80’s Metal Band

S.d.i

31/01/2020

Mdd Records

Avec la vague old-school actuelle, il semblerait que l’honneur soit de mise. Un peu comme si certains groupes se devaient de préciser qu’ils étaient là avant les autres, qui ont suivi le train en marche. Ou alors ne faut-il voir qu’un clin d’œil dans le titre de cet album, qui célèbre le comeback d’un des groupes les plus anecdotiques mais sympathiques de la vague Speed/Thrash allemande. S.D.I, et son nom/sigle à la S.O.D, fit partie dans les années 80 de la troisième ligne germaine d’agression, derrière l’avant-garde des KREATOR, DESTRUCTION, SODOM et TANKARD, et la seconde ligne des DEATHROW, HOLY MOSES. Un groupe cool, qu’il était toujours agréable d’écouter, mais un peu trop passe-partout pour convaincre les masses thrashisantes. Une sorte d’équivalent des AT WAR et autres WARFARE, de ces combos qui deviennent cultes avec le temps, mais dont l’œuvre se limite à une réputation underground sur les sites spécialisés en curiosités d’époque. Un groupe sortant des albums sur de minuscules labels, qui attisent plus la curiosité que la révérence, ce que prouvent a posteriori des écoutes de Satan’s Defloration Incorporated, Sign of the Wicked ou Mistreated, lâchés entre 1986 et 1989. Ce dernier fut d’ailleurs l’ultime témoignage vinylique de la bande, qui se sépara deux ans après, et qui resta dans l’ombre pendant plus de trente ans…ou presque. Car S.D.I (dont les initiales sont supposées aujourd’hui signifier SEVERE DEAF INDIVIDUAL) s’est dans les faits reformé il y a cinq ans, autour de ses membres originaux ou presque Ralf Maunert (batteur) et Rainer Rage (guitariste), avant que Reinhard Kruse, le bassiste/chanteur ne se retrouve une fois de plus bien seul, mais toujours aussi décidé. C’est ainsi qu’il partit récupérer Christoph Olbrich, batteur les deux dernières années d’activité, et recruter Daniel Ha, petit nouveau à la guitare pour graver une nouvelle démo, Ballrun Demo 2017. C’est donc en toute logique que le trio renouvelé nous propose aujourd’hui le fruit professionnel de ses réflexions via un quatrième longue-durée que le fan le plus hardcore n’osait plus espérer…

Je ne tergiverserai pas, ni ne ferai durer un suspens qui n’a pas lieu d’être, le S.D.I version 2020 est encore plus anecdotique que le S.D.I des années 80. Si le premier album du groupe avait éveillé un intérêt poli chez moi (spécialement après avoir lu une des rares chroniques Thrash de l’ami Georges Amann dans Hard Rock magazine), de par son mélange sauvage de Thrash, Speed et Punk, les deux suivants n’avaient pas vraiment allumé le feu de la passion. J’avais d’ailleurs jeté une oreille très discrète à l’époque sur Mistreated, à la réputation mitigée, préférant me cantonner aux hits improbables du groupe, les « Quasimodo », « I Wanna Fuck Ya » et autres « Panic in Wehrmacht » de très bon goût. Aujourd’hui, 80’s Metal Band tente par tous les moyens de me convaincre de la pertinence d’une reformation et d’un retour sur le presque devant de la scène, mais ses arguments, loin de m’avoir convaincu, n’ont fait que me conforter dans l’idée qu’un trio de troisième catégorie a parfois de bonnes raisons de l’être, et encore plus de le rester. Sans tourner autour du pot, et malgré son titre, ce quatrième LP prouve que les meilleurs imitateurs sont parfois plus dignes d’intérêt que certains instigateurs, et que les POWER TRIP et autres CRIMSON SLAUGHTER sont plus à même de capturer l’ambiance des années 80 que ses principaux témoins. Non que ce LP soit foncièrement mauvais, il respecte même les critères de qualité de ses trois aînés, mais c’est justement ce qu’on peut lui reprocher. S.D.I ne nous offre donc rien de plus que ce qu’il nous a déjà plus ou moins donné il y a trente ans, et les chansons s’enchaînent dans la bonne humeur certes, mais sans vraiment chercher à déchaîner les passions.

