A Tale of Sin & Sorrow

Everyday Heroes

05/06/2020

Autoproduction

Des héros du quotidien ? Je pourrais en citer des centaines, spécialement en ce moment. Mais il y en a toujours eu, ces gens qui améliorent nos vies par leur travail ou d’autres avec de petits gestes et attentions, ceux œuvrant dans l’ombre sans gloire pour rendre l’humanité meilleure, les voisins attentifs, les mères dévouées, les infirmières, éboueurs, scientifiques, mais aussi, de manière plus nuancée, les artistes qui par leurs peintures, chansons, livres, sculptures, tags, nous permettent de nous évader d’un…quotidien justement un peu trop pesant. Et aujourd’hui, ces héros nous en viennent du Pays de Galles et osent un premier album en forme d’hommage pas du tout déguisé à la musique des années 70 et 90, mélangeant les deux comme certains modèles pouvaient le faire il y a plus de vingt ans. Quatre jeunes musiciens (Luke Phillips – chant/guitare, Daniel Richards – guitare/chœurs, Jay Haines – batterie et Lewis Watkins – basse) qui cette année fêtent la concrétisation de tous leurs efforts, avec ce premier album gorgé de riffs, de refrains à reprendre en chœur, le tout saupoudré d’un feeling southern parfaitement délicieux. Déjà auteurs de deux EP’s en 2016 (Everyday Heroes) et 2017 (The Other Side of Nowhere), les musiciens confirment donc tout le bien que leur public pensait d’eux, mais sont allés puiser leur inspiration du côté de l’Espagne pour réaliser ce premier long tant attendu.

« L’inspiration pour A Tale of Sin & Sorrow est venu de recherches effectuées sur le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, au nord-ouest de l’Espagne, que Dan a finalement effectué. La plupart des thèmes et des personnages de l’album proviennent de parallèles effectués avec la mythologie de ce très ancien voyage »

Des rockeurs gallois qui s’inspirent d’un pèlerinage mythique pour composer leur premier album, sans jouer de Folk mais plutôt un Hard Rock vraiment carton et concret, voilà qui n’est pas banal et qui nous éloigne des obsessions à la Tolkien ou de la routine Rock n’Roll. Enregistré et produit au Boneyard Recording Studio, à Neath par Andrew Francis et Phil Humphreys, A Tale of Sin & Sorrow est donc une affaire de Hard Rock à prendre très au sérieux. En utilisant les recettes de leurs deux premiers EP’s tout en allant encore plus loin dans l’accomplissement sonore, les gallois ont réussi à sortir l’album parfait réconciliant le Classic Rock, le Grunge et le Southern Rock, sans verser dans l’expérimentation hasardeuse ou le mélange douteux. C’est ainsi que SIR LORD BALTIMORE, LYNYRD SKYNYRD et PEARL JAM se retrouvent conviés aux agapes du recyclage, avec force guitares rugissantes et soli incandescents. Bien évidemment, vous ne serez pas complètement retournés par l’originalité du résultat, les chansons sonnant souvent comme des adaptations des BLACK CROWES repris par les STONE TEMPLE PILOTS de Core, le tout exhalant même parfois du parfum bien français de nos 7 WEEKS ou de POSTE 942, le tout transposé dans un langage anglo-saxon de naissance qui permet de taper dans le mille de la crédibilité. Premier constat, le son est chaud, épais, les guitares ne font pas semblant de riffer, et la rythmique est profonde sans tout engloutir. Avec des licks classiques mais efficaces, les gallois font le job, et peuvent s’appuyer sur une utilisation formelle des chœurs parfaitement efficace. Avec un rythme qui oscille entre le mid et le down tempo, et des syncopes bien tangibles, les EVERYDAY HEROES nous font taper du pied et méchamment headbanger, avec en exergue un lyrisme cru qui s’exprime parfaitement au travers de compositions faussement directes et simples (« Soul to Save », beau travail de Jay à la batterie qui n’a pas le coup de pied dans sa poche).

Les riffs sont donc nombreux, et toujours porteurs dans leur franchise. C’est ainsi que les entames du groupe mettent toujours les choses au point, pour que les couplets déroulent sur du cuir (« Victorious (Take my Chains) »). En tant que frontman, Luke Phillips assure de son timbre honnête et sans fioritures, ne cherchant jamais le vibrato qui lasse en laissant des traces, et assurant ses lignes de chant avec humilité mais classe. Son timbre médium un peu rauque fait merveille sur ces morceaux virils, qui ne crachent pas sur une certaine sophistication technique. Ainsi, après une ouverture sudiste traditionnelle, « Texas Red » ne fait pas grand cas de ses accointances, mais les enrobe dans une lourdeur instrumentale allégée d’une capacité technique individuelle notable, et surtout, d’une osmose générale très palpable. Et comme tous bons amoureux de la musique sudiste qui se respectent, les quatre gallois ne crachent pas sur un brin de boogie à la CANNED HEAT/ZZ TOP, et nous jettent en pâture le très dansant « Find my Way », qui à n’en point douter, leur permettra de trouver la leur. Très frais et dispo, ce premier album n’en reste pas moins des plus solides, avec toujours en exergue, cette façon de durcir le Hard-Rock et le Rock pour les rendre presque alternatifs dans le fond, grâce à un duo de guitares sombres et épaisses (« Standing Stones »). Une jonction entre les époques donc, et un clin d’œil aux nineties, quand les groupes laissaient tomber le clinquant des années 80 pour retrouver l’essence Rock originelle, celle des mastodontes LED ZEP, DEEP PURPLE, CACTUS, LUCIFER’S FRIEND et consorts. Toujours prompts à dégainer un thème qui accroche l’oreille, les EVERYDAY HEROES nous signent donc un manifeste de puissance, sans oublier les refrains qui caressent les tympans (« The Witch’s King »).

Autre performance à accorder au groupe, cette façon de s’intégrer à la mouvance nostalgique actuelle sans avoir recours à des citations trop appuyées. On sent que le groupe a un background classique, mais on comprend aussi qu’il veut affiner sa propre approche, sans trop s’ancrer dans une décade en particulier (« All Outta Faith », qui réconcilie FREE et EXTREME). Bien évidemment très à l’aise dans un registre viril, les musiciens se montrent aussi sensibles, et osent un brin d’acoustique et de délicatesse sur le très beau « The Crow », sorte de NOLA revu et corrigé Seattle des nineties. Avec quarante minutes au compteur, A Tale of Sin & Sorrow ne lasse jamais, spécialement lorsque le déhanché se prononce plus, et que nos hanches en demandent plus (« West of Forever », du CORROSION OF CONFORMITY en version accélérée). Et au bout du compte, à la fin de la dernière nuit d’un pèlerinage sur les terres des anciens, les gallois finissent par évoquer dans un rêve la rencontre entre Bob SEGER et METALLICA via l’emphatique et bluesy « Without a Throne », qui pourtant leur garantit leur place sur le trône des jeunes groupes à suivre de très près. Les héros du quotidien ont toujours cette humilité qui les empêche de se prendre pour des sauveurs, bien que le plaisir qu’ils donnent leur confère facilement ce statut.      

                                                                                                 

Titres de l’album :

                         01. Texas Red

                         02. Find my Way

                         03. Standing Stones

                         04. The Witch’s King

                         05. Soul to Save

                         06. Victorious (Take my Chains)

                         07. All Outta Faith

                         08. The Crow

                         09. Breathe Again

                         10. West of Forever

                         11. Without a Throne

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par mortne2001 le 04/06/2020 à 17:31
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