Il y a des noms comme ça, qui vous évoquent forcément quelque chose…Celui d’HARTMANN ne peut donc pas vous être inconnu si vous êtes fan de Hard-Rock et de Heavy Metal, sous leurs aspect les plus traditionnels. Car HARTMANN, c’est Oliver Hartmann, l’un des musiciens allemands les plus respectés de sa génération, et pour cause, eu égard à un palmarès impressionnant. On retrouve son nom et son talent derrière les AT VANCE, avec lesquels il a accumulé les succès jusqu’aux années 2000, mais on retrouve aussi sa patte sur la discographie des immanquables AVANTASIA, l’un des plus gros projets internationaux de ces dernières années. Le musicien aurait pu s’arrêter là, convaincu du travail exemplaire accompli, mais c’eut été sans compter sur sa boulimie de travail qui l’a vu rejoindre le concept ROCK MEETS CLASSIC, mais aussi le cover band de PINK FLOYD allemand, ECHOES. Et comme si tout ce travail n’était pas suffisant à ses yeux, le chanteur/guitariste a aussi trouvé le moyen de lancer à l’orée des années 2000 un projet sous son propre nom… HARTMANN a donc entamé les hostilités discographiques en 2005 avec la parution de son premier long, Out in the Cold, signe du départ d‘une des carrières les plus stables de l’industrie musicale allemande, rapidement suivi d’autres chapitres, dont Home, Balance, ou la compilation The Best is Yet to Come en 2013. En 2018, Hands On The Wheel fut le dernier témoignage du groupe, et c’est par la petite porte qu’il revient aujourd’hui, avec un nouvel album qui n’en est pas vraiment un, au format en triptyque un peu bâtard. 15 Pearls And Gems est donc comme son titre l’indique une sorte de cadeau à l’intention des fans, non un simple résumé des années parcourues (The Best is Yet to Come est là pour ça), mais plutôt un collage des différents visages du groupe, avec un découpage en trois parties inégales, mais d’intérêt pour ceux qui suivent la carrière de l’allemand depuis le début.
Les trois segments de ce nouvel album sont donc constitués de cinq inédits (ou presque dans un cas), de cinq reprises diverses et variées, et de cinq titres live, ce qui permet d’apprécier les différentes facettes d’un groupe qui aime tout autant s’amuser que consolider sa fanbase. Coproduit par le compère Sascha Paeth (AVANTASIA, BEYOND THE BLACK, KAMELOT), 15 Pearls And Gems célèbre donc plus ou moins les quinze ans de carrière du groupe, avec une splendide édition digipack à venir, mais doit s’appréhender comme un cadeau d’Oliver à son public, et comme une curiosité pour les autres. Il en est une assurément, avec son format étrange et hybride, mais malgré ce qui pourrait passer pour un handicap, il n’en reste pas moins une entrée originale dans la carrière du groupe, permettant de distinguer ses différents visages. Admettons-le immédiatement, ce qui n’est d’ailleurs pas forcément bon, les inédits ne représentent pas l’intérêt majeur de cette réalisation. Alors qu’en général les compositions sont censées faire la force d’un album « sampler », elles ne sont ici que des intermèdes en attendant le plus consistant, malgré quelques bonnes tentatives. Mais autant être franc, les quatre morceaux sentent un peu le réchauffé d’une carrière déjà bien remplie, et sentent le brûlé de leftovers qui n’auraient pas forcément du finir sur un album officiel. Reconnaissons-leur au moins le mérite de proposer un panaché des styles abordés par le groupe depuis le début de sa carrière, avec en ouverture, une vraie bonne surprise avec « Can't Stop This Train », sorte d’archétype de Heavy à l’allemande joué comme du Hard-Rock américain. Vrai bon morceau qui rappelle d’ailleurs Rick Springfield mais aussi BONFIRE, CINDERELLA, c’est une entrée en matière très travaillée qui permet d’apporter une fraîcheur indéniable à cette fausse compilation. De là, il y en a pour tous les goûts, avec du gros Hard qui fait bouger les meubles (« Walking On A Thin Line »), une ballade assez emphatique qui rappelle que les germains ont été les premiers à comprendre leur importance sur le marché (« How Does It Feel », très jolie blue-song qui n’aurait pas dépareillé au catalogue de SCORPIONS ou AXEL RUDI PELL), un gros Heavy qui ne tâche pas mais qui assume complètement ses racines bluesy à la WHITESNAKE/DEEP PURPLE/DIO (« You Will Make It »), et une nouvelle version d’un classique du répertoire du groupe, « Glow », s’offrant un remix 2020 ne présentant pas un intérêt majeur.
