est pas coutume, c’est l’inverse qui s’est produit, et l’underground qui a chapardé aux maîtres graphistes leur art du contrepied. Et c’est même de France que viennent ces musiciens qui cachent bien leur jeu, malgré la longueur de l’unique piste qu’ils présentent. Fondé je-ne-sais-quand par je-ne-sais-qui, déjà sorti l’année dernière à compte d’auteur et repris en 2020 par Hypnotic Dirge Records, 13 Fullmoon Nights of Loneliness, première œuvre format moyen des MOONWORSHIPPER, est une preuve de professionnalisme hautement perfectible, mais terriblement attachante. Agencé comme une unique litanie, mais décomposé en plusieurs chapitres d’humeurs différentes, cet EP est de ceux qu’on écoute et dont on se souvient. Mais par pitié, avant de vous l’injecter, ne lisez pas les différentes bios proposées par le groupe. Sinon, vous serez persuadés à tort d’écouter de l’ :
ULTRAVIOLENT
SUICIDAL
DOOM
BLACK
METAL
Hors, si certaines des composantes employées ci-dessus font en effet partie intégrante du résultat final, MOONWORSHIPPER est tout sauf un groupe de DSBM lambda, arcbouté sur ses obsessions maladives, et frappant une unique corde pour en tirer un riff répétitif et souffreteux sur fond de hurlements à la SHINING. Mais on peut prendre cette auto-catégorisation comme un pied de nez, à l’image de cette pochette qui ne révèle en rien ce qu’elle cache. Et Noémy, de Solstice Promotion, qui prendre en charge la nouvelle réédition 2021 de cet EP nous envoie elle sur des chemins beaucoup plus complexes, parlant de Pop, de Jazz, de Trip-Hop, de BO, et même d’avant-gardisme. Et si l’attachée de presse exagère aussi dans l’énumération, elle est plus proche de la vérité que le groupe lui-même. Et en définitive, et heureusement serais-je tenté de dire, la musique émanant de 13 Fullmoon Nights of Loneliness est beaucoup plus obscure que n’importe quelle description, tout en évitant le piège ténébreux de l’avant-garde libre.
MOONWORSHIPPER ne donne donc pas dans l’avant-garde, mais reste libre dans ses options. En choisissant de mixer le Doom le plus funèbre mais allégé de ses turpitudes de souffrance, le Black Metal par à-coups, la Dream Pop versant abordable et légèrement lo-fi, le quatuor ose donc un agencement pour le moins culotté, et nous présente un visage séduisant. Et le voyage sous la lune que le groupe propose n’en est que plus charmant, même pour ceux qui ne sont pas nyctalopes et qui se heurtent aux branches. Je parlais d’une piste unique découpée en plusieurs chapitres et plusieurs ambiances, et c’est exactement ce qui vous attend tout au long de ces vingt-quatre minutes. Passant d’une violence Doom à une virulente charge BM, pour mieux imposer la lenteur et le charme d’une Pop éthérée et - il est vrai - subtilement jazzy, MOONWORSHIPPER joue à cache-cache avec nos nerfs, et ose une nuit un peu différente.
Mais là encore, comme il convient de ne pas vous laisser leurrer par cette pochette ou ce style lâché par provocation, ne vous laissez pas duper par la première partie de l’EP. L’entame, grossière et mal agencée, donne le sentiment d’écouter un très mauvais groupe de Doom/Black, avec cette voix féminine mal employée, et cette alternance un peu gauche. Le reste est heureusement beaucoup plus singulier et personnel, et surtout, mieux équilibré, et la longue piste s’achève même dans une mélancolie Pop/Doom particulièrement séduisante. Le groupe est d’ailleurs beaucoup plus convaincant lorsqu’il s’éloigne des schémas brutaux les plus lénifiants, d’autant que la production ne met pas vraiment en valeur la lourdeur et la puissance. Les passages les plus éthérés, et les moins connectés au Metal sont donc les plus convaincants, et j’espère sincèrement que l’emphase sera mise dessus à l’avenir. Car en tant que groupe de DSBM, MOONWORSHIPPER n’est pas très crédible, encore trop tendre et convenu, et six pieds sous terre sous les références les plus nobles du genre.
Mais en apprenant que 13 Fullmoon Nights of Loneliness n’est que la première partie d’une trilogie conceptuelle, nous pouvons nous attendre à pas mal de surprises. Bonnes si possible.
Titres de l’album:
01. 13 Fullmoon Nights of Loneliness
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