Question : qu’est ce qui ressemble encore plus à un album de Thrash allemand des années 80 qu’un tribute band de DESTRUCTION ? Réponse : un album des brésiliens de DEATHGEIST qui ont au moins le mérite d’admettre leurs influences. Etrange d’ailleurs que ces lusophones aient privilégié l’optique carrée et propre germaine puisque d’ordinaire, ils excellent dans le bestial qui tâche, genre qu’ils ont pratiquement inventé à eux-seuls. Bref. Fondé en 2017 à Sao Paulo, ce quatuor aux références affichées comme un patch dans le dos d’une veste en jean déchirée (Adriano Perfetto - guitare/chant, Victor Regep - guitare, Mauricio Bertoni - basse et Goro - batterie) a déjà publié un premier longue durée éponyme en 2017, qui leur a permis d’acquérir une petite réputation dans l’underground. Jouant très sincèrement et modestement la carte de la nostalgie, ce combo sympathique se place donc en plein dans le creux de la vague vintage actuelle, en secouant les bas-fonds plutôt que les vagues de surface. Inutile de le nier, en écoutant ce très sobrement baptisé 666, vous aurez l’impression d’écouter les premiers albums de la bande à Schmier joués à la façon de Release From Agony, sans cette approche Techno-Thrash qui caractérisait ce chef d’oeuvre. Non que l’ensemble soit désagréable puisque tel n’est pas le cas, mais autant jouer la franchise et avouer que vous n’aurez aucun mal à anticiper les plans des morceaux tant ceux-ci prennent un malin plaisir à reproduire quasiment à l’identique les attaques allemandes des années 80, avec autant d’application qu’un rouquin lisant les partitions de Dave Mustaine.
De deux choses l’une. Ou cette chronique s’arrête là puisque j’ai déjà dit tout ce qui pouvait vous être utile sans écouter l’album, ou je choisis de gloser un peu pour combler les blancs. En fouillant un peu, on peut évidemment trouver d’autres similitudes moins flagrantes (un ASSASSIN en rupture de contrat, les débuts de DEATHROW en plus calme, de faux airs Bay Area planqués dans les mélodies), on peut aussi admettre que la production très propre permet d’apprécier les rares fioritures qui traînent (quelques mélodies caractéristiques de la NWOBHM, des breaks légèrement moins téléphonés que la moyenne), mais en restant honnête, il est impossible de différencier ce 666 de la masse discographique pléthorique de l’époque, en situant l’œuvre dans une moyenne anecdotique, et ce grâce à quelques riffs bien plaqués. Le défaut principal de cette réalisation, outre son manque de culot et d’ambition se cache dans le manque total de changement de tempo, tous les morceaux restant calés sur le même nombre de BPM. On se croirait revenu en pleine déferlante Thrash de 1987/1988, lorsque tous les musiciens allemands, américains, anglais ou brésiliens se convertissaient au culte de la basket et du short effrangé, et que n’importe quelle assemblée pouvait sonner plus violente que la moyenne. L’inconvénient majeure étant que cette attitude polluait déjà les bacs à l’époque, et que la mode étant cyclique, on se retrouve à faire le même constat, même si rien de formel ne peut être reproché à ces gentils brésiliens.
Mais objectivement, qui a vraiment besoin d’une relecture des premiers méfaits de DESTRUCTION lorsqu’on peut s’enivrer des originaux ? Car ici, tout est fait pour en recréer l’ambiance, des guitares aiguisées comme des rasoirs Gilette en passant par le rythme inamovible, sans oublier les intonations sardoniques d’Adriano Perfetto qui singe à la perfection le timbre de son illustre et grand modèle. Et les titres passent, à une vitesse raisonnable, proposant les mêmes cassures au même endroit, cavalant de la même façon, offrant parfois quelques chœurs non surprenants, mais plutôt plaisants, alors que la basse tente quelques timides facéties (« Returning to Sodom », que le SODOM le plus fatigué n’aurait jamais osé d’ailleurs). La demi-heure est donc plutôt rapide, même si la redite permanente la handicape un peu, mais 666 ne laisse pas vraiment un souvenir impérissable, même après plusieurs écoutes, diffusant plutôt un parfum d’anonymat qui plane dans l’air et qui ne peut que desservir le groupe à moyen et long terme. Et puisque je vous aime beaucoup, et malgré le fait que je déteste raconter la fin d’un film à quelqu’un qui n’en a pas encore vu le début, dites-vous qu’une fois « 666 » ingurgité, vous aurez déjà écouté tout le reste sans le savoir, tant toutes les pistes sont calquées sur cette entame. Alors, une intro classique, un allant qui ne se dément pas, un son correct, et une pochette savoureuse, bien sûr, et deux ou trois morceaux qu’on peut à la rigueur réécouter plus tard pour leur surplus d’énergie (« The Man Who was Death »), mais rien qui ne viendra sauver les DEATHGEIST du marasme de normalité et de banalité dans lequel ils se sont plongés eux-mêmes.
Dommage, mais les copies carbone vraiment trop carbone n’échappent pas à la taxe carbone de la critique qui cartonne. Il faudra la prochaine fois faire plus d’efforts pour s’affranchir de ses mentors.
Titres de l’album :
1.Darkness Around
2.666
3.Domain
4.Human Slaughter
5.Black Moon Rites
6.Creepshow
7.Virtual Murder
8.Returning to Sodom
9.The Man Who was Death
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