Aujourd’hui, sur ma belle cote Atlantique, le vent souffle. C’est assez habituel j’en conviens, mais aujourd’hui, Eole s’est senti pousser des bourrasques à plus de 100km/h, et nous décoiffe de son humeur plus que badine. Beaucoup pesteraient contre cette manifestation péremptoire, mais en découvrant le deuxième album d’ALTA ROSSA, je me dis que la colère de la nature est quand même magnifique. Les arbres tanguent, les feuilles volent, les passants s’accrochent à leur capuche, et les animaux restent terrés sous les constructions. Une certaine idée d’une petite apocalypse qui rappelle les mauvais souvenirs de 1999, mais aussi, un climat propice à l’introspection, comme ce disque qui prône des valeurs différentes, humaines, contemplatives, et magistralement puissantes.
ALTA ROSSA n’en est pas à son coup d’essai, et livre un deuxième exercice de style encore plus efficace et poétique que le premier. Mathieu (batterie), Dess (basse), Thomas & Jordan (guitares) et Antoine (chant), ont tenté de surpasser le déjà musclé Void Of An Era, et survolent une désolation désertique qui annonce des temps à venir dominés par les ténèbres et le repli sur soi. Mixé et masterisé par Thomas Fournier, A Defiant Cure nous ramène dans les années 90, lorsque NEUROSIS déviait du Hardcore vers un Post-Metal de mastodonte, et nous traîne jusqu’à l’orée des années 2000 lorsque les héritiers de CULT OF LUNA poussaient la recette à son paroxysme en y ajoutant une bonne dose de mélodies féroces.
Mais le quintet de Besançon se dispense très bien de comparaison. Son identité dessinée grossièrement par son premier témoignage gagne en précision en 2024, ces dix nouveaux morceaux traçant une ligne entre hier et après-demain, en mixant différents sous-genres pour brouiller les pistes sans nuire à la franchise. Et toute l’entreprise est résumée par une formule parfaite du philosophe italien Antonio Gramsci :
Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.
Quid de ce nouveau monde qui tarde à apparaître ? Sans vouloir jouer les oracles d’infortune, je pense qu’il est déjà là depuis quelques temps. Les monstres sont déjà sortis de la boîte de Pandore, et s’apprêtent à prendre le contrôle, entre désespoir sourd et colère larvée, résignation lourde et futur rincé à l’eau de javel. Mais ces monstres ne sont-ils pas le reflet de nous-mêmes ? Une partie de nous enfouie depuis des siècles qui n’attendait qu’une petite étincelle pour s’enflammer de nouveau ? C’est ce que j’ai cru comprendre à l’écoute de ce tracklisting oppressant et violent, mais qui refuse la surenchère inutile et les effets faciles.
Rien de nouveau sous les éclipses, mais une envie de jouer une musique pleine, personnelle et digérée de ses influences assumées. On prendra pour exemple le déprimant « Fields Of Solar Flames », qui en pénultième position réaffirme celles d’un album qui ne prend pas de gants pour décrire une réalité déjà fanée avant d’avoir été coupée.
ALTA ROSSA, comme d’autres dont CULT LEADER, traduit les sentiments en humeurs monochromes, et se laisse aller à une dérive qui n’induit pas forcément de mélancolie. Si quelques harmonies acceptent l’hiver approchant à grand pas, les guitares et la rythmique jouent le jeu brutal d’une lucidité accrue par les années. Le son de Thomas & Jordan est âpre, rugueux, la frappe de Mathieu pleine mais nuancée, et les objectifs collectifs atteints sans peine : rendre hommage à deux styles extrêmes pour accoucher d’un bâtard difforme, mais à la laideur hypnotique.
Le bâtard s’exprime d’ailleurs sans filtre, mais laisse souvent la bande instrumentale remplacer ses cris et ses maux. « And Chaos Fell Silence... » en est la plus fidèle illustration, avec sa gravité sentencieuse et son déroulé cataclysmique. Et si A Defiant Cure ne se résume pas à ses deux derniers morceaux, il en accuse le coup en impasse émotionnelle.
« The Art Of Tyrant #Slash The Minotaur », digression la plus longue de cette poésie en chaos mineur oppose les saccades aux chœurs désincarnés, et nous offre un tableau chaotique d’une planète en proie à ses démons les plus infects : l‘humanité et ses marchants d’égoïsme. On se perd dans ce labyrinthe de thèmes et de motifs répétés à l’envi, et chaque passage un tant soit peu insistant ou statique nous offre une pause salvatrice. Mais le destin ne connaît aucune pause.
Et ALTA ROSSA doit s’adapter.
Mais vous aussi.
La normalité, une banalité du mal qui s’impose au détriment d’une pensée complexe et d’un monde riche et insaisissable. Oui, nous avons renoncé, trop faibles face à l’ennemi qui n’a cure de l’avenir et des générations lui succédant. Admirons maintenant le spectacle, et sombrons dans ce naufrage programmé qui nous attend de ses vagues mortellement hautes. La répétition des assauts est telle que la pression fait céder les illusions, et ALTA ROSSA n’a plus qu’à souffler les dernières bougies.
Pour une unique obscurité.
Titres de l’album:
01. Exalted Funeral
02. Delusion
03. The Emperors
04. Dédale
05. The Art Of Tyrant #Slash The Minotaur
06. Where We Drown Our Nightmares
07. From This Day On
08. Stratification
09. Fields Of Solar Flames
10. And Chaos Fell Silence...
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