Sacrée campagne de réédition menée de front par Les Acteurs de L’ombre, qui se penchent sur le passé d’un de leurs groupes phares : AORLHAC. Alors, connaissant le label de Gérald, inutile de vous attendre à une compilation mal troussée ou des albums à peine retouchés. Non, la maison de disques a fait les choses en grand, et propose une rétrospective venteuse du parcours d’un de nos groupes les plus farouchement attachés à sa culture. C’est ainsi qu’est né ce projet de triptyque maudit qui aujourd’hui (ou presque, pas encore) devient une réalité.
Du luxe, de l’envie, de la passion, et une masse de travail conséquente. LADLO est réputé pour ses éditions léchées, et celle-ci ne fait évidemment pas exception à la règle. Décliné en deux formats et plusieurs éditions, la trilogie des vents se voit honorée d’un packaging à la hauteur de ses qualités. Version vinyle ou version CD, ces trois albums sont devenus des pièces de collection, mais surtout, une somme de musique impressionnante, dans la plus pure tradition du Black national, légèrement Folk sur les bords, mais d’une violence rare.
Nous retournons donc sur nos pas, pour nous retrouver presque au point de départ. La sortie d’À la Croisée des Vents, premier EP du groupe sorti en 2008, et qui posait les bases de cette fascination pour l’histoire locale et ses traditions, batailles, faits d’arme et autres légendes racontées au coin du feu. Je ne vais évidemment pas vous faire le coup de la chronique à posteriori, d’autant que j’ai déjà traité le sujet en temps et en heure, ce qu’ont aussi fait mes estimés collègues d’autres webzines.
Sachez quand même quelques petites choses. Le travail de remasterisation a été effectué avec précision, et le son nouveau est rond, ample, et assez transfiguré sur le premier des trois volets. Nous retrouvons donc les six morceaux initiaux, qui avaient planté les bases d’une philosophie simple et compréhensible par tous, consistant en une alternance de plans typiquement BM et d’autres beaucoup plus mélodiques et parfois acoustiques, et emprunts d’un folklore local renforcé de chœurs, d’une instrumentation d’époque, pour un résultat absolument charmant.
C’est un mot qui est difficile à placer dans le cadre d’une telle chronique, mais avec seize ans dans les pattes, A la Croisée des Vents a encore une énergie folle, et sonne même plus actuel qu’à l’époque. Les voix se détachent d’un passé trouvant écho dans le présent, et les chansons, taillées dans la pierre et le bois sentent bon l’histoire qu’on se transmet de père en fils, et de fils en petit-fils.
Les deux autres albums, plus récents, accusent quand même huit années d’écart. En 2010, AORLHAC passe la seconde et accouche enfin de son premier album, La Cité des Vents. Bond en avant par rapport à son aîné, ce longue-durée résume le style d’AORLHAC en un peu moins d’une heure. Avec toujours en exergue cette combinaison d’influences opposées, pour aboutir à une narration entre cataclysme et logique historique qui fait la force de ces musiciens pas comme les autres. « Le Bûcher des Cathares » plante d’ailleurs le décor, immédiatement, après une courte intro. Acoustique à la patine épaisse, forêt humide au petit matin, ragout qui mijote dans le chaudron, et lames qu’on aiguise derrière la maison. Cette sensation de passé ramené à la vie, délicieuse, est le moteur même de l’inspiration du groupe, qui joue avec les ambiances et alterne les humeurs.
Très professionnel et carré, La Cité des Vents est alors pris en charge par Those Opposed Records, avant que le groupe ne confie son destin aux mains expertes des Acteurs. Mais déjà, le style est rodé, précis, les options fermes, et le rendu fascinant. Capable de condenser en quelques minutes ses diverses passions, sans tomber dans le Folk Metal niaiseux et poreux, AORLHAC endosse le rôle de conteur sans filtre, sans enjolivement de la réalité, et nous sert bouillant ce disque violent, âpre, mais aux arrangements minutieux, et aux harmonies délicatement passées.
Entre automne pluvieux et hiver rigoureux, La Cité des Vents laisse s’exprimer son imagination, le long de ces chansons longues de six minutes en moyenne, pour mieux amalgamer les divers sous-genres du Metal, entre Black Thrash et Folk progressif (« Le Miroir des Péchés »). Notons une nouvelle fois pour l’exemple cette splendide reprise de TAAKE, qui permet à la fin du disque de payer son tribut à l’idole qui le mérite amplement. Cette réédition, elle aussi, a une dynamique beaucoup plus vaste, une vraie profondeur dans le travail de la basse, et une précision dans le chant assez dantesque. Les chœurs sont mis à l’honneur, mais c’est l’équilibre dans le sacro-saint triptyque guitare/basse/batterie qui impressionne.
