A Kingdom Built Upon The Wreckage Of Heaven

Outergods

01/09/2023

Prosthetic Records

Nouveau projet anglais de Nottingham, OUTERGODS est étrangement étiqueté Black/Grind, ce qui peut sembler hasardeux de prime abord. Un mélange de ces deux styles extrêmes a de quoi intriguer, mais après écoute, on comprend rapidement pourquoi la bible The Metal Archives s’est fendu d’un intitulé aussi incongru. Alors que le Bandcamp du groupe souligne une appartenance au Metal extrême le plus généraliste, la musique elle suggère une sorte de crossover géant entre CRADLE OF FILTH et BRUTAL TRUTH, ou entre NAILS et PRIMITIVE MAN. En gros, et dans tous les sens, une bonne rouste, quelle que soit l’appellation.

OUTERGODS c’est d’abord une base, celle construite par Nathe Sinfield et Sam Strachan, respectivement instrumentiste et chanteur. Les deux hommes constituent donc l’ADN du groupe, complété pour des performances live par Dan Oldcorn  (basse), Jordan Williams (batterie) et Alex LeGrice (guitare) depuis l’année dernière. Mais ne nous y trompons pas, A Kingdom Built Upon The Wreckage Of Heaven est le fruit du travail de deux hommes et seulement deux hommes. Et vu le vacarme produit, on peut dire que ces deux-là en ont sous le cornet.

Que vous réserve donc ce royaume construit sur le naufrage du paradis ? Une approche foncièrement brutale, rapide, très rapide même, empruntant au Black ses riffs et ambiances, et au Grind sa folie et son optique Hardcore. Le meilleur des deux mondes donc, pour un album différent, et qui fait du bien dans la standardisation généralisée de la production actuelle.

Alors que les albums s’enchaînent de semaine en semaine, hésitant entre tradition à la mode et compression excessive, OUTERGODS joue la carte de l’individualisme et décoche des flèches de haine à faire tomber une armée. Impeccablement produit pour rester un tant soit peu analogique, ce premier long impose une atmosphère presque mystique, et des humeurs changeantes, mais toutes irascibles.

« Nocturnal Death », intro intelligente comme on en fait malheureusement plus beaucoup, plante le décor, et laisse une voix acide et suraiguë nous vriller les tympans, en guise d’avertissement. Nathe Sinfield, dans le rôle du poly-instrumentiste abat un boulot de titan, et partage ses talents entre des riffs discordants ou dissonants, et une rythmique à bride abattue. L’homme a du ressort, de l’énergie, mais aussi du flair au moment de mettre en place des structures évolutives dans un minimum de temps.

On loue donc sa passion dans son travail, et on se laisse bousculer par un Metal extrême de premier choix, qui refuse de choisir un camp particulier. On peut dire que ce choix évite les querelles de clocher, dans le but de séduire le plus grand nombre, ou au contraire que cette affirmation n’est qu’une constatation, et non un but. Dans ce deuxième cas – que je privilégie évidemment – on accepte le panache d’un musicien omnipotent, qui connaît sa discographie bruitiste, et qui met en pratique des plans de destruction à grande échelle.

S’il est évident que l’album s’apprécie dans sa globalité, c’est parce qu’il est cousu main par un fil d’Ariane très visible, mais pas pour autant choquant. On reconnaît de ci de là des idées CONVERGE, des traquenards NAILS, des bourrasques ULCERATE, des accents anglais à la CRADLE, mais on sent surtout le brûlé, cette odeur qui vous remplit les naseaux lorsque le cerveau entre en ébullition. 

Pas le temps de réfléchir, mais largement celui de s’en prendre plein les oreilles. Les pauvres pleurent assez rapidement d’un si mauvais traitement, mais finissent par s’habituer aux couches, aux textures, aux arrangements, aux décélérations qui aplatissent et aux accélérations qui donnent une chaude-pisse. Il faut dire que le chant totalement halluciné et possédé de Sam Strachan accentue encore plus cette démence ambiante, qui le confine à l’atrium d’un sanatorium des années 50 en pleine prise de pouvoir des patients.

Histoire d’horreur mise en musique, cette nouvelle Gore anglaise est de premier choix, et se dévore avec les doigts. Les passages malsains le sont vraiment, comme des ralentis sur une énucléation jouissive, et ceux supersoniques vous décollent la plèvre, vous étouffant comme une sale crise d’asthme.

Pas vraiment estival, même si les températures ont chuté, A Kingdom Built Upon The Wreckage Of Heaven est aussi court que son titre n’est long. Et c’est aussi ce qui fait sa force, spécialement lorsque le duo se lance dans un numéro d’équilibriste entre Mathcore et Death/Crust (« Flesh Prison », impossible de résister, c’est fait pour se déchaîner et s’ambiancer), ou pour planter un final aux proportions ambitieuses.

Dernier pavé/cadeau dans le marigot, le title-track et ses sept minutes bien tassées. Bruit d’orage, nuages qui s’approchent, dureté accentuée, violence en semence, et éjaculation sonore pour obsédés de la noirceur et de la brutalité. OUTERGODS nous a donc maintenus en apnée jusqu’au bout, poussant son effort dans ses derniers retranchements pour faire bonne impression.

Nottingham a encore de la ressource après avoir accouché de deux ou trois légendes, et il ne m’étonnerait guère que ces deux anglais ne s’arrogent une place de choix dans la hiérarchie britannique.

Tout en respectant le tea-time, s’entend.   

 


Titres de l'album :

01. Nocturnal Death

02. Into The Howling Void

03. Faceless Entities

04. Tangled In The Cogs Of The Nightmare Machine

05. Abandoned At The Centre Of A Celestial Hell

06. Nothing But A Fetid Worm

07. Catacombs Of Madness

08. Flesh Prison

09. A Kingdom Built Upon The Wreckage Of Heaven


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 18/11/2023 à 17:15
80 %    265

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : le tape-trading

Jus de cadavre 09/02/2025

Vidéos

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

Mold_Putrefaction 28/01/2025

Live Report

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

RBD 23/01/2025

Live Report

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Styx

De rien, avec plaisir amie métalleuse.   

20/02/2025, 19:34

Moshimosher

Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...

20/02/2025, 19:08

Humungus

J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...

20/02/2025, 18:52

l\'anonyme

Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé. 

20/02/2025, 09:27

Simony

Hello Styx, problème remonté à notre webmaster, merci.

20/02/2025, 08:00

Tourista

Ça devient de la chaptalisation ce rajout permanent de groupes.

20/02/2025, 06:42

LeMoustre

Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci. 

19/02/2025, 17:51

Styx

Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.

19/02/2025, 16:32

Ivan Grozny

Merci pour le report, ça me tente bien d'y aller jeudi à Paris.

18/02/2025, 22:44

Jus de cadavre

Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !

17/02/2025, 21:39

Saul D

Moi je regrette quand même le line up des années 80...mais bon....

17/02/2025, 14:08

RBD

Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)

17/02/2025, 13:18

Humungus

Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)

17/02/2025, 06:50

RBD

C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)

15/02/2025, 18:14

Humungus

Super titre !Cela donne envie putain...

14/02/2025, 09:45

NecroKosmos

Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)

14/02/2025, 05:50

Warzull

AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)

13/02/2025, 18:38

Jus de cadavre

Toujours le même riff depuis 35 ans    Mais toujours efficace !

13/02/2025, 17:13

Simony

Excellente initiative, dommage que je sois si loin !

12/02/2025, 07:08

RBD

Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)

12/02/2025, 01:30