A Frightful Piece Of Hate

Freehowling

07/11/2018

Autoproduction

L'avis de Mortne2001 : 78%

Attention, publicité (légèrement) mensongère. En labellisant cet EP sous l’étiquette Sludge, les responsables de la promotion ont pris un grand risque, parce qu’après écoute attentive, je n’ai toujours pas réussi à trouver la moindre trace de Sludge dans le premier mini album des frenchy de FREEHOWLING, mis à part quelques séquences tellement diluées que le style se veut méconnaissable. Alors fans du genre, ne vous laissez pas bluffer, mais ne tombez pas non plus dans le piège du rejet immédiat. Car si la bande n’abuse pas des lourdeurs inhérentes à votre créneau d’affection, ils n’en sont pas moins aussi puissants que n’importe quel groupe du cru, même si leur optique reste résolument plus extrême que Heavy. Après, on va encore me dire que je prends le train en marche, puisque ce A Frightful Piece of Hate est paru en novembre 2017, mais actant du fait que sa version physique ne sera disponible que dans quelques jours, je suis encore largement dans les temps. Et si dans l’étang on trouve des vieux pneus et des bouteilles vides, dans la mare d’inspiration de ce quatuor (Guillaume Nicolas - guitare/chant, Samuel Nicolas - guitare, Nicolas Guerrault - basse et Romain Wilczeck - batterie) on trouve un peu de tout, puisque les musiciens se réclament d’une pluralité effective, citant volontiers le Doom, le Hardcore et plus généralement le Metal extrême comme composantes de sa musique sombre aux propos lucides et réalistes. Fondé par les frangins Nicolas en 2010, mais actif depuis 2015, FREEHOWLING est le genre de groupe assez difficile à cataloguer, ce qui est toujours bon signe au moment de coucher sur papier ses réflexions. Agréable de découvrir un groupe qui échappe à tout carcan, mais difficulté de retranscrire ce qui vous attend, autrement qu’en plaçant l’ensemble sous une chape de plomb Loudcore, classement un peu flou leur allant à merveille…Et dans les faits, la musique de ces quatre-là n’est pas du genre festive, mais plutôt crue et lourde comme une réalité vous tombant sur le coin de la gueule à l’orée d’une vie bientôt terminée.

Hardcore donc ? Oui, mais pas que, un peu comme si la vague NOLA avait fait un détour par les bas-fonds de New-York pour humer un air encore plus vicié que celui de la Nouvelle-Orléans. Musiciens impliqués, et investis dans le multimédia (ou trouve dans leurs centres d’intérêt le cinéma, la bande-dessinée, les jeux vidéo ou la peinture), truffant leurs compositions de citations et effets divers, les FREEHOWLING ne sont pas du genre à céder à la facilité, et traitent de sujets variés, de l’oppression d’une société vous obligeant à rentrer dans le moule, au contrôle de masse à la Orwell, en passant par la véracité de l’information ou des libertés personnelles, dans la plus grande tradition des revendications du Hardcore des années 80, dont les quatre musiciens empruntent une partie des thèmes et du vocable. Un EP beaucoup moins linéaire que le tout-venant donc, et assez difficile d’accès, pas seulement à cause de la pluralité de son inspiration, mais aussi de l’opacité de sa production et de sa versatilité. Le groupe a d’ailleurs l’intelligence de ne pas citer d’influences trop précises pour ne pas se voir raccroché à un quelconque wagon, et c’est la surprise qui domine cette première réalisation, autant que l’aspect massif de ses compos qui provoquent la gravité pour s’extirper des ténèbres de l’anonymat. Et si les cinq premiers morceaux (en dehors de l’intro « Children of Society », efficace et percussive pour planter le décor) jouent l’unité pour dégager un consensus de style, le faux final « Freedom » nous surprend de ses ambitions et nous laisse sur une note un peu amère, conclusion en porte ouverte et porte-à-faux pour un futur qu’on pressent assez fascinant.

