Dix-huit ans de silence et vous êtes « vite » oublié. Peu importe ce que vous avez pu apporter à la scène, parfois, cette dernière fait la sourde oreille, trop occupée à révérer de nouvelles recrues jugées bien plus bankable que vous. C’est ça la reconnaissance les gars et rien d’autre. Cette amnésie partielle ou totale qui vous permet d’occulter tout ce qu’un artiste a pu apporter de novateur et vous faire avancer, coûte que coûte. Bon évidemment, lorsque vous en avez été le leader, et que vous revenez en tant que leader, le problème ne se pose pas, les lauriers reviennent d’eux-mêmes ceindre votre front. Mais lorsque le profil bas fut votre attitude maîtresse, en tant que beautiful loser magnifique, la tâche s’avère plus complexe. Pensez-donc, dix-huit ans de silence. Mais les IRON MONKEY ne pensaient certainement pas se voir dérouler le tapis rouge du Sludge lorsqu’ils ont plus ou moins annoncé leur retour, savamment orchestré par Relapse, coutumier du fait. Et pourtant si, parce que visiblement, pas grand monde n’a oublié des trucs comme Our Problem, le fameux dernier album publié en 1998, qui avait précédé de peu la tragédie. La perte de Johnny Morrow, le hurleur magnifique, décédé trois ans plus tard et plongeant le groupe dans le marasme, certain que cette fois-ci, la fin était sonnée, un peu trop prématurément. Et puis, avec tous ces fameux problèmes engendrés par des rapports tendus avec les biaisés Earache, l’optimisme n’était pas de mise. Mais peut-on résolument se permettre d’être optimiste lorsqu’on joue une musique pareille ?
Non. Sinon, on se met des fleurs dans les cheveux, on les permanente ou on les plaque façon mèche de Carl Grimes et on se raccroche pathétiquement au courant. Et se peigner est bien la dernière obsession des anglais, qui ont autre chose à faire à l’heure du thé.
Car ces jeunes (plus tant que ça finalement) sont british jusqu’au bout des riffs. En recrutant Scott Briggs (CHAOS U.K) au kit, la paire originelle Jim Rushby (guitare, et chant maintenant)/ Steve Watson (basse) a fait le bon choix de la frappe Punk engluée dans le marasme d’un Sludge qu’ils ont quand même contribué à inventer, à peu près à la même hauteur que les EYEHATEGOD, ACID BATH et autres CROWBAR, mais un degré en dessous. Pas un degré de haine ou de bruit hein ? Non, juste un degré d’influence et d’arrivée plus tardive. Mais pour ceux ayant connu l’horreur de Iron Monkey et Our Problem, 9-13 ne devrait pas représenter d’obstacle insurmontable, vu qu’il est à peu près aussi vilain que tout ce que feu Johnny Morrow pouvait vomir à l’époque avec les autres en arrière-plan. Et pourtant bien que toujours aussi lourd et compact, ce troisième album qu’on n’attendait plus en est presque joyeux dans sa méchanceté, et euphorique dans sa déprime. On y retrouve un trio qui n’en est pas vraiment un, très soudé, et surtout, regardant dans la même direction, vers le bas, vers la terre qu’on entasse par grandes pelletées sur le corps pourrissant de l’espoir qui se voit remisé comme simple garde-manger pour des asticots à l’estomac dans les talons. Mais pour un peu, en oubliant les passages les plus Heavy, on pourrait presque croire que les anglais sont devenus encore plus Punk et Hardcore que la plus noble de leur institution, et qu’ils ont décidé, en dix-huit années, d’alléger le ton pour se rapprocher d’un NOLA version égouts londoniens. Mais des égouts pas vraiment nettoyés et débarrassés de leurs cadavres et immondices divers. On garde quand même une certaine éthique nihiliste chez le trio, et on ne se débarrasse pas comme ça de ses bonnes/mauvaises habitudes. Alors…