Pour terminer ce tour d’horizon de débuts qui font justement le lien avec le présent, et en attendant de savoir ce qu’AORLHAC nous réserve pour l’avenir, nous refermons la page sur L'Esprit des Vents, pénultième album du groupe datant de 2018. Une fois encore, le son a gagné en profondeur, en clarté, même si la production d’origine n’a pas été modifiée aussi ouvertement que sur les deux efforts précédents. Pour ne pas sombrer dans la paraphrase inutile, je me contenterai donc de reproduire l’un des paragraphes de ma chronique d’époque, comme suit :
De fait - et sans excès de chauvinisme qui n’a pas lieu d’être - nous pourrions bien affirmer après écoute de ce troisième LP avoir trouvé nos DISSECTION à nous, tant L'Esprit des Vents évoque avec beaucoup de pertinence des œuvres majeures comme The Somberlain ou Storm Of The Light’s Bane…Il est certes d’usage de ne pas se laisser porter par une euphorie post-retrouvailles, mais c’est bien l’objectivité qui me pousse à ce constat, tant les dix pistes de ce nouveau recueil de nouvelles locales se hisse sans peine à la hauteur des pierres angulaires citées, auxquelles ils se permet d ‘ajouter un cachet personnel, qu’on se plait à croire coulé dans la cire pour cacheter une missive envoyée du fin fond des temps. Doté d’une production redoutable signée NKS, l’un des maîtres à penser d’AORLHAC, cet opus redonne ses lettres de noblesse au Black épique, qui en s’appuyant simplement sur l’ossature classique guitare/basse/batterie/chant parvient à suggérer une symphonie de l’extrême. Aux côté de NKS, nous retrouvons ainsi Spellbound (chants, textes), Lonn (guitare), et Ardraos (batterie), qui donnent corps et âme à cette musique d’une violence équivalente à sa densité harmonique, et qui s’articule autour de plans simples, enchaînés avec une logique imparable, et qui une fois assemblés, forment une nouvelle chanson de geste nous entraînant sur les routes du sud de la France, à la découverte de légendes aussi passionnantes que cette musique n’est stimulante.
Ce qui mérite d’être mentionné, est bien sûr la qualité apporté à l’objet fini, cheval de bataille de LADLO qui met toujours un point d‘honneur à soigner l’apparence. En format vinyle, les éditions sont superbes, et deux déclinaisons sont disponibles. Le vinyle noir classique, et le vinyle marbré, dans l’air du temps depuis quelques années. A chacun sa couleur, mais ces disques sont de toute beauté, et rangés dans des pochettes d’une classe folle. Côté CD, trois versions en digipack A5, pour ranger plus facilement dans votre collection. Des livrets abondamment illustrés, des gravures, et la sensation de posséder des pièces d’exception. D’ailleurs, les deux formats disposent d’une intégrale en coffret, pour un prix très raisonnable.
Vous retrouverez toutes ces informations sur le site des Acteurs, les précommandes étant ouvertes, pour une sortie prévue le 20 de ce même mois. Noël est certes encore loin, mais c’est un beau cadeau à faire aux fans, ou même aux néophytes désireux de se plonger dans un univers très particulier. Le fond et la forme, la quintessence du respect de l’acheteur, un groupe, un label, et de quoi remettre AORLHAC sous les feux des projecteurs, dont il s’était éloigné depuis la publication de Pierres Brûlées en 2021. Je terminerai par cette conclusion apportée il y a trois ans, et qui résume très bien cette nouvelle aventure :
Une histoire à partager, des secrets à confier dans la crainte, et un souffle qui balaie les temps modernes comme des feuilles déjà mortes.
Titres de l’album:
A la Croisée des vents :
01. A la Croisée des Vents
02. La Guillotine est Fort Expéditive
03. La Mort Prédite
04. Le Charroi de Nïmes
05. 1693-1694 Famine et Anthropophagie
06. Aorlhac
07. Mémoires d’Alleuze
08. L’oeil du Choucas
09. Les Charognards et la Catin
La Cité des vents :
01. A la Croisée des Vents II
02. Le Bûcher des Cathares
03. Plérion
04. Le Miroir des Péchés
05. Sant Flor, la Cité des Vents
06. Vers les Honneurs
07. La Comptine du drac
08. Les Enfants des Limbes
09. Over Bjoergvin Graater Himmerik IV (TAAKE cover)
L’Esprit des Vents :
01. Alderica
02. La Revolte des Tuchins
03. Infame Saurimonde
04. Ode à la Croix Cléchée
05. 1802 – 1869 Les Méfaits de Mornac
06. Mandrin l’Enfant Perdu
07. La Procession des Trépassés
08. Une Vie de Reclus (Quand les Remparts ne Protègent plus)
09. L’ora es Venguda
10. L’Esprit des Vents
Ça c'est une bien jolie réédition qui se fout pas des gens.
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