Alors que les frangins Cavalera revisitent leur propre répertoire dans l’ordre chronologique, alors que le SEPULTURA de Kisser tire sa révérence, le TROOPS OF DOOM de l’ancien comparse Jairo « Tormentor » Guedz continue sur les chapeaux de roues sa jeune carrière, en regardant aussi vers le passé, mais sans nostalgie excessive. Si évidemment ce baptême rappellera bien des souvenirs aux fans de Max & co, il est devenu une autre trademark depuis 2020, l’année de formation de ce quatuor incorruptible et inoxydable.
Deux ans seulement après l’explosion d’Antichrist Reborn, le groupe brésilien revient nous achever les tympans d’un second long, très justement intitulé A Mass To The Grotesque. Une messe qui est tout sauf grotesque, et qui célèbre la bestialité du Thrash/Death lusophone, celui-là même qui s’est inspiré de SODOM, KREATOR, VENOM et HELLHAMMER pour pousser ses premiers cris.
2024, les choses n’ont pas beaucoup changé. Le paysage est toujours aussi désolé et le ton toujours aussi grognon. A peine notera-t-on une perfection dans la brutalité, qui permet aujourd’hui de soigner un hymne de l’ampleur de « Dawn of Mephisto », qui n’aurait certainement pas fait tâche sur le mythique Schizophrenia. Enregistré au studio Audio Porto de Porto Alegre, mixé et masterisé au célébrissime Morrisound Recording, de Tampa, A Mass To The Grotesque est un hommage même pas déguisé aux premières années de l’agression brésilienne, lorsque les groupes répétaient dans des locaux de fortune sur du matériel ne l’étant pas moins. On y retrouve cette sauvagerie non édulcorée, et à peine patinée par une production très vintage, et le parfum de l’écurie Cogumelo vient même nous chatouiller les naseaux.
Toujours accompagnés des trois mêmes comparses (Alexandre Oliveira - batterie, Marcelo Vasco - guitare et Alex Kafer - chant/basse), Jairo T s’en donne à cœur joie, et replonge dans les affres de sa prime jeunesse, les clous, les mines patibulaires, les t-shirts faits main, et les décibels à foison. On sent que le groupe s’est fait plaisir en restant dans cette position d’attention, sans prendre trop de risques, mais sans non plus se reposer sur des réflexes automatiques.
Le répertoire nouveau est donc aussi frais qu’un mois d’août à Rio, et si de temps à autre les influences crèvent les oreilles (« Denied Divinity », encore plus SLAYER qu’un inédit de l’époque Hell Awaits, surtout l’intro), l’ambiance est si caliente qu’on pardonne les emprunts les plus communs. D’ailleurs, en glissant sur le redoutable « The Impostor King », le spectre du SEPULTURA des années fast et pas fastes revient au galop, en fracassant ses chaînes sur le vinyle. On aime cette attitude qui n’est pas dupe, qui capitalise sur un héritage fameux sans non plus le piller sans vergogne, et en le laissant fructifier au son d’une bourse old-school dont certaines valeurs remontent en flèche.
Propre, carré, ce deuxième long est un pur produit de son époque. On sent la sueur, on sent la terreur, mais on imagine sans peine le sourire que le visage de ces musiciens a dû arborer durant l’enregistrement tant le quatuor est en pleine osmose. Aussi traditionnel qu’un vide-quincaillerie de Kerry King, suintant la violence comme un SARCOFAGO les blasphèmes, A Mass To The Grotesque est certes prévisible de la première à la dernière note, mais il n’en est pas moins savoureux.
On croque dans ce Thrash/Death à pleines dents cariées, et la douleur est si douce qu’on en redemande. Une brutalité de saison qui profite d’un mixage ad hoc du Morrisound, église défroquée de tous les malades de la vélocité des années 80/90. Le son est sec, sans rebond, les graves un peu rachitiques, mais c’est justement le but, retrouver cette essence naturelle de violence des années 1984/1987, qui s’exprime à plein régime sur le lapidaire « Faithless Requiem ».
L’option BPM en folie est évidemment prépondérante sur cet album, mais le quatuor sait aussi ralentir le rythme sans sonner moins poisseux et crasseux. Ainsi, la lourdeur de « Psalm 7:8 – God of Bizarre » vous pilonnera bien les roustons comme avait pu le faire Arise, avec ses mélodies vicieuses et son ambiance cloitrée. Tout est là, vous pouvez recompter, et si les cartouchières brillent un peu trop le neuf, l’expérience rattrape le coup. Et sur plus de huit minutes, TROOPS OF DOOM montre toute l’étendue de son savoir-faire, pour accoucher d’un nouveau « Desperate Cry », en plus vilain et déformé et surtout, plus influencé par l’arrière-garde Death Metal que par la relève Thrash encore un peu tendre.
Les brésiliens sont ce qu’ils sont. Ils sont malpolis, mais généreux. Ils sont violents, mais affectueux, et même lorsqu’ils tirent pleine bourre sur « Terror Inheritance » qui n’est rien d’autre qu’un SEPULTURA made in Morbid Visions en plus SLAYER et plus carré, la sensation est si agréable qu’on en pardonne les facilités et autres astuces.
A Mass To The Grotesque est une cérémonie donnée en l’honneur et l’horreur d’une génération de musiciens qui n’avaient rien d’autre que la rage au bide et l’envie d’être encore plus violents que leurs homologues allemands. Ici, le registre est plus précis, les riffs mieux découpés, et la rythmique exacte, mais le fond est identique. Une réelle volonté de faire progresser l’extrême vers ses extrêmes, et devenir des idoles sans l’avoir cherché. C’est ce qu’on ressent en encaissant « The Grotesque », tranche d’ultraviolence, et en se prenant en pleine face le très CELTIC FROST « Venomous Creed ».
TROOPS OF DOOM ouvre la porte des enfers, et vous laisse entrevoir quelques souvenirs d’un passé pas si lointain. Un passé bordélique, un passé sous perfusion, mais un passé légendaire vers lequel on retourne volontiers. Histoire de s’en reprendre une bonne.
Titres de l’album :
01. Solve Et Coagula – Introduction
02. Chapels of the Unholy
03. Dawn of Mephisto
04. Denied Divinity
05. The Impostor King
06. Faithless Requiem
07. Psalm 7:8 – God of Bizarre
08. Terror Inheritance
09. The Grotesque
10. Blood upon the Throne
11. Venomous Creed
Miam
Commandé.
Merci pour le papier
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