En route pour Minneapolis. Pour quoi faire ? Pour y découvrir le nouvel album du concept FERAL LIGHT, qui après un dernier album sorti sur la référence I, Voidhanger, s’autoproduit pour garder le contrôle. FERAL LIGHT est en activité depuis un certain temps déjà, et a accumulé pas moins de cinq longue-durée, en moins de dix ans d’existence. Une décennie passée au service d’un Black Metal légèrement avant-gardiste, et profondément expérimental, qui respecte les codes tout en les brisant pour parvenir à une sorte d’extase de violence. Pas étonnant donc que les labels les plus portés sur le risque les trouvent attirants…
A Reckoning With The Intangible est concis. Quatre titres seulement, mais un axe central de plus de vingt-cinq minutes. L’atmosphérique est donc à portée de main, et d’ailleurs, le duo de base s’en réclame, tout comme il se réclame du Crust, du Punk et du Post-Rock. Comme vous le voyez les ingrédients sont assez disparates, mais l’amalgame est plutôt homogène. Une musique violente mais nostalgique, ouverte mais cohérente, expérimentale mais rationnelle.
Inutile donc de craindre un nouvel exercice de style en abstraction majeure. A Reckoning With The Intangible, bien que difficile à cerner, garde un fil rouge assez évident. Rythmiquement versatile, mélodiquement amer, ce cinquième album est une nouvelle pierre à l’édifice des américains, qui jouent avec leur unicité pour se démarquer. Et si « Rotting Linearity » reste très raisonnable en matière de défrichage, les choses se corsent dès la première partie du diptyque « Shattered and Broken At The Base Of Time ». Divisé en deux sous-parties, cette longue progression montre le visage le plus étrange du duo, qui n’hésite pas à utiliser le maximum d’ambiances possible pour imposer sa vision, biscornue, distordue et parfois discordante.
Picorant dans la mangeoire du Doom, s’abreuvant à l’eau croupie de la flaque Death, FERAL LIGHT est extrême, et sa production l’est tout autant. Avec une batterie sans artifice inutile et une guitare en constante mutation, le duo s’appuie sur des arguments personnels pour convaincre les plus téméraires. On sent des éléments inhérents à la scène avant-gardiste des DEATHSPELL OMEGA, mais aussi des fulgurances du MAYHEM moderne et de l’EMPEROR de tradition. Mais bien au-delà des références, là où les clivages disparaissent, A Reckoning With The Intangible se montre insaisissable, intarissable, et très intelligent pour placer des silences lourds de sens.
« Shattered and Broken At The Base Of Time Part I » possède cette patine punk que les artistes de l’underground américain aiment tant. Le son de basse, l’épure esthétique et la folie générale le confinent à une pathologie mentale traitée par des électrochocs puissants, et le cerveau subit des charges impensables, même lorsqu’une impulsion presque Rock n’Roll prend le dessus.
On ne se refuse donc rien, mais on reste dans le cadre. Pas question de baver sur les côtés, l’œuvre est libre mais précise, et le coup de pinceau assuré. Si le Black Metal est le sous-genre le plus fertile et productif, s’il fait parfois preuve de complaisance envers des albums enregistrés comme des maquettes foirées, il sait aussi se montrer inflexible lorsque sa réputation en dépend. Et cette réputation est renforcée par « Shattered and Broken At The Base Of Time Part II & III », maelstrom de sons presque imperceptibles, de beats pulsés à la limite de l’hystérie, et de lignes de chant qui se perdent dans le lointain d’un mix peu porté sur les harangues de premier plan.
Classicisme et culot, telles sont les deux mamelles exposées d’un groupe qui donne la tétée à l’expérimental. Mais un expérimental raisonnable, et plus concentré sur la forme que le fond. Avec un nombre conséquent d’idées, et une envie d’aller plus loin que les autres, A.S (guitare/chant) tisse une toile où s’engluent les insectes les plus imprudents, et les auditeurs les moins regardants.
