On ne peut trouver album au titre plus approprié. Voilà donc sept ans de silence que les poitevins de THE PHANTOM CARRIAGE rompent en sortant enfin leur tant attendu troisième album, sept ans après le monstrueux Falls, que 2013 se rappelle encore en échos bruyants et en attaques cathartiques. Alors que tout le monde se posait la question de l’existence même du groupe, le quintet brise donc ce hiatus interminable pour nous offrir le troisième tome de ses aventures, encore une fois parrainées par Throatruiner Records, comme à la grande époque de la percée initiale New Thing. Pour autant, et aussi appréciable soit la nouvelle, les musiciens ont-ils encore quelque chose à dire ? Du neuf avec du vieux, de l’inédit, quelque chose de surprenant, de l’instable, de l’irritant, de l’assourdissant ? Les réponses à ces multiples questions qui n’en font qu’une sont deux et indissociables, oui et non. Oui, le groupe a quelque chose à dire, mais pas vraiment différent de tout ce qu’il a hurlé jusqu’à présent. La colère ne s’est pas calmée, les influences n’ont pas changé, mais la musique est toujours aussi agréable à écouter, aussi abrasive soit-elle. Pour les néophytes en la matière, THE PHANTOM CARRIAGE date de la fin des années 2000, et fut formé par d’anciens TACITURN, dont on trouvait des traces patentes dans l’œuvre au début de l’aventure. Déjà hébergés à l’époque par la même maison de disques française qu’aujourd’hui, les originaires de Poitiers proposaient un gigantesque Crossover reposant sur des bases Hardcore et Black, pondant ainsi une sorte de Blackened Hardcore inventif, méchant, sale et dérangeant. Les choses n’avaient pas vraiment évolué en 2013 lorsque Falls heurta le marché, mis à part un éloignement patent de leur ancien groupe, pour se forger une nouvelle identité. Et alors que nous étions nombreux à croire en 2015, puis 2016, puis 2017 que le groupe allait enfin achever sa trilogie…rien. Juste le vide, le silence absolu, jusqu’à cette morne année 2020, parfait décor pour un combo qui ne laisse que des ruines sur son sillage.
Enregistré et mixé au The Apiary de Laval par Amaury Sauvé (PLEBEIAN GRANDSTAND, NECRODANCER, DEATH ENGINE), masterisé au Deviant Lab de Cenon-sur-Vienne par Thibault Chaumont (BIRDS IN ROW, MOURIR, IGORRR), 7-Year Epilogue va plus loin que ses deux frères aînés, sans contredire leurs enseignements, et insuffle un peu plus de mélodie au chaos ambiant. On retrouve évidemment les tendances multiples piochant sans vergogne dans le répertoire du BM des origines et du Hardcore le plus venimeux, et l’association entre PRIMITIVE MAN, NAILS, COMITY, DEATHSPELL OMEGA est encore valide, même si certains breaks, certaines coupures en appellent au Metalcore plus immédiat, et plus fédérateur. Mais n’ayez crainte, le quintet (Thieu - chant, Max et Antoine - guitares, Renaud - basse, et Simon - batterie) n’a pas cédé aux sirènes du populisme et garde son intégrité bordélique sous le coude, tassant juste ce qui dépasse pour resserrer les rangs et oser un album qui suit une ligne de conduite logique et continue. On pourra se plaindre de la durée restreinte de l’album, qui n’atteint même pas les quarante minutes, mais au vu de l’énergie déployée, il était dispensable d’aller plus loin juste pour meubler et s’excuser implicitement de ces années d’absence. On pourra aussi être surpris de ces interventions plus harmoniques que la moyenne, comme sur « Old Tales, New Thoughts », qui supporte de nouvelles théories mélodiques sur d’anciennes philosophies bruitistes, mais le gang poitevin n’a pas perdu son ADN en route, et nous assomme encore d’accélérations fulgurantes héritées du Black Metal le plus impitoyable.
« Free At Least » donne le ton, et il est lourd, chargé, emphatique, presque Sludge, limite Doom, plombé, gris. Ce Hardcore joué Heavy rappelle les exactions de FETISH 69, celles d’ACID BATH, la vague Nola américaine la plus nauséeuse, mais cette ligne de basse ronde et ondulante, ces harmonies lacérées à la guitare nous ramènent à un passé pas si ancien, celui-là même du groupe, qu’on retrouve à la première embardée de cadence. Les blasts explosent enfin, et THE PHANTOM CARRIAGE se présente sous un jour classique, ultraviolent, mais familier. La voix, toujours prisonnière des forêts norvégiennes hurle tout son saoul, avant que le chant clair ne prenne le relais pour interrompre cet assaut sonique. On apprécie ou pas le mélange, la rupture, mais elle fonctionne, et en six minutes et quelques, le quintet rattrape le temps perdu sans vraiment innover. Plus de mélodies donc, et moins de place à la vilénie par extension, le mélange va-t-il plaire aux fans de la première heure ? Oui, car malgré ces concessions, la nature même du groupe n’a pas changé, cette envie de picorer tous les styles pour produire une œuvre personnelle, et faire son nid comme et où ça le chante. Les deux guitares refusent toujours autant de ses fixer sur des riffs identifiables, et préfèrent les dissonances, la gravité soudaine, et le feedback contrôlé. Emblématique de cette vague française de Hardcore métissé, THE PHANTOM CARRIAGE synthétise son parcours tout en ouvrant de nouvelles pistes, et si les constructions reposent sur un nombre limité de plans, l’attention est constante. « Every Second Holds A Life » pousse les BPM à leur paroxysme, et l’auditeur de sombrer dans les affres d’un BM plus vrai que nature, avant évidemment que les syncopes ne reprennent leurs droits, et l’affaire est quasiment pliée en deux morceaux.
Je sens déjà les esprits chagrins déplorer ces interventions calmes et systématiques, mais un groupe ne peut pas se contenter de faire du surplace, spécialement après sept ans de discrétion absolue. Globalement, sans réelle surprise, 7-Year Epilogue fait le job avec beaucoup de lucidité, revient au chaos lorsqu’il le faut, bénéficie d’un énorme mastering à la Brad Boatright, et offre une conclusion proche de NEUROSIS et d’HYPNO5E avec ce « One Last Time » multipliant les changements de tempo, télescopant les idées comme un FUGAZI englué dans son UNSANE, et nous laisse la bouche béante et les blessures ouvertes à nouveau, le sang coulant des oreilles plus noir qu’un ciel d’orage. Belles retrouvailles dans la douleur, en souhaitant que le mot épilogue du titre de ce troisième album ne soit pas une nouvelle prophétie sur un long silence à venir, qui pourrait celui-là être éternel.
Titres de l’album :
01. Free At Least
02. Every Second Holds A Life
03. A Tribute To Those Who Stand Still
04. Old Tales, New Thoughts
05. Deeper, Lower
06. The Fate
07. One Last Time
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