C’est déjà l’heure du sixième album pour les suédois de THE MURDER OF MY SWEET, et ce pauvre chéri doit maintenant ressembler à un cadavre en décomposition. N’y voyez pas là une métaphore douteuse sur la carrière d’un groupe que je suis avec plaisir depuis son premier album, car malgré un parti-pris artistique assez personnel et propice à la division, les suédois ont toujours fait preuve d’ambition, et ont toujours refusé de se reposer sur leurs lauriers pourtant chèrement acquis.
2022, l’année de l’explosion pour Daniel Flores et ses troupes ? Au jugé du contenu de ce nouvel album, il y a fort à parier que THE MURDER OF MY SWEET va s’attirer un nouveau public avide de sensations tout en renforçant sa fanbase, puisque A Gentleman’s Legacy est sans doute son œuvre la plus riche, la plus dense et la plus complexe. Rien que le tracklisting fait baver de ses soixante-six minutes, mais la durée n’ayant jamais été synonyme de qualité, la méfiance modérée reste de mise, même si Brave Tin World nous avait laissés sur une note plus que positive.
Tous ceux connaissant Daniel savent quel musicien/compositeur et producteur il est. Cette réputation le précède, et est due à un travail acharné, pour repousser sans cesse ses limites. Aujourd’hui, Daniel a choisi de faire la jonction entre deux époques de sa vie, différentes mais qui s’assemblent dans la continuité, et de fondre dans un même élan créatif son ancien groupe MIND'S EYE et son combo actuel. Les fans de MIND'S EYE n’ont en effet pas pu oublier A Gentleman's Hurricane, avant-dernier album qui proposait un concept assez simple dans les faits, et A Gentleman’s Legacy n’est rien de moins que la suite de cette histoire, que je vous résume ici brièvement :
Adam Evangelista est un ancien agent de la C.I.A et tueur professionnel travaillant en solitaire. Nous suivons ses pérégrinations au travers de confessions faites au prêtre qui l’a élevé, lui infligeant des punitions très sévères. Cette éducation a contribué à faire de lui ce tueur implacable et froid qu’il est devenu.
Pitch simple, digne d’un film d’action avec Jason Statham, A Gentleman's Hurricane nous proposait donc de suivre la vie de ce personnage sombre, à l’âme torturée, et c’est donc très logiquement que la suite nous est proposée aujourd’hui. A Gentleman’s Legacy est donc l’occasion pour Daniel de suivre le fil d’Ariane de sa propre vie, et cette jonction a tout de la mise en abime artistique. Le pari est risqué, mais on connaît le talent du bonhomme, et c’est donc sans surprise que ce sixième longue-durée s’inscrit parfaitement dans son parcours. Toujours accompagné par Angelica Rylin au chant, épaulé par Mike Palace à la guitare depuis quelques mois, et par Patrik Janson à la basse, Daniel a donc laissé parler ses ambitions, et s’est retourné vers ses influences progressives les plus manifestes, désirant réunir dans un même creuset d’inspiration GENESIS et QUEENSRYCHE.
Tâche ardue s’il en est, le Metal proposé par THE MURDER OF MY SWEET étant connu pour ses gimmicks cinématographiques et son sens de l’emphase, mais après quelques écoutes attentives, on peut effectivement affirmer que ce nouveau chapitre est bien le plus évolutif de la bande. Un morceau comme « Winged » aurait d’ailleurs pu trouver sa place sur l’un des albums de DREAM THEATER, avec son approche mi-grandiloquente et mi-émotionnelle, et les prouesses techniques plus appuyées permettent de s’éloigner des facilités les plus évidentes utilisées par le compositeur dans le passé.
Avec des titres qui dépassent tous ou presque les cinq minutes et un final épique de près de dix, Daniel s’est mis des bâtons dans les roues, et inutile de souligner que quelques passages faibles viennent encombrer inutilement l’album. Mais globalement, et malgré la somme d’idées conséquente, A Gentleman’s Legacy tient toutes ses promesses, et fait le lien entre le Daniel d’hier et celui d’aujourd’hui. On s’en rend clairement compte sur certains morceaux, qui contiennent l’ADN le plus pur du groupe, avec ces claviers atmosphériques en soutien, ces riffs saccadés en embuscade, et ces lignes de chant puissantes, à l’image de « Kill Your Darlings » ou « A Ghost Of A Chance », classiques, mais terriblement bien ficelés.
Entre émotion sombre et accroche rythmique, THE MURDER OF MY SWEET parvient à progresser et à se réinventer sans se trahir, et à nous proposer une bande-son digne des comédies musicales de Broadway les plus primées (« Trick Of The Devil »). La fin de l’album est d’ailleurs un modèle du genre, avec son durcissement de ton et ses ouvertures vers des influences extérieures, et c’est donc l’esprit aiguisé et la curiosité à bloc que nous abordons le dernier virage d’un travail de titan. L’album ayant nécessité trois mois d’écriture et cinq d’enregistrement a donc été figé en assez peu de temps, mais le résultat est là, et nous retrouvons donc le personnage de Pandora, enfant devenue femme, qui suit les traces de son père en traquant ceux l’ayant engagé et transformé en monstre glacial et sans pitié.
Et si Pandora ne sort pas indemne de son aventure, nous ressortons grandi de l’écoute de cet album, qui trouve son acmé avec le superbe « Finding Closure », et ses neuf minutes de Metal moderne progressif sensible et puissant. Sans aller jusqu’à évoquer QUEENSYRYCHE et son chef d’œuvre Operation Mindcrime, THE MURDER OF MY SWEET grave son nom dans le marbre des concept-albums Metal les plus réussis, et nous embarque dans une aventure musicale passionnante.
Si la voix d’Angelica manque parfois d’expression pour suggérer les émotions, si certains passages en pilotage automatique gênent encore un peu la bonne progression, A Gentleman’s Legacy reste un héritage dont Daniel Flores peut être fier, et une suite tout à fait à la hauteur de son chapitre précédent.
Titres de l’album:
01. Six Feet Under
02. A Ghost Of A Chance
03. Damnation
04. The Wheels Of Time
05. Winged
06. Kill Your Darlings
07. Fathers Eyes
08. Rise Above
09. Trick Of The Devil
10. Heads Or Tails
11. Please, Don’t Wait Up
12. Finding Closure
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