Non, enlève ces clichés de ta tête, il n’y a pas que de gros bourrins au Brésil. Certes, le chaos y règne en maître, mais il existe aussi d’honnêtes artisans qui ne se reconnaissent pas dans l’extrême de l’extrême. Et j’ai justement une preuve sous la main, le premier album d’URDZA. Si tu ne les connais pas, rien de grave, puisqu’ils sortent à peine de l’œuf, n’ayant publié jusqu’à présent que deux singles. Voilà donc leur grand soir arrivé, un soir plutôt légèrement chargé, puisque ces dix morceaux atteignent seulement les quarante minutes de jeu.
Mais ça suffit amplement pour se faire un jugement. Quintet originaire de São Paulo, URDZA pratique ce qu’on pourrait appeler un Heavy Thrash de très bonne facture, agrémenté de quelques figures techniques non négligeables. Mais quelle est donc cette guerre que le groupe nous décrit ? Une guerre contre soi-même d’accord, mais à quel niveau ? Maladie mentale ? Dépression ? Nous n’en saurons pas plus, sauf si en bon anglophone vous vous intéressez aux textes, disponibles via dix lyrics videos sur YouTube.
Notons donc que ces cinq compères (Cid Costa - basse, Dan Abreu - batterie, Hugo do Prado - guitare, Heitor Prado - chant et Gustavo Corrêa - guitare) ont des ambitions, qui se concrétisent au premier degré par une production nette et claire. Ce qui nous permet d’apprécier en toute tranquillité ce mélange de violence modérée et de mélodies appuyées, dans la plus pure tradition d’un ARMORED SAINT de début de carrière, en version plus musclée.
De bonnes références donc, et des individualités notables. Si la voix de Heitor pourra rebuter certains pavillons délicats, la prestation de Dan Abreu sur ses fûts mettra tout le monde d’accord. Le preste batteur sait y faire pour glisser quelques doubles croches de grosse caisse et écraser ses cymbales avec flair, et il se présente comme le poumon de cet organisme qui grâce à lui, tourne rond.
Musicalement parlant, les choses sont assez simples. A War with Myself ne cherche pas l’originalité, mais bien l’efficacité. Ce qui est assez évident dès le title-track placé en ouverture, qui s’appuie sur un riff redondant pour poser son séant. La ligne de conduite est limpide, l’investissement notable, et on se laisse entraîner dans une valse sans hésitations, spécialement lorsque les syncopes s’invitent au banquet. En toute honnêteté, il convient aussi de souligner que les harmonies de guitare ne sont pas toujours pertinentes, et leur son assez mièvre dans les aigus. Ceci n’étant qu’un reproche mineur, vu la qualité du travail fourni.
Il y a même quelques envolées qui m’ont rappelé les mythiques HADES, dans une certaine mesure, lorsque Heitor part dans les aigus et que l’instrumental se fait plus cru. Vous l’aurez compris, le Thrash n’est qu’une composante du champ d’action des brésiliens, qui sont souvent plus proches d’un Heavy à la PRIEST/MAIDEN (« Sinner Or Liar » ressemble d’ailleurs à un leftover de l’époque Fear of the Dark), que d’une furie à la METALLICA/EXODUS. L’intensité prime donc sur la vélocité, même si le quintet se permet parfois quelques libertés avec les limites de vitesse. « Damnation » prend donc les virages pleine bourre, et fait gicler les graviers dans le ravin, le pied droit écrasant la pédale sans se soucier du lendemain.
En mode énervé, le groupe est d’ailleurs très crédible, et se souvient des attaques des WILD DOGS, impression confirmée par le mordant et pugnace « Rising From The Fire », qui bien que plus raisonnable, laisse quand même les watts bouillir et la caisse claire se maudire. Ce petit intermède plaisant permet de faire la transition avec la seconde moitié d’album, dont « Sign In Blood » bat le rappel avec beaucoup d’emphase. Les riffs se modernisent, piochent dans les années 90, tandis que des chœurs tout à fait probants renforcent la défense.
URDZA revient alors sur son terrain de prédilection, et soigne même un petit instrumental tout à fait capable (« Imperial Seal »), avant de terminer sur un gros morceau. « Dark Ritual » soigne donc la sortie, pour bien marquer les mémoires, et y imprimer le style d’un groupe très plaisant à l’oreille. Comme quoi, la recherche d’exotisme n’est pas toujours la façon la plus probante pour s’imposer, pas plus que la nostalgie à outrance. URDZA joue un Metal personnel, qui n’est ni moderne ni passéiste, et pourtant les deux à la fois.
Le Brésil sait faire dans la finesse pour attirer les touristes. Quitte à les rendre sourds quelques minutes plus tard.
Titres de l’album:
01. A War With Myself
02. Wrath Of God
03. Living In Fear
04. Sinner Or Liar
05. Damnation
06. Rising From The Fire
07. Sign In Blood
08. Dawn Predator
09. Imperial Seal
10. Dark Ritual
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