Au menu de cette première invitation, des guitares évidemment, noires comme une nuit sans fin, des riffs amples et déliés, parfois méchamment compressés, pour une relecture moderne d’un Hardcore vénéneux, et aussi poisseux qu’un Beatdown maîtrisé pour ne pas lasser. Entre pulsions en mid tempo et soudains ralentissements de conscience, A Frightful Piece of Hate n’est que ressentiment et colère, impression accentuée par le chant vraiment véhément de Guillaume Nicolas qui semble puiser son ire dans le dédale de violence du NYHC. Outre des textes impliqués et concernés, on notera une participation active de la section rythmique, qui offre à l’ensemble une assise solide, permettant toutes les audaces, même si celles-ci prennent souvent la forme de modulations discrètes (un solo un peu thrashy sur « Crushed World » en étant un très bon exemple), plus que d’évidences frappantes. C’est évidemment carré, subtilement psyché sur les bords (l’intro de « Deathline » qui rappelle le MACHINE HEAD de Burn My Eyes), puissant comme un peuple tendant le poing pour manifester son mécontentement, et bien sûr, concentré comme une lucidité acquise à la force de caractère, mais aussi mouvant, sinueux et incroyablement méchant dans l’accroche (le riff gluant et bossu de « Master Of Thought » au sample d’intro menaçant). En gros, une sorte de melting-pot de violence crue, règlement de compte du samedi soir sous des néons urbains blafards. On pourrait même avec un peu de subjectivité y voir le pendant maléfique d’un MASS HYSTERIA débarrassé de ses obsessions électroniques, et plus concentré sur sa soif de liberté que sur ses arrangements synthétiques («La Ligue des Justiciers »). En gros, un peu de tout, mais arrangé à la sauce Hardcore moderne, ce qui ne fait que donner plus d’impact à des compositions souvent bâties sur le même principe, mais qui du haut de leur cohérence s’autorisent quelques menues digressions.

Et sans vouloir réduire l’effort à sa tranche la plus conséquente, c’est quand même « Freedom » qui marque les esprits, avec ses huit minutes de Metal extrême qui ne fait pas semblant de l’être…Construction en crescendo, structure à tiroir, pour un morceau qui ne manque pas d’ambitions et qui nous colle au plafond d’un lick vraiment grave et carton. On note avec plaisir des éléments de Dub, d’Electro, d’Ambient, qui offrent au final une conclusion étrange et onirique, comme si les PROTON BURST et SIN déambulaient dans les couloirs d’un cauchemar commun sans vraiment chercher la sortie. Notons pour la bonne bouche que cet EP en version physique se termine par un bonus-track, boucherie à la limite du Grind (« I’ll Never ») et jouissif au possible, et que sa version numérique est toujours disponible sur le Bandcamp du groupe. Alors de là, Sludge ou pas, la problématique n’a pas lieu d’être, puisque les FREEHOWLING prouvent avec A Frightful Piece of Hate qu’ils peuvent être plus lourds et méchants que n’importe qui, sauf qu’ils ne se contentent pas de ça. 


L'avis de Simony : 68%

A Frightful Piece Of Hate est le premier EP de FREEHOWLING, un groupe français qui est actif depuis 2015 autour de Samuel et Guillaume Nicolas, les guitaristes de ce combo œuvrant à 4. Un rapide tour d'horizon nous indique que la musique du groupe est traversée par le reggae (bon OK il y a un sample de Bob Marley sur "Master Of Thought), de Rock Psychédélique ou de Darkjazz, là j'ai pas trouvé ce qui ne veut pas dire que ces styles n'influencent pas l'écriture, soit ! Non, en fait, le groupe pratique un bon gros Groove Metal dans la trajectoire de MACHINE HEAD le plus récent, même si l'ambiance générale nous attire inlassablement vers une sorte de Hardcore très métallisé, et les paroles de ce premier EP autour de la dérive de l'Homme amène un sous-entendu social mais lorsque déboule "Master Of Thought", on comprend que ce n'est pas que dans la thématique que FREEHOWLING s'est acoquiné avec le Hardcore. Musicalement également, on se rapproche d'un HATEBREED avec une production très chargée en basse fréquence à la BIOHAZARD mais aussi à la CROWBAR dont certaines réminiscences peuvent être décelées ("Master Of Thought" toujours).

