Un tel anniversaire se fête en grandes pompes. Quarante ans de présence discographie n’est pas exploit donné à tout le monde, mais les japonais ont toujours affiché une fidélité sans bornes, et une stabilité que bien d’autres musiciens peuvent leur envier. Ainsi, EARTHSHAKER, contemporain des LOUDNESS, ACTION, ANTHEM et autres X-RAY célèbre donc son âge avancé avec un nouvel album très spécial, puisqu’il présente le line-up le plus proche des débuts du groupe. Et cinq ans après The Story Goes On, l’histoire continue encore pour le plus grand bonheur des fans qui sont restés accrochés aux basques de leurs héros comme des canetons à leur mère.
EARTHSHAKER, c’est une œuvre pléthorique. Pas moins de vingt-quatre albums studio, des compilations, des EP’s, vidéos, live, pour un parcours extraordinaire, et l’un des plus impressionnants du pays du soleil levant. Toujours attachés à une éthique Metal qui les caractérise depuis leurs débuts, les originaires d’Osaka se montrent presque aussi frais qu’en 1983, lorsque leur éponyme début avait déboulé sur le marché japonais. Les années 80 ont d’ailleurs été leur terrain de jeu favori, leur musique à cheval entre le Hard-Rock à tendance Heavy de LOUDNESS et le Glam léger d’X-JAPAN ou ACTION s’accommodant fort bien des attentes amplifiées de l’époque.
Mais nous ne sommes plus en 1983, et du statut d’espoir de la scène, EARTHSHAKER est passé à celui de légende vivante. Partie du patrimoine national depuis longtemps, le quintet n’a plus rien à prouver depuis des lustres, mais continue de se faire plaisir en enregistrant des albums classiques, chantés en japonais et en anglais. Et une fois encore, avec ce 40 qui scelle les noces d’émeraude avec son public, le groupe se montre solide et toujours aussi amoureux d’un Hard-Rock efficace, reposant sur le contraste entre puissance et nuance.
Néanmoins, on ne mentira pas en affirmant que le quintet n’a plus vraiment la superbe de sa jeunesse. Ses albums, aussi juteux soient-ils n’ont pas la flamboyance d’un Aftershock ou d’un Passion, mais restent dans une excellente moyenne de Metal passéiste et agrémenté d’arrangements plus modernes, pour rester dans le coup. Mais alors, écouter EARTHSHAKER en 2023, c’est bath ou pas ?
Tout dépend du sens que vous donnez à cette expression.
Masafumi Nishida « Marcy » (chant), Shinichiro Ishihara « Shara » (guitare), Takayuki Kai « Kai » (basse), Kudo « KUDO » Yoshihiro (batterie) et Nagakawa « Toshi » Toshiro (claviers) nous proposent avec ces dix nouveaux morceaux un compromis en synthèse de leur dix ou quinze dernières années d’activité, en convergence de l’agressivité et de la tendresse. Toujours aussi verts techniquement, les musiciens jouent donc sans se préoccuper d’autre chose que leur propre bonheur, et celui qu’ils procurent à leur public. Assez soft, ce nouvel album est donc un gâteau d’anniversaire très sucré, qui mangé d’une traite peut éventuellement donner le diabète. Un abus de « 点と線 », qui ressemble à s’y méprendre aux bluettes catholiques du STRYPER de To Hell With the Devil est en effet assez chargé en glucose, mais le reste du répertoire propose aussi des bouchées moins roboratives. Le meilleur des mondes donc, pour un longue-durée honnête, mais très loin des hauts faits d’armes du groupe.
Désirant certainement ouvrir leurs cadeaux avec le sourire, les EARTHSHAKER ont donc dressé une jolie table pour leurs convives, confortablement installés. Mais nous ne sommes pas les spectateurs d’une émission spéciale d’« Un diner presque parfait », et nous n’avons pas à noter la présentation ni l’accueil. Non, nous sommes là pour vérifier que la foi est intacte, et que le programme est adapté aux attentes élevées. Après tout, quatre décennies de production ne se fêtent pas avec un cake acheté chez Aldi, et il était possible d’espérer autre chose que ce Hard-Rock certes gouteux, mais un peu douteux au niveau de la date limite de consommation.
Plus de puissance n’aurait guère nuit à l’ambiance, et « Our Glory Days » le prouve à son insu. La rythmique est un peu poussive, la distorsion bien trop sage, le chant linéaire, et l’inspiration en berne. Nous sommes très loin des débuts explosifs, et 40 aurait pu miser sur plus de présence que d’aisance.
En comparant 40 au Road d’ALICE COOPER, les différences sautent aux yeux. Alors qu’Alice accuse une bonne décennie de vieillesse supplémentaire, il n’en a pas moins gardé son âme d’adolescent de Detroit, et reste capable de transcender le Hard-Rock pour lui faire épouser les contours d’un décor moderne. Ici, le road-trip est plutôt mou du genou, et lasse plus qu’il ne casse.
Il reste certes des morceaux plus engagés physiquement, mais l’excès de mid tempi et de modération les cache au fond des coffres, d’autant que la production ne fait pas grand-chose pour les mettre en valeur. Ainsi, « 永遠に消えぬ約束 » aurait pu faire couler la sueur et twister ta petite sœur, mais le manque de dynamique pèse lourd dans la balance, et le côté trop propre de l’affaire n’est pas vraiment favorable à un headbanging de passionné.
Alors, on prend ce qu’on peut, et pas ce qu’on veut. Sans être un désastre complet, ce nouvel album n’est pas non plus une grande réussite, et seuls les soli du toujours magique Shinichiro Ishihara sauvent certaines chansons de l’assoupissement précoce.
Quitte à se montrer allusif à son passé, EARTHSHAKER aurait pu privilégier ses moments les plus puissants, et ne pas nous assommer d’une ballade aussi niaise que « Angel ». Mièvre, un peu pataud, 40 semble accuser le poids des années, et laisse trop de place au sentimentalisme à l’eau de rose (« Song Of Love », final trop tendre, mais qui résume bien la cérémonie).
Mais montrons-nous magnanimes, et laissons les japonais célébrer ce regard en arrière sans trop les accabler. Espérons simplement que les dix années à venir ne soient pas placées sous le même signe de la vieillesse ennemie.
Titres de l’album:
01. 儚き夢よ
02. Hey! Mr. Joker
03. It’s Showtime
04. 旅路の果てまで
05. 点と線
06. Our Glory Days
07. 永遠に消えぬ約束
08. Angel
09. 傷跡
10. Song Of Love
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