Principal problème, la complaisance dans la composition. Les trois musiciens semblent en effet relâcher la pression à plusieurs reprises, tombant dans la parodie la plus triviale du Metal allemand à base d’approche rigolarde, de riffs faciles et de chœurs à la bière. En témoigne l’assez ridicule « (Let the) Ball Run », qu’on imagine entonné par une équipe de foot nationale de division d’honneur après une victoire arrachée à la dernière minute devant dix personnes. Riff convenu, atmosphère de fête du dimanche, passages rappés avec maladresse pour un résultat loin de convaincre. Même reproche envers le très vilain « Porno », susceptible de faire passer les pires exactions d’un RUNNING WILD bourré pour des inédits valables d’AC/DC. Mais commencer son approche par « 80’s Metal Band » n’était peut-être pas la meilleure des idées, un album de Thrash entamé par un mid tempo n’étant généralement pas porteur de garanties. Certes, le morceau dispose d’un gros riff bien redondant, mais gâché après quelques secondes par ces chœurs ignobles et ce chant pour le moins…linéaire. Outre ces compos qui laissent entendre que l’élastique du caleçon mérite sans doute d’être changé, le timbre de voix de Reinhard Kruse n’étant pas des plus persuasifs, l’homme singeant au hasard de l’inspiration des intonations dignes de CHRISTIAN DEATH ou des mythiques A.O.K. Et sans surprise, ce sont donc les titres dégageant le plus qui finissent par emporter l’adhésion, rappelant la fougue 80’s des allemands. « Freeride » au premier plan, qui n’est pas sans évoquer les magiques TANK de début de carrière, « Action », qui mérite sont titre avec son intro/plan de batterie digne de Phil Taylor (et son déroulé très MOTORHEAD), et évidemment l’hymne « Trash », et ses descentes de manche vicieuses à la Dave Mustaine.

Et avec quarante-quatre minutes au compteur et de nombreux moments d’égarement, 80’s Metal Band est évidemment beaucoup trop long. La blague s’avère parfois de très mauvais goût, comme si le trio avait préféré combler les vides avec du vide, et nous offrir l’un des pires morceaux de sa carrière (« Here and Now »). « Back Against the Wall » tente bien de remonter la pente en jouant la mélodie germaine, mais sa délicatesse est à revoir, plombée par ces foutus chœurs insupportables et ces harmonies lénifiantes sur fond de riff archi-usé et piqué à ACCEPT. Heureusement, « I Hate You », speedé à souhait nous réveille et nous ramène à la bonne époque de « Quasimodo », mais las, la montée d’adrénaline est encore stoppée avant le cœur par un accablant « Dead and Gone », avant de connaître un dernier sursaut via l’épilogue « She Said ». C’est donc un bilan plus que mitigé que l’on dresse de ce quatrième LP, et qui questionne sur la pertinence de ce retour inopiné. Avec un morceau sur deux valable, S.D.I a pêché par excès de facilité, et salit plus sa petite légende qu’il ne redore son blason. Et on se dit que parfois, ce qui s’est passé dans les années 80 aurait dû rester dans les années 80. Ce qui est malheureusement le cas ici…      

    

Titres de l’album :

                          1. 80’s Metal Band

                          2. Freeride

                          3. Porno

                          4. Action

                          5. Trash

                          6. Sneaky War

                          7. (Let the) Ball Run

                          8. Here and Now

                          9. Back Against the Wall

                          10. I Hate You

                          11. Dead and Gone

                          12. She Said

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par mortne2001 le 16/12/2021 à 17:36
55 %    662

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


grinder92
membre enregistré
16/12/2021, 18:04:29

Oh putain ! SDI ! Incroyable ce que j'ai trippé sur leur premier album, que j'ai usé jusqu'à la corde ! Bon et à l'écoute des 2 extraits, je vais reprendre la corde et l'user un peu plus... Par contre le son qui n'était déjà pas terrible à l'époque (surtout la basse et la grosse caisse en carton) s'est pas bonifié avec le temps...

Quasimodo, I wanna fuck you, Chainsaw massacre... si je ferme les yeux, j'ai 15 ans, une veste à patch, y'a pas de pandémie mondiale, il fait beau l'été et mon seul plaisir dans la vie est de faire chier le monde ! Je vais pas les rouvrir tout de suite alors...

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