Me voilà donc en train de chroniquer le premier album live d’un groupe brésilien qui m’était jusqu’à lors complètement inconnu. Après tout pourquoi pas, la découverte a toujours du bon, mais autant admettre que l’underground règne en maître sur cette réalisation…Il fut un temps où les groupes devaient patienter de longues années et se construire une discographie solide avant de pouvoir s’essayer à l’exercice Ô combien périlleux de l’enregistrement en public, mais cette époque est bien révolue, et les AXECUTER en profitent donc pour nous offrir en CD un témoignage de leur vitalité. Pour les néophytes, dont j’admets faire partie sans aucune honte, ce trio originaire de Curitiba s’est formé en 2010, et depuis n’a pas laissé traîner les choses, puisqu’on compte dans sa production une démo, trois EP, une compilation, et un full-lenght, ce qui en fait l’un des groupes les plus prolifiques du Heavy Metal lusophone. Est-ce pour autant que chacune de leurs interventions est notable et mérite votre attention ? Je vous laisserai seuls juges de ce paramètre, puisqu’après avoir tendu les oreilles sur leur unique LP, Metal Is Invincible au titre fort évocateur, je ne serai capable de vous prodiguer une réponse…Toujours est-il qu’ils ont franchi le pas, et qu’aujourd’hui, cet A Night of Axecution est disponible via les bons soins de Mindscrape Music, label national qui n’hésite pas à soutenir ses poulains. Et autant dire que ce disque en concert est assez fidèle à l’image que les brésiliens projettent depuis un peu moins de dix ans, en privilégiant l’authenticité, la franchise, et une certaine vision entachée de clichés d’un Heavy Metal qui aurait fait fureur dans les années 80. Tout ça sent très bon les vestes à patches, la bière, et la foi en un Metal torride et sans concession, rapprochant le trio (Danmented - chant/guitare, Rascal - basse et Verdani - batterie) d’une version très primitive d’un RAVEN, ou d’un GRIFFIN débarrassé de tous ses tics, et plus ouvertement, de tous les combos découvrant il y a trente ans le pouvoir fédérateur d’une musique simple et diaboliquement basique.
Evidemment articulé autour de leur unique réalisation longue-durée, ce live bénéficie d’un son très cru qui restitue à merveille l’énergie du combo on stage. On y retrouve tous les « hits » du gang, les "Raise The Axe", "Bangers Prevail" et "Attack", mettant en avant un certain flair dans le choix des riffs d’enfer, mais aussi quelques petites surprises, dont une reprise des FLAGELADÖR, captée en studio histoire d’offrir aux fans un petit bonus. Gageons que ces derniers seront comblés de retrouver leur groupe fétiche dans une forme olympique, et qu’ils feront abstraction du caractère délicieusement obsolète de cette musique qui semble être restée bloquée à l’âge d’or du Heavy Metal d’Amérique du sud. Aucun cliché ne nous est épargné, de ces lyrics à faire passer les MANOWAR pour de fins lettrés, à ces guitares obstinément obsédées par les motifs les plus éprouvés, en passant par ce chant rauque régurgitant ses invectives d’une voix de stentor un peu enroué, sans oublier ces rythmiques simples qui permettent de headbanguer sans se poser de questions inutiles. Tout ici respire et expire le Metal le plus intrépide, celui-là même que la charnière 85/86 célébrait comme le Messie, et ce live prend alors des allures d’office démoniaque, dont il est inutile d’attendre autre chose qu’un classicisme formel. Les plus évolutionnistes balaieront d’un revers de manche les bracelets cloutés qui transpercent cette réalisation, en arguant du fait que depuis les années 80 le Metal a fait d’incontestables progrès, mais les plus passéistes et plus généralement, ceux qu’une bonne séance d’hélicoptère capillaire peut séduire à l’occasion célèbreront la passion de musiciens qui n’éprouvent aucune honte à se plonger dans le passé pour alimenter leur présent.
Et il est certain qu’A Night of Axecution, s’il n’est certainement pas le A Night At The Opera Metal en vivo que personne n’osait espérer, donne matière à de sacrées giclées de Heavy en fusion, parfois à la lisière d’un Thrash modéré, un peu dans l’optique du HEXX de Quest For Sanity (« The Axecuter », sommaire, brutal, mais fier et imparable), roublard en diable, mais sincère sur ses intentions. Et après tout, avec des morceaux comme « No God, No Devil (Worship Metal!) » ou « Bangers Prevail », impossible de se tromper sur la marchandise, et il devient donc inutile de reprocher au trio de jouer son propre jeu, sans se demander s’il est encore d’une quelconque utilité. Car il l’est, sans conteste. Sans surfer à outrance sur la vague old-school qui sévit un peu partout dans le monde depuis une bonne dizaine d’années, les AXECUTER tirent leurs clous du jeu, et se montre habiles instrumentistes, jamais avares d’une petite intervention fédératrice. Si le mixage empêche de saisir les réactions épidermiques d’un public conquis à la passion thermique, on peut quand même apprécier la précision rythmique, qui outre son rôle de marteau-piqueur épileptique sait aussi lâcher quelques figures pas forcément imposées. Niveau soli, le leader incontesté Danmented sait aussi se débrouiller, et nous décoche quelques flèches qui font mouche, et qui permettent d’aérer ses parties vocales un peu trop obstinées. Bien sûr, le timing est parfois un peu trop étiré, live oblige, mais les trente et quelques minutes passées en compagnie de cette horde damnée passent très vite, même si le tempo à tendance à rester bloqué sur la même cadence. On écoute, on apprécie, et on se prend à regretter l’époque des CROSSFIRE et autres WARFARE, sans que les brésiliens ne se sortent d’affaire et ne passent pour la référence qu’ils ne sont pas encore.
Le final cadeau en studio permet de découvrir un trio très à son aise en lieu clos, et nous offre une belle version du « Missão Metal » des FLAGELADÖR, qui accélère enfin les débats et nous rapproche d’un Thrash épileptique de fort bon aloi. Le bilan devient alors plus que positif, et nous rappelle que nous sommes tous des enfants du Metal quoi qu’on en dise. Et si ce live séduira plus volontiers les amateurs de concerts locaux organisés avec les moyens du bord qu’une incarnation live de RUSH dans un stade canadien, il nous rappellera à quel point l’underground est important et mérite notre soutien. Du brutal, de l’animal, mais aussi pas mal de plaisir même pas coupable. Il n’y a aucun mal à préférer la bière à une Veuve Clicquot non ?
Titres de l'album:
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