Nul n’est obligé de trouver sa voie du premier coup, de savoir dès le départ pour quoi il est fait. Il n’y a aucune honte à se chercher, à tergiverser, à tester, et les exemples musicaux n’en sont pas rares. Prenez PANTERA par exemple. Au départ, quatre gus attifés comme des glammeurs de supermarché, avec fanfreluches, et obsession pour VAN HALEN en option. Puis, de fil en aiguille et de rythmique surpuissante en riffs terrassants, Power Metal, puis l’incarnation même du Thrash des années 90, avec cette petite touche de Hardcore en groove sudiste pour faire la différence. Osons d’autres cas évidemment, les CEREBRAL FIX, NAPALM DEATH, j’en passe et des moins évidents, mais au royaume des hésitants, les forts en gueule sont rois, ce que prouvent les irlandais de WARDOMIZED et leur patronyme qui sent bon les fleurs enfoncées dans le cul. Fondé en 2014, ce quatuor a d’abord versé dans le Thrash/Crossover consensuel, signant des œuvres assez anonymes mais pas inintéressantes, avant d’opérer un virage brutal pour se consacrer aux joies de la tripaille désorganisée via un tournant Death/Grind des plus probants. Depuis le début de leur carrière, les potes de Belfast n’ont donc pas hésité à procéder à quelques ajustements pour trouver leur vitesse de croisière, à tel point qu’ils se sont sentis assez sûrs d’eux en 2019 pour proposer leur premier LP, ce ...A Heated Exchange que vous ne manquerez pas d’écouter évidemment. Et après quelques jets en format court, disséminés le long d’une discographie vouée aux longueurs raisonnables (In The Raw en 2014, Red Death (Flows Through My Veins) et Forced to Eat from the Apple Tree en 2017), soulignés de quelques live étonnants (Live at the Warzone et Live 27/01/18), WARDOMIZED se jette enfin dans le bain, avec mesure toutefois, puisque ce premier LP à de faux airs de nouvel EP, avec ses vingt-quatre minutes au compteur.
Huit morceaux pour moins d’une demi-heure, nous tenons la corde des standards Grind et Death, et c’est tout à fait appréciable. Accouché dans le plaisir mais lâché dans la douleur, ...A Heated Exchange a fini par fuiter sur la toile et ses sites de torrent pas avares de traitrise, et c’est ainsi que le groupe a fini par abandonner son album sur les plateformes de streaming, histoire de colmater les fuites. Il est toujours dommage de voir le travail d’artistes ruiné par de petits malins qui pensent encore que le leaking est une forme de rébellion, mais espérons toutefois que ceux ayant abusé de cette gratuité malvenue fassent de la bonne publicité au groupe. Aujourd’hui formé de quatre olibrius fans de bruit (Alessandro Rocco – chant, Eddie Cross – guitare, Jonny McKee- basse et Deane Montgomery – batterie), WARDOMIZED s’est donc concentré sur les thèmes les plus porteurs des origines du genre, et jouent donc le Death/Grind tel qu’il fut conçu et modernisé par des groupes comme IMPETIGO ou BRUTAL TRUTH, cherchant toujours un moyen de rendre la brutalité intelligible et ne pas verser dans le dramatisme grotesque du Gore. Citant comme influences des institutions comme NAPALM DEATH, SEPULTURA, CROWBAR, AUTOPSY, OBITUARY, SOUFLLY, POWER TRIP, DEFTONES, TERRORIZER, MORBID ANGEL, les irlandais n’en possèdent pas moins leur petit lexique personnel, qui les rapproche de formations moins célébrées comme DEATHBOUND, TOTAL FUCKING DESTRUCTION ou DEAD INFECTION, sans se gêner pour tirer la révérence aux PIG DESTROYER, sans toutefois en atteindre l’intensité maladive.
Pas avares de riffs et d’ambiances délicatement morbides, mais gentiment sanglantes, les WARDOMIZED n’ont pas oublié ou négligé les premiers apports dans le genre, et surfent sur une production qui sonne généreusement roots, avec cette batterie très matte à la caisse claire impitoyable, ces guitares en linceul, et cette dualité de chant en growls/méga growls, qui parfois se rappellent des cris écorchés des débuts de la scène Indus de GODFLESH. « Benji’s Surprise », le final, sombre d’ailleurs avec étonnement dans le glauque bien lourd, avec son beat appuyé et processionnel, et ses vocaux enragés, nous laissant sur une note étrange au moment de refermer un album qui avait pourtant commencé sous les auspices les plus formels et rapides. « Organ Exploit » ne pouvait d’ailleurs être plus franc avec son parfum légèrement Crust sur les bords, petit jet d’animosité pure dans un monde de ressentiment. Blasts, D-beat assumé et capharnaüm gentillet, pour une mise en jambes qui vous dope encore plus efficacement que la laroscorbine, et ces fameux passages en riffs plaqués sur des blasts déchaînés. « Learn to Sneak » applique le même principe, et la roue tourne à bonne vitesse pendant que le batteur vous brise les os un par un de ses accélérations. Seule entorse à la règle de la vitesse pour l’efficacité et inversement, le long et trouble « Give Me Hope, Give Me Water », entonné en compagnie du comparse Michael Mckeegan de THERAPY ?, et qui prône la lourdeur et l’oppression pendant plus de cinq minutes, se permettant même des mélodies biscornues histoire d’accentuer le malaise. Loin de se contenter des figures imposées du genre, les irlandais jouent donc la petite diversité sur la petite longueur, et nous enivrent de leur violence bon enfant, tapant toujours dans les riffs les plus percutants pour s’illustrer comme exutoire de brutalité qui ne refuse pas les compromis.
Sinon, plus prosaïquement, ...A Heated Exchange reste la façon la plus radicale de s’exploser les tympans intelligemment. Ce qui résume assez bien cette entreprise de démolition clinique, mais terriblement enthousiasmante.
Titres de l'album :
1. Organ Exploit
2. Learn to Sneak
3. World War What
4. Transitional Breakdown
5. Rebirthed
6. What is Your Life Worth?
7. Give Me Hope, Give Me Water (feat. Michael Mckeegan)
8. Benji’s Surprise
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09