Voici donc exposé l’un des secrets les moins bien gardé de Suède, puisque les TRANSPORT LEAGUE sont une référence mondiale depuis plus de vingt-cinq ans. Pardonnez-leur quelques années de séparation entre 2005 et 2009, puisque depuis ils ont toujours répondu présent à l’appel d’un Hard Rock graisseux et nerveux, publiant des albums d’une qualité constante. Ils en ont d’ailleurs sorti autant après qu’avant, et ce A Million Volt Screams au titre franc du collier est donc leur huitième réalisation longue durée, et le premier sur le label danois référentiel Mighty Music, qui se réjouit d’ailleurs de cette collaboration. De là, comment orienter le néophyte sans trop lui en dire, mais suffisamment pour voir ses oreilles commencer à baver d’impatience ? Simple, en se référant à l’une des anciennes œuvres du quatuor (Tony Julien Jelencovich - guitare/chant, Peter Hunyadi - guitare, Dennis Österdal - basse et Mattias Starander - batterie), ce séminal Boogie from Hell qui scella (on l’espère définitivement) leur retour en 2013. D’ailleurs, inutile de trop vous fier aux étiquettes qui traîneront sur la toile et les sites de base, qui évoquent avec plus ou moins de bonheur un concept tirant sur le Sludge, le Doom ou je ne sais quelle excroissance bâtarde, puisque les TRANSPORT LEAGUE, à l’instar de MOTORHEAD sont plus un groupe de Rock amplifié qu’autre chose, avec des influences évidemment, mais aussi une propension à piocher là où bon leur semble les ingrédients de leur discorde. Et A Million Volt Screams n’échappe pas à ce principe immuable, distillant une dizaine de morceaux grassouillets, mais incroyablement groovy et dansants, malgré des riffs aussi lourds que l’humour d’un dragueur bourré.
D’aucuns parleraient de méthode scandinave de recyclage de la violence en aisance. Il est certain que ce pays est le dépositaire d’une recette imparable pour phagocyter le jeu de ses aînés et de le restituer chaloupé, mais autant avouer que ce huitième album à la fraîcheur glauque des premiers jets qu’on est en droit d’attendre d’un groupe aux dents longues et à la carrière naissante. Produit dans deux studios (Oral Majority Recordings et Top Floor studios) par Roberto Laghi (IN FLAMES, ENTOMBED AD, RAISED FIST, SONIC SYNDICATE, MUSTASCH, HARDCORE SUPERSTAR), qui s’est aussi occupé du mixage tant qu’à faire, A Million Volt Screams est une nouvelle affaire de lourdeur dans la diversité, et de pluralité dans l’osmose, et profite d’un son énorme et gras pour nous offrir plus que ce que la production actuelle nous donne d’ordinaire, passant sans vergogne d’un accent NOLA très prononcé à un binaire à la nordique ambiancé. On retrouve évidemment la patte d’un groupe qui connaît son affaire depuis très longtemps, et qui a rodé son approche sur toutes les scènes du monde, mais qui semble n’être jamais rassasié de guitares assassines mais mutines. Grosse distorsion qui adapte le vocable de l’Amérique des CORROSION et DOWN à la compréhension européenne d’un Heavy Metal plus entraînant que violent, sens du motif immédiat qui ne tourne pas autour du pot, et constructions simples mais pas simplistes pour autant. Et en substance, un survol complet d’une carrière débutée en 1994 mais qui aurait tout aussi bien pu voir le jour hier.
Très frais dans l’attitude, les musiciens savent qu’il faut frapper fort dès le départ, mais ne pas flamber et tenir la distance. C’est pour ça que celle qui sépare l’hymne absolu « A Million Volt Scream » du final « Rabid Horizon » est d’une quarantaine de minutes, mais d’un souffle qui passe entre les tympans à une vitesse folle. En optant pour une mise en jambes boogie en diable, les TRANSPORT LEAGUE valident la comparaison déjà formulée avec Phil A. et tous ses potes avides de rythmiques vaudou et de riffs en bambou, mais ils se retournent aussi vers leur propre passé qui a déjà accepté depuis longtemps ces rythmiques en ternaire qui donnent des fourmis dans les jambes des centenaires. La voix de Tony Julien Jelencovich, un peu rauque sur les bords mais surtout Rock qui met tout le monde d’accord se satisfait très bien de cette ambiance de bar un peu louche avec foule interlope accrochée à son godet, tandis que le duo basse/batterie mouline tout ce qu’il peut pour nous faire tanguer d’enivrement. En version mid tempo plus appuyé, le quatuor est tout aussi crédible, et se rapproche du ENTOMBED au virage Death n’Roll, tout en digérant le legs scandinave d’un Punk Rock un peu crade, mais addictif dans ses motifs. Mais sans tomber dans l’analyse linéaire qui n’apporte pas grand-chose, concédons à ce tracklisting une réelle envie, des possibilités, et surtout, une façon de nous servir des plats copieux mais variés, et juste assez roboratifs pour ne pas encombrer l’estomac auditif. Mode lourd, comprimé et plutôt suintant, version RAMMSTEIN qui tâte des eaux du nord plutôt que des flammes germaines (« Monster Human »), version plus nuancée avec chant clair et silences d’une guitare qui laisse la basse vrombir (école Desert Rock sur « Dawn of Lucifer »), compactage avec presse hydraulique rendement maximum pour une autre démonstration de Boogie hardcore (« Vultures »), tout y passe, avec flair, et surtout, avec des gimmicks qui s’incrustent dans la tête. Réussite ? Plus que ça, une fête pour tous les amoureux d’un Heavy bien sale, mais qui s’essuie quand même les pieds sur le paillasson de la qualité.
En gros, une quarantaine de minutes qui donnent le sentiment de n’en durer que la moitié, puisque le quatuor ne se gêne toujours pas pour virevolter. Ce qu’on apprécie toujours autant chez les suédois, c’est cette façon d’accepter leur son tout en l’adaptant à l’envie du moment, sans se laisser cataloguer, et assumant quelques dérapages garage qui reviennent vite dans le giron de l’épais qui nourrit (« Facedown Bondage »). Pas moyen de trouver le moindre reproche à formuler, que l’atmosphère se souvienne des nuits de BLACK SABBATH dans les rêves de DOWN (« Slave in Orbit », une sorte d’inédit de BADLANDS passé à la moulinette de la Louisiane à Stockholm), ou qu’elle reprenne les tonalités du Heavy des années 90 qui cherchait une porte de sortie à sa propre linéarité (« Creature Grunts », que PANTERA aurait pu nous coller comme vulgaire étalage de puissance). Certes, TRANSPORT LEAGUE est le secret le moins bien gardé du royaume de Suède, mais qu’importe. Le monde les connaît et c’est tant mieux, amplement mérité, et A Million Volt Screams fournira de l’électricité à des milliers de metalheads à travers le monde sans risquer de les faire disjoncter.
Titres de l’album :
1. A Million Volt Scream
2. 1200 Goddamned
3. Monster Human
4. Dawn of Lucifer
5. Vultures
6. Vanished Empire
7. Facedown Bondage
8. Slave in Orbit
9. Creature Grunts
10. Rabid Horizon
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