Cette matinée sera décidément placée sous le signe de l’éloignement de la zone de confort, puisque j’aborde maintenant le cas d’un groupe venu des Pays-Bas et pratiquant une musique très éloignée de mes obsessions habituelles. Entendons-nous bien, je n’ai rien de particulier à reprocher à un ensemble se plaçant sous des auspices Death mélodiques, mais je dois avouer que le genre a commencé et achevé de m’intéresser avec la vague scandinave du genre et des groupes comme AT THE GATES et SOILWORK. Sans vraiment savoir pourquoi cette excroissance ne m’intéresse pas plus qu’un vieux croissant rassis posé par erreur sur la table du petit déjeuner, je concède une aversion particulière pour les mélodies faciles intégrées à un contexte de violence, plus particulièrement lorsque les artistes impliqués se réclament d’un niveau technique leur permettant de s’affilier à la vague Techno-Death. Vague qui ceci dit en passant fait plus preuve de fausses ambitions que de réelle création, et se contentant la plupart du temps d’accumuler les plans percutants en les agrémentant de quelques fantaisies individuelles sans vraiment chercher à construire une ambiance élaborée et véritablement prenante. Mais c’est l’esprit affranchi de toute contrainte que j’ai écouté le premier longue-durée des bataves de THE INVICT, et sans y trouver une épiphanie musicale susceptible de me faire revoir mes préjugés, j’ay ai vu une sorte de compromis intéressant entre plusieurs vecteurs de jeu, et surtout, un travail de variation digne de mériter votre attention, puisque outre un réel désir de s’extirper d’un carcan un peu trop ferme, ces hollandais ont le mérite de proposer de véritables chansons, et non de simples inserts démonstratifs parfaitement rébarbatifs. Peu d’informations circulant à leur sujet en dehors de leurs pages officielles, je ne peux que préciser que ce quatuor (Teun van den Boom - chant, Bas Peters van Nijenhof - guitare, Jesse van der Roest - basse et Tim Driessen - batterie) vient de 's-Hertogenbosch, au nord du Brabant, qu’il fut créé en 2013, et qu’il a déjà publié un premier EP, This Cracking Shelter en août 2015 comme carte de visite tout à fait probante.
Après avoir travaillé sa copie et pris son temps pour imposer sa vision des choses, le quatuor nous en revient donc avec une bordée de morceaux dans sa musette, et sans faire tomber les barrières de style, parvient à nous convaincre du bien-fondé de sa démarche en piochant dans divers sous-genres de quoi faire bouillir sa marmite de violence. Ce soleil qui ne se lève jamais fait donc partie d’une catégorie d’entrées en matière parfaitement convaincantes, mixant l’équilibre d’un Death technique à l’efficacité d’un Groove Metal performant, taillant dans le gras du Metal de quoi se rapprocher d’un Hardcore vraiment teigneux, mais résolument épais. Et caché sous une superbe pochette bi chromique se cache donc un LP totalement crédible, quoi que encore très proche de ses racines, mais non dénué de quelques surprises. Premier constat, le groupe n’a pas cherché la déstabilisation créative, mais bien l’efficacité effective. Même si certains morceaux contiennent leur lot de brisures rythmiques, de riffs déviants et de breaks hypnotiques, le but avoué est de faire mal, de frapper fort, et de laisser le souvenir d’un groupe en plein effort. On ne peut reprocher à des musiciens de préférer l’efficience à l’inventivité, et si quelques plans suggèrent des écoutes répétées d’influences marquées, le tout dégage un sentiment d’urgence et de fraîcheur qui fait plaisir à entendre. Certes, j’en conviens, en moins de quarante minutes pour se tailler une réputation, pas le temps de se poser des questions, mais même avec ces impératifs d’évidence en tête, THE INVICT séduit de sa pluralité, échappant à toute catégorisation trop restrictive, et en jouant au chat et à la souris avec toutes les formes de Death contemporaines. Et si « My Shrine », lancé en éclaireur joue le jeu d’un Néo-Death scandinave très marqué, sa puissance assez convaincante lui permet d’imposer quelques blasts bienvenus pour se rapprocher d’un Death à tendance BM assez séduisant, et évidemment très percutant. Son global pertinent et grave, d’une lourdeur conséquente, mais permettant à chaque instrumentiste de s’exprimer librement (même si la basse semble avoir été occultée au mix et que la double grosse caisse triggée n’est pas franchement inventive), pour une traduction contemporaine d’un langage 90’s assumé, accepté en citant des références avouées (GOJIRA, MESHUGGAH, DEVILDRIVER, LAMB OF GOD, beau résumé).
Bien sûr, tout ceci reste encore un peu formel, et subtilement timoré. Mais en associant la fluidité d’un groove Metal vraiment syncopé et la rigueur d’un Death rigide et imposant, les hollandais parviennent à trouver un équilibre sinon fascinant, tout du moins intéressant, ce que des compositions comme « King Nothing » et ses successions d’idées et « Blacklist » prouvent de leur allant puissant et de leurs parties instrumentales peaufinées. On sent que le groupe a bossé pour en arriver là, et que la précision n’est pas le fruit d’un hasard heureux, même si l’on souhaiterait parfois que le quatuor dilue un peu son propos dans des considérations plus nuancées. D’autant plus qu’il en est tout à fait capable, lorsque le pilotage automatique bascule de la position « agression » à « modulation », sur un titre comme « A Sun That Never Sets », qui cherche enfin dans les mélodies amères et la pesanteur une échappatoire à sa logique outrancière. C’est certainement dans ces instants-là que les THE INVICT montrent tout leur potentiel, et laissent espérer un avenir moins prévisible, et « Reduced to Ash & Dust » de confirmer cette impression et de transformer la seconde partie de l’album en épilogue poisseux et nauséeux, sans évidemment trop s’éloigner de l’impact cherché initialement. Mais à trop empiler les plans chocs et les idées claquantes, le groupe risque de se fondre dans la masse, et de rejoindre les rangs déjà très chargés des suiveurs de tendance, alors même qu’on réalise assez vite qu’il a les arguments pour s’extirper d’une condition trop bien tracée. Néanmoins, et aussi formels soient-ils, les titres les plus costauds ne manquent pas de charme brutal, et amène avec un certain flair la transition opérée à mi- œuvre, passant d’une véhémence de tous les instants à des réflexions plus posées et maîtrisées.
On en sent d’ailleurs de légers prémices sur le terriblement concassant « Our Dying Chance », qui ose enfin le mid-tempo gluant et les harmonies déviantes, et qui s’avère l’un des plus accrocheurs du lot. En travaillant plus sur ce décrescendo glauque et sombre, les hollandais ont largement de quoi concocter une suite assez intrigante à leur carrière, et j’attends avec une certaine impatience la suite des opérations. Pour le moment, et puisque le présent importe plus qu’un hypothétique futur, A Sun That Never Sets reste une carte de visite qui intrigue, et incite à ouvrir les portes violemment, sans se vouloir simple exutoire pour headbanger en mal de rupture des cervicales.
Titres de l’album :
1.My Shrine
2.King Nothing
3.Blacklist
4.Floating Arrows
5.Our Dying Chance
6.A Sun That Never Sets
7.Reduced to Ash & Dust
8.Deliverance
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