Parfois, faire peau neuve peut entraîner un certain rajeunissement. Je ne vous parle pas d’esthétique, de crèmes, d’onguents, de sébum, de cavités, de comédons et autres raffinements faciaux, mais bien d’un renouvèlement de personnel. Beaucoup de groupes changent de line-up comme de chemise, avec des résultats pour le moins fluctuants. Mais les danois de DETEST ont vraiment fait le bon choix. En intégrant à la formation le guitariste prodige Anders L. Nissen, DETEST s’est lui-même propulsé dans une autre dimension, plus complexe, plus dense, et plus exigeante. Et ce qui est un constat objectif après écoutes attentives