Avouons-le, 9-13 est le genre de disque qui fait passer le dernier EYEHATEGOD pour une compilation de Blues à peine plus déprimante qu’une situation politique mondiale actuelle. Le son y est pourtant énorme, puissant, mais la distorsion est crade, vraiment, le chant est dégueulé comme un repas de Saint-Sylvestre beaucoup trop arrosé, mais ce qui frappe au prime abord, c’est ce choix d’abandonner le systématisme de rythmiques lourdes à la SABBATH/ST VITUS pour privilégier des tempi que les ACID BATH auraient pu piquer un soir de pleine lune rouge aux CARNIVORE. Scott Briggs a mis le paquet lui aussi, pour transformer ce retour en tempête de boue immonde qui vous gicle à la face et bouche votre tout-à-l’égout, et frappe, cogne alterne, brise et casse les lenteurs pour les catapulter d’une force tout à fait Punk, dans la plus grande tradition anglaise. Alors, on se perd en conjectures. Les IRON MONKEY sont-ils encore Sludge, ou autre chose, de plus Core, de beaucoup plus trash qu’à l’origine ? On s’en cogne, parce que ce troisième album qui n’aurait jamais dû voir le jour est une petite bombe de saleté et de crasse qui s’incruste sous les ongles comme le cambouis sur les mains d’un travailleur honnête. Voilà, l’image est bonne. Sauf que ces trois-là, et spécialement le duo ossature, n’ont jamais vraiment été honnêtes. Pas plus que leur ancien label, mais sous un point de vue artistique dans leur cas. Pas forcément francs, mais généreux. Car la fournée de riffs qu’ils jettent en pâture est assez impressionnante en soi, comme s’ils voulaient rendre la monnaie des pièces qu’on ne leur a pas données depuis ces dix-huit années. Rushby s’est senti pousser des ailes sous son psoriasis vocal, et riffe comme un malade, comme si sa misérable existence en dépendait, et de fait, transforme ce troisième essai en adaptation Stoner de standards Sludgecore. Si les malandrins n’étaient pas si vilains, on pourrait presque parler de progressif, appellation qui a n’en point douter leur refilerait des boutons. Mais même la gueule ravagée par l’acné, rien ne les empêcherait de nous écraser la tronche via les parpaings rythmiques que sont « Destroyer » et « Mortarhex », qui font sans doute partie de la culture la plus violente de leur patrimoine. On s’attend même parfois à sentir le truc partir en vrille, tâtant du Grind juste histoire de rejoindre celle de Birmingham, mais non, la tension reste tendue comme un anus avant un lavement, et l’ultime déjection ne s’expulse jamais, malgré des accointances sévères avec un Thrashcore perverti et délétère. Bon, tout ça fait mal, mais est-ce un bien pour autant ?
Pas pour la santé mentale, c’est clair. Avec un entretien pareil passé devant un spécialiste intègre, la bande finirait sans doute dans une cellule capitonnée, avec pour seule compagne leur propre folie. Cette folie qu’on retrouve patente dès l’intro « Crown Of Electrodes », qui anticipe même le traitement subi, et qui ferait passer PHILIP H. ANSELMO AND THE ILLEGALS pour de sympathiques aides-soignants au sourire à pleines dents. Cette démence qu’on retrouve aussi lourde qu’un fardeau à porter sur les rares saillies se souvenant des lourdeurs d’antan, « The Rope », qui pose le tabouret au milieu de la pièce, et qui hurle avant de se glisser la tête dans le nœud coulant d’un Sludge strangulatoire. Cette maladie qu’on sent virus sur le final orgiaque de dépression « Moreland St. Hammervortex », plus oppressant qu’une crise d’asthme sans ventoline, et qui nous brise les reins sur ses impulsions en dernier réflexe. Bref, pas vraiment l’ordonnance qu’on attend pour se sentir mieux, mais qui a dit qu’on voulait se sentir mieux ? Quoiqu’il en soit, et même si leur nature a légèrement été altérée dans la forme, mais pas dans le fond, les IRON MONKEY prouvent avec ce comeback inopiné qu’ils sont toujours les sales psychopathes qu’on adorait tant. Et alors qu’Earache se frotte les mains de pouvoir sortir en un même coffret les deux premiers albums du groupe, le trio s’en cogne et préfère regarder de l’avant. Et sous ce point de vue-là, sans faire oublier les prouesses passées, 9-13 se veut sale nouveauté qui va polluer vos oreilles et souiller votre âme. Il faut toujours se méfier de ces satanés singes mécaniques qui se réveillent en pleine nuit pour agiter leurs cymbales. Ils foutent les jetons, et vous regardent comme les jouets psychopathes qu’ils sont.
Sales bêtes.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
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