Heavy Rock band stuck in the 80’s.
Cette accroche peut décrire à peu près quatre-vingt pour cent de la production actuelle, et ne donne guère d’indication précise autant à la qualité du groupe en question. Il semblerait que les artistes ressentent comme un retour de flamme, dans le meilleur des cas, ou une possibilité de se faire remarquer à moindre coût, dans le pire. La nostalgie a toujours fait vendre, et la mode étant cyclique, les options se resserrent, et le résultat est souvent aussi prévisible qu’une page météo en novembre.
Mais ajoutons du piquant à cette brève présentation.
COBRA SPELL est un all-female-band. Ce qui est chose encore assez rare pour être souligné. Les musiciennes viennent des Pays-Bas, ce qui n’est pas chose courante non plus. Elles maîtrisent leur instrument, nous proposent une pochette haute en couleur, un look aguicheur, une attitude rebelle et un décorum sympathique. Voilà qui aiguisera le plus morne des appétits, d’autant que ces arguments ne sont pas les plus persuasifs pour dire du bien de cet introductif 666.
Vu de l’extérieur, les COBRA SPELL ressemblent à tous les groupes coincés dans les années 80. Cuir, chaînes, lance de démon, faciès grimaçant, longs cheveux de diverses textures et couleurs, fumée jaunie par les spots, les poncifs sont tous là, et pourtant, cette image promotionnelle fonctionne. Pas à cause du physique des demoiselles, dont on se fout comme de l’an 40 après Ronnie James DIO, mais au jugé d’une passion qui transpire des regards. Oui, c’est assez difficile à voir pour qui sera déconcentré par ces vêtements affriolants, mais évident pour ceux qui se concentreront sur le propos artistique.
De fait, Hale Naphtha (batterie), Sonia Anubis (guitare/synthés), Noelle dos Anjos (guitare), Kristina Vega (chant) et Roxy Herrera (basse) prennent leur inspiration et leur respiration dans les années 80. Mais quelles années 80 ? Celles des GIRLSCHOOL ? Celles de VIXEN ? De MEANSTREAK, de PHANTOM BLUE ? ENVY, Ann Boleyn ? Un peu tout ça à la fois, avec en glaçage d’un énorme gâteau cette souplesse typiquement scandinave des années 2010, qui croque sous les dents d’une production Pop assumée. Alors, oui, Hard, Heavy, j’en conviens, mais aussi beaucoup plus que ça, et surtout, pas l’approche beauf avec tous les clichés poilus possibles.
Pas Synth-Pop pour deux sous, mais pas non plus attaché aux chaînes Heavy Metal les plus rouillées, 666 est un pacte signé avec le démon pour séduire le plus de monde possible. Et les fans de Hard efficace et catchy, les accros au Heavy souple et radiophonique, et les amoureux de belles mélodies boostées par une puissance purement Rock fondront à l’écoute de ces douze morceaux, soupesés, calibrés, et produits de main de maître par Alejandro Gabasa Barcoj, qui a tout à fait compris la démarche du quintet.
Tout ceci vous semble abscons, difficile à appréhender ? Alors, une seule chose à faire. Salez bien « Love = Love », le tube de cet album qui en contient quelques-uns, et avalez le d’une traite. Il va couler sur votre gorge, grâce à un habile jeu de son peaufiné et poncé aux entournures et de saxo qui s’époumone sur un refrain irrésistible. La recette est connue, mais fonctionne ici à plein régime, conférant à ce premier album une incroyable maturité Rock.
A la manière du RAVEN des années Atlantic, les COBRA SPELL mettent leur énergie au service d’un Metal synthétique, sympathique, et énergique. Tout est d’ailleurs très bien expliqué sur l’introductif « S.E.X. », manifeste provoc pour musiciennes sures de leur fait et de leur talent de compositrices. Alors qu’il eut été presque normal de s’attendre à du gras du bide incapable de bouger sans faire tomber de la couenne sur le parquet, 666 joue la variété, le velours, les caresses qui se transforment en coup de poing, et le jeu de jambes qui affole avant de vous revenir dans la tronche.
Loin de strip-girls pour libidineux quinquagénaires excités par la vue d’une cheville enchaînée, ces cinq héroïnes d’une BD pour les oreilles nous flattent d’une sensualité mélodique irrésistible (« Satan Is a Woman », on veut bien les croire), de quelques gags en transition (« Hotline 666 », appelle les démons et sort ta carte bleue pour t’encanailler un peu), et nous rallient à leur cause par un habile jeu de glissades mélodiques, entre deux riffs qui rappellent tout autant l’attitude Teen Pop des GO-GO’S que les roucoulades amplifiées de Lee Aaron et Lita Ford. On pourrait même, avec un peu d’imagination, considérer les COBRA SPELL comme les RUNAWAYS de ce siècle, tant leurs chansons sont taillées sur mesure pour fendre les armures (« Bad Girl Crew »).
De fil en aiguille, et sans m’en rendre forcément compte, j’ai joué cet album deux fois, puis trois, non par professionnalisme, mais par pur plaisir égoïste. Même en ayant connu le quintet à l’occasion de ses deux premiers EP’s, j’ai été conquis et surpris par la qualité constante de ce 666 pas si blasphématoire que ça.
Loin des sillons, je pense que le diable s’est chargé de la promotion, après avoir saupoudré l’album d’un soupçon de magie pour conquérir le public le plus vaste possible.
Un disque effectivement coincé dans les années 80, mais qui pourrait s’en échapper sans problèmes. A moins que le pacte signé avec le Malin ne mentionne dans ses petits caractères un asservissement éternel. Mais vendre son âme aux COBRA SPELL est un prix que je suis prêt à payer. D’autant que l’âme en question est déjà salement noircie et abimée.
Titres de l’album:
01. 666
02. S.E.X.
03. Satan Is a Woman
04. Hotline 666
05. Bad Girl Crew
06. The Devil Inside of Me
07. Fly Away
08. Love = Love
09. Love Crime
10. Warrior from Hell
11. You’re a Cheater
12. High on Love
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