Ma relation amoureuse (et platonique) avec les DESCENDENTS remonte à 1986, lorsque j’ai découvert leur pire album, Enjoy. Difficile de croire qu’on peut craquer pour un groupe en écoutant son disque le moins inspiré et le moins…fédérateur. Mais cet album disparate à l’humour de pécu douteux a au moins eu un impact positif sur ma vie : me pousser à découvrir qui se cachait derrière ce quatuor unique en son genre, qui à l‘instar de BAD RELIGION allait influencer toute la scène Néo-Punk des années 90, GREEN DAY en tête.
D’instinct, je prends mes précautions, et j’avoue ma faute. Je ne devrais sans doute pas parler d’un groupe comme les DESCENDENTS dans les colonnes de Metalnews, comme je n’aurais pas dû parler de NIRVANA ou de Jerry Lee LEWIS à l’époque dans les pages de Metal Impact. Excusez cette largesse d’esprit, et cette tendance à considérer les lecteurs aussi éclectiques que je ne le suis. Si ce laïus vous échappe, si cette passion vous paraît déplacée ici, stoppez immédiatement la lecture de cette chronique qui se veut dithyrambique dans le fond et la forme, et pour cause : les DESCENDENTS sortent aujourd’hui l’un de leurs meilleurs albums modernes de la façon la plus dilettante possible, en faisant appel à leur passé pour replacer leur présent dans le contexte.
La carrière discographique des natifs de Manhattan Beach, Californie est née comme chacun le sait avec le cri primal du simple Ride The Wild / It's A Hectic World, sorti en 1980. Fat a immédiatement pris la suite, avant que le premier véritable LP, Milo Goes to College ne voit le jour, transformant ce petit groupe SoCal en machine de guerre Punk Rock, aussi fascinée par BLACK FLAG que par les BEACH BOYS. Un drapeau noir sur la plage des sourires, telle était l’image projetée par la musique de ces quatre larrons aussi différents que complémentaires, et entre les riffs incroyables de Frank Navetta et la voix fluette et l’attitude intello de Milo Aukerman, la donne Pop/Punk/Surf était telle que tous les adversaires posaient leur planche sur le sable pour découvrir ce qui allait devenir l’étendard d’une génération.
Fraichement reformé en 1995, le groupe rouvrit une parenthèse déjà fermée dans les années 80 pour entamer une seconde partie de carrière que le fulgurant Everything Sucks sanctionna de ses incroyables tubes faisant partie du patrimoine DESCENDENTS comme le petit Milo des pochettes qui avait bien grandi. En 2002, un an avant la troisième séparation, les musiciens fouillèrent dans leur histoire pour en exhumer leurs premières chansons professionnelles. Bien décidés à faire découvrir à l’extérieur leurs tonitruants débuts, ils se mirent à réenregistrer certains classiques de leur jeunesse, avant de se séparer à nouveau, et revenir sous une nouvelle mouture en 2003. De fait, ce 9th & Walnut est triplement d’importance : d’une parce qu’il nous donne l’adresse de ce local de répétition de jeunesse, de deux parce qu’il est le premier album enregistré par le line-up mythique du guitariste Frank Navetta, du bassiste Tony Lombardo, du batteur Bill Stevenson et du chanteur Milo Aukerman depuis 1996. Et de trois, parce qu’il nous permet de réécouter ces premiers jets qui finalement, dessinaient globalement tout l’avenir du groupe jusqu’à Hypercaffium Spazzinate il y a déjà cinq ans.
Comme l’a très justement souligné un confrère de la presse américaine, 9th & Walnut ne se hissera pas sur le podium des meilleures réalisations du quatuor. Il n’a pas la fougue imbécile de Milo Goes to College, il n’a pas la force et la maturité de All, et n’a pas non plus la rage et la science infuse des mélodies d’Everything Sucks. Mais il enterre de loin ma première prise de contact Enjoy, et parvient à rappeler par grosses touches le DESCENDENTS des débuts, ce groupe frondeur mené gauchement par un intello. Constitué de morceaux composés entre 1977 et 1980, il représente la compilation parfaite de débuts déjà forts convaincants, et nous propose en forme de CV tous les styles abordés avec génie par ce groupe toujours à part sur la scène SoCal Punk de l’époque. Moins agressif que ses collègues, plus mélodique, mais armé d’un guitariste au phrasé unique, singeant les RAMONES pour rendre hommage à Greg Ginn, s’aventurant parfois sur le terrain Pop de Chris Stein, d’un chanteur filiforme et dégingandé chantant ses textes avec un mélange de romantisme teen et de colère adulte, DESCENDENTS démontre avec ce séminal 9th & Walnut qu’il était le plus parfait trait d’union entre l’utopie des sixties et la désillusion des années 80, ces fameuses années Reagan qui ont tant fait hurler les punks de Californie et d’ailleurs.
Repris en 2020 pour être complété par le quatuor, 9th & Walnut fait donc du presque neuf avec du super vieux. A contrario de SUICIDAL qui réenregistrait son premier album pour le rendre plus Metal, Bill, Frank, Milo et Tony n’ont presque pas touché au son estampillé seventies, rafraîchissant seulement une rythmique trop sèche pour être appréciée dans son jus, et donnant plus de peps à la guitare sans l’alourdir inutilement. Mais les lignes de chant, les chœurs, les riffs, la mise en place, la brièveté des compositions, tout est là pour nous replonger dans un pan d’histoire passionnant, beaucoup plus en tout cas qu’une tournée de reformation d’un groupe de l’époque qui n’a plus rien à dire depuis longtemps.
Dix-huit morceaux pour vingt-cinq minutes à peine, le timing est parfait, et en sus, le groupe entame sa reprise de contact via « Sailor's Choice », l’un de ses meilleurs titres de début de carrière. On trouve évidemment de tout sur cette fausse compilation, les fulgurances post-expresso du matin comme « Crepe Suzette », les blagues faciles mais drôles (« Tired of Being Tired »), les pauses médium mélodiques plus posées (« I'm Shaky » que les NERVES ou BLONDIE auraient pu chanter au départ de leur carrière), la reprise des fameux « age » avec « Nightage » qui renoue avec les clins d’œil des initiés, mais aussi les titres qui les ont fait connaître, « Ride the Wild » et « It's A Hectic World », qui nous aident à comprendre encore pourquoi les DESCENDENTS étaient le pivot essentiel de cette scène, sans en accepter la responsabilité.
Ce voyage dans le temps aurait pu nous/leur filer un sacré coup de vieux, et c’est exactement l’inverse qui se produit. 9th & Walnut nous rend jeune de nouveau, et nous transporte dans un passé chéri de tous, comme le souligne si bien « To Remember », qu’Everything Sucks aurait pu proposer, dans une version très similaire. De fait, mon histoire d’amour avec les DESCENDENTS continue, d’année en année. Le groupe ne pète presque plus, et accepte son statut de légende, de la façon la plus humble qui soit. Milo a oublié le collège depuis longtemps, et je suis redevenu Fat. C’est la vie, tout simplement.
Titres de l’album:
01. Sailor's Choice
02. Crepe Suzette
03. You Make Me Sick
04. Lullaby
05. Nightage
06. Baby Doncha Know
07. Tired of Being Tired
08. I'm Shaky
09. Grudge
10. Mohicans
11. Like the Way I Know
12. It's A Hectic World
13. To Remember
14. Yore Disgusting
15. It's My Hair
16. I Need Some
17. Ride the Wild
18. Glad All Over
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