Les reprises sont généralement les friandises les plus appréciées de ce genre de pot-pourri, qui ne l’est pas vraiment d’ailleurs, et les fans et curieux de se jeter immédiatement sur l’appropriation incongrue de la scie radiophonique « When The Rain Begins To Fall » du tandem Jackson/Zadora, qui fit les beaux jours du Top 50, moins celle des amateurs de cinéma de qualité. Entonnée avec l’aide vocale de la flamboyante Ina Morgan, sœur d’arme des rangs AVANTASIA, l’appropriation respecte le format Pop de l’originale, en abusant de claviers ludiques, mais sans oublier de corser le tout d’une distorsion bienvenue. Le résultat est donc à la hauteur des classiques Pop repris Hard par l’industrie d’outre-Rhin, ne manque pas d’entrain, et reste un plaisir sucré un peu corsé parfaitement délicieux. Autre surprise, le « Street Cafe » des australiens d’ICEHOUSE, classique de l’Electro-Pop australe de l’orée des années 80, lâchée en 1982 et trouve ici un éclairage beaucoup moins exposé aux néons et plus dans le clair-obscur d’un WHITESNAKE de 1987. Pas moins heureuse, la relecture du « Uninvited » d’Alanis MORISSETTE se voit transfigurée d’une grandiloquence toute en émotion et parcimonie de claviers, et reste la vraie surprise de ce chapitre de reprises, comme si elle sortait d’un cover album d’AVANTASIA. Belle réussite que cette adaptation, qui prend aux tripes et qui développe de belles nuances. Pour conclure, « I Go To Extremes » reste fidèle à son modèle, se veut évidemment plus amplifiée, mais n’apporte pas grand-chose à l’original.
Le tome live permet d’apprécier des classiques du répertoire du groupe dans des conditions optimales, et le groupe lâche les watts et le groove, sonnant presque comme en studio, avec toutefois un regain d’énergie très ZEP sur « The Sun's Still Rising ». Ces quelques morceaux sont aussi l’occasion de retrouver les amis Tobias Sammet & Sascha Paeth, venus très logiquement apporter leur soutien sur « Brothers ». « Out In The Cold » permet de renouer avec les premières années de HARTMANN, et on retrouve avec délice ce mélange de mélodies et de puissance allemande, qui avec les années a appris de la délicatesse précieuse du Hard US des années 80. 15 Pearls And Gems n’est donc pas un album qui permettra au néophyte de pénétrer les arcanes de HARTMANN, mais un joli cadeau adressé aux fans qui ne manqueront pas de remercier leur groupe fétiche pour ça.
Titres de l’album :
01. Can't Stop This Train
02. Walking On A Thin Line
03. How Does It Feel
04. You Will Make It
05. Glow (remix version 2020)
06. When The Rain Begins To Fall (ft. Ina Morgan)
07. Street Cafe
08. I Go To Extremes
09. Uninvited
10. Fire And Water
11. The Sun's Still Rising (live)
12. What If I (live)
13. Don't Give Up Your Dream (live)
14. Brothers (live - ft. Tobias Sammet & Sascha Paeth)
15. Out In The Cold (live)
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