Des parties de jump clairement taillées pour le live se font entendre régulièrement, le groupe a eu l'intelligence de les intégrer pleinement dans la structure des morceaux pour éviter que ça ne débarque comme un cheveu sur la soupe et alors on imagine l'introduction d'un "La Ligue Des Justiciers" sur les planches, la fosse ne devrait pas tarder à bouillir car c'est surtout ça cet EP, l'efficacité et le headbanging !

Côté production, on reconnait bien les codes du Hardcore Metal, la caisse claire est sèche comme une femme prise de sécheresse vaginale continue, et il paraît qu'il existe des bonnes crèmes, très efficaces maintenant... pour la sécheresse bien entendu pas pour la caisse claire. Bref, la guitare est chargée en basse, la basse est bien ronde (ce "La Ligue Des Justiciers" est taillé pour Nicolas Guerrault, le bassiste), la voix clamée ne se fait pas sans un petit écho qui donne l'impression que le groupe joue en bas de la barre d'immeubles de Brooklyn alors que la voix saturée est légèrement sous-mixée. Les éléments les plus extrêmes (quelques riffs typés Death Metal) nous renvoient plus vers SLIPKNOT que DEICIDE, ils sont toujours emprunts d'un groove qui colle bien à la peau du groupe. Et d'ailleurs, si la musique du groupe se veut aussi directe, elle n'en reste pas moins bien mise en œuvre par ce quatuor qui ne surprend pas par son discours musical dans la trajectoire d'un MACHINE HEAD, SOULFLY, SLIPKNOT ou HATEBREED mais dont les parties de chant qui évitent l'écueil du chant clair à la DAGOBA (parce que musicalement, on est pas loin non plus) amènent un plus de brutalité qui donne un côté malsain à cette violence.

L'entrée en matière est des plus honnêtes pour ces français dont le potentiel scénique devrait très vite s'afirmé, que les amateurs de Groove écrasant se penche sur cet EP disponible en digital mais aussi en format physique où le CD contient un très court "I'll Never" pas très représentatif du reste du EP en bonus track !

Track-list :

  1. Children Of Society
  2. Crushed World
  3. Deathline
  4. Master Of Thought
  5. La Ligue Des Justiciers
  6. Extremist Terrorist
  7. Freedom
  8. I'll Never (bonus track)

Facebook

par Simony le 27/11/2018 à 07:20
73 %    1203
Derniers articles

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.

08/05/2025, 09:17

SALMIGONDIS

@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" !  :-/     En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi...  De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)

07/05/2025, 11:52

Orphan

Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque

07/05/2025, 11:04

RBD

@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)

06/05/2025, 20:29

MobidOM

"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)

06/05/2025, 20:28

RBD

Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.

06/05/2025, 19:29

Caca

line-up de clodos

06/05/2025, 18:18

SALMIGONDIS

Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...  

06/05/2025, 17:11

DPD

Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.

06/05/2025, 16:15

DPD

Bhen c'est écrit dans la news, les 3 premiers albums.

06/05/2025, 16:14

LeMoustre

A voir quel contenu sera proposé 

06/05/2025, 15:42

DPD

Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)

06/05/2025, 05:51

Moshimosher

Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)

05/05/2025, 23:34

La Boca

J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée  à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .

05/05/2025, 18:16

Humungus

Il était temps...

05/05/2025, 09:15

Oliv

Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma  tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)

04/05/2025, 12:35

Oliv

C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)

04/05/2025, 12:25

Simony

Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !

04/05/2025, 09:55

RBD

Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)

03/05/2025, 22:39

DPD

T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.

03/05/2025, 21:41