Direction le Canada pour y découvrir un one-man-project s’abandonnant dans la brutalité la plus outrancière. Un projet qui prouve s’il en était besoin que les formes les plus extrêmes du Metal s’accommodent de mieux en mieux aux restrictions, puisque derrière le projet SCORN ne se cache qu’un seul musicien. Attention toutefois à ne pas commettre la méprise de confondre ce groupe avec les délires Ambient de Mick Harris. Les deux entités n’ont rien en commun, à part cette tendance à aller au fond des choses et à viser la perfection. Si Mick, après ND avait cherché à réduire le bruit pour se frotter à un univers différent de ce qu’il avait connu, il semblerait que Steven Rowlands lui, n’ait qu’un seul but. Jouer fort, vite, très vite parfois, et proposer une sorte de synthèse entre Death et Thrash Metal, sans chercher la petite bête, mais en démontrant une habileté technique indéniable. SCORN est donc né en 2014, et après une première démo publiée en 2015, To Bleed or Not to Bleed, a consacré les quatre années suivantes à la préparation de ce premier LP qui visait la perfection dans le genre. Et si d’aventure vous tombiez sur des photos promotionnelles du groupe, qui montrent un trio, ne vous laissez pas leurrer. Steven est bien seul aux commandes, et A Comedic Tragedy lui est imputable en intégralité, ou presque. L’homme a en effet confié quelques interventions à des guests, dont une intro à Alex Snape, et quelques soli à Layne Richardson et Jonah Kay. L’homme a aussi produit et enregistré son album lui-même, tout en confiant le mastering à Alex Snape des Nomadic Arts studios. L’artwork, superbe d’ailleurs, a été réalisé par Santiago Villanueva Schreiber, tandis que le logo du groupe a été conçu par Christopher Horst, mais ce sont les seules interventions extérieures que SCORN s’est autorisées. Le reste a entièrement été façonné par le musicien canadien, qui s’est non seulement chargé de la composition, mais aussi de l’instrumentation, assumant les guitares, le chant, mais aussi la basse et la programmation, pour tenter d’obtenir le résultat escompté. Et ce résultat, sous des atours classiques se montre séduisant dans son parti pris entre deux chaises, qui ne laisse pourtant pas son cul en l’air.
Death donc, en très grande partie, mais Thrash en filigrane, pour un premier album qui frappe fort et vite. Admettant des influences diverses et complémentaires, pas toutes justifiées ou identifiables (DEATH, SLAYER, MEGADETH, DEICIDE, BLACK DAHLIA MURDER, GOJIRA, CORONER), Steven Rowlands joue donc le formalisme, et accepte d’être plus volontiers fasciné par le passé que par le présent. On trouve donc dans cette nouvelle tranche de mort nostalgique des éléments des groupes précités, mais aussi pas mal de précision américaine, avec des réminiscences du MORBID ANGEL le plus radical, ainsi que de sales traces du DEICIDE le moins jovial. SUFFOCATION parvient aussi à se tailler un chemin jusqu’au cerveau fécond de notre cher ami canadien, ainsi que BENEDICTION, ce qui contribue à faire de ce A Comedic Tragedy un melting-pot intéressant à défaut d’être révolutionnaire. Première constatation, le son. Ample, gros, épais mais clair, il met en valeur le talent du bonhomme pour accoucher de riffs maousses dont on se souvient sans faire d’effort. La démonstration en est rapidement faite d’ailleurs, via l’intro qui n’en est pas vraiment une et qui après quelques secondes de calme explose dans une gerbe de guitares en fusion. « Frenzy », de son titre indique que l’auteur n’est pas prêt à se calmer et souhaite placer son premier effort sous le signe de la violence non édulcorée. Seul titre à passer la barre des six minutes, c’est une démonstration de force qui concasse DEICIDE sur l’autel de GOJIRA, avec cette petite pointe de schizophrénie vocale si chère à Glen Benton, pour un massacre organisé, bien rangé, mais suffisamment fou pour convaincre les plus maniaques des Death addicts. C’est efficace, la plupart du temps ultra rapide, mais intelligent dans son agencement des breaks lourds et sa distribution de soli taillés dans le cristal, école Death/Chuck garantie pur jus. Le chant de Steven, gras et grave, combine les timbres de Benton, Vincent et autres références de grognements, tandis que son art de la mise en place lui permet de tout résumer en six minutes, avec quelques allusions Thrash très prononcées.
Pour autant, la caution Death/Thrash ne saurait être accordée complètement au projet. La musique est trop brutale pour se parer d’une appellation Thrash, même si quelques riffs cycliques et redondants témoignent de l’amour du bonhomme pour la cause syncopée. On en trouve d’ailleurs sur presque tous les morceaux, qui savent aller droit au but et proposer des idées vraiment pertinentes. Ainsi, après la déferlante « Frenzy », « Dense Mind » se permet un allègement mélodique bienvenu, avec licks très catchy, pour encore une fois permettre au canadien de dérouler son talent de soliste. Mais avec des thèmes accrocheurs, des cassures bien amenées, et un flair certain pour trousser des ambiances étouffantes, SCORN se veut plus qu’un simple projet boosteur d’ego, et fonctionne comme un véritable groupe. On se prend à headbanguer en oubliant de se concentrer pour savoir de quel groupe vient telle ou telle idée, mais le plaisir dégagé par cette réalisation permet d’oublier des emprunts un peu trop flagrants, même si l’ombre de MORBID ANGEL est la plus écrasante (« Psychotic Acts »). De là à dire que Steven aurait pu baptiser son projet DEICIDE ANGEL, il y a une frontière que je ne franchirai pas, et qui est justement délimitée par ces parties Thrash qui permettent d’alléger le tout et de l’affranchir subtilement de ses références. Avec une violence ne se démentant pas tout du long, mais qui sait s’éclipser parfois devant des motifs accrocheurs en diable (« Demented », le plus Thrash du lot, redoutable), des transitions mélodiques classiques mais appréciables (« Isolation »), des inserts plus sombres et glauques que la moyenne (« Phagocytosis », premier morceau à jouer la lourdeur et le malsain, et ça fait du bien), A Comedic Tragedy se montre juste assez varié pour captiver, en restant cohérent de bout en bout. Et s’il se débrouille très bien seul, il serait intéressant de voir Steven Rowlands évoluer dans un cadre plus collectif, son talent confronté à d’autres étant susceptible de produire des merveilles. Belle entrée en matière, à voir pour confirmer par la suite.
Titres de l'album :
01. Intro
02. Frenzy
03. Dense Mind
04. Psychotic Acts
05. Demented
06. Isolation (Instrumental)
07. Phagocytosis
08. Chemical Lobotomy
09. A Lack Of Communication
10. Falling Fortress
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