Aussi mortellement séduisant qu’il n’est macabrement épuisant, A Reckoning With The Intangible est une œuvre qui s’inscrit dans une discographie riche et cohérente. Dix ans au service d’un Black Metal puissant, original et décadent, pour un parcours différent, mais des échos qui résonnent loin d’un épicentre trop restrictif.
A vous de jouer, et à vous de vous évader, au son de « Particles At Dusk », qui peint un crépuscule rougeoyant à la limite de l’enfer sur terre.
Titres de l’album :
01. Rotting Linearity
02. Shattered and Broken At The Base Of Time Part I
03. Shattered and Broken At The Base Of Time Part II & III
04. Particles At Dusk
Il faudrait que je redonne une chance à ce disque. Je l'avais trouvé non seulement trop différent mais un peu tiède (le changement d'intensité... comme si on rétrogradait de la cinquième à la troisième vitesse) et n'y s(...)
29/01/2025, 23:16
J'ai déjà entendu Carcass jouer des extraits de "Swansong" en live par le passé. Et moi aussi j'aime bien cet album, sorti pile à la période où je venais de découvrir le groupe et le Metal extrême plus largement. (...)
29/01/2025, 22:29
En même temps, pour Swansong, ils ont raison, ce disque est tout simplement excellent ! Il n'y a pas un morceau à jeter. "Keep On Rotting In A free World", "Reek The Vote", "Tomorrow Belongs To Nobody", "Polarized", "Go To Hell",(...)
29/01/2025, 16:45
Carrément des morceaux de Swansong ?!? Je suis étonné, pour Carcass. Ils assument bien tous leurs disques.
29/01/2025, 16:38
@ Arioch91 : ouais, on serait d'accord sur ce point, avec un bémol pour Kreator qui maintient pour moi le meilleur niveau possible. OK ils ne se réinventent pas mais la qualité reste quand même super élevée comparée à la concurrence. D&a(...)
29/01/2025, 16:37
Merci monsieur Gargan! Faut vraiment être fan pour ne pas se "contenter" du t shirt en plus du disque....
29/01/2025, 13:30
Pas présent pour cette date. Trop vu Carcass ces dernières années (l'excuse de bourgeois...). Mais j'avoue que Rotten Sound ça me tentais tout de même. Une autre fois...
28/01/2025, 23:44
+1J'en dirai autant de Testament, Kreator ou Exodus.Leur musique ne me fait plus autant vibrer qu'avant.
28/01/2025, 19:43
Pardon mais pour les "vétérans", les édentés qui ont connu la sortie de "Reign In Blood", c'est quoi " Quill" et "Coasters"?
28/01/2025, 13:48
Plus d'éditions que de tracks; s'il y a une chose que Dani n'a pas perdue au fil des ans, c'est bien le sens du business.
28/01/2025, 13:24
Le milieu de metal aura poncé le truc des années 80 jusqu'au bout - j'en peut plus de voir des néons rose partout.
28/01/2025, 13:15
Testé y'a quelque temps et en effet c'est pas mal. Cela démonte un peu les clichés sur la faible qualité de la scène Russe (contexte géopolitique mis à part).
27/01/2025, 11:35
Merci pour ces tops et les suggestions d'albums.6 albums qui m'ont beaucoup plus en 2024 :Black Curse – Burning in Celestial PoisonBlood Incantation – Absolute ElsewhereChat Pile – Cool WorldKanonenfieber – Die UrkatastropheSpectral Wou(...)
25/01/2025, 14:23
Le grand drame du metal est de mal se marier à l'audiovisuel généralement. C'est très vite too much. Hâte de découvrir la 3e partie de ce passionnant dossier néanmoins. Merci mortne2001.
25/01/2025, 14:18
Vu à Rennes à L'Étage mardi dernier, il y avait un concert de Clara Luciani au Liberté juste à côté. 2 salles 2 ambiances :)Le concert ayant pris un peu de retard, j'ai trouvé Carcass un peu expéditif mais l'ex&ea(...)
25/01/2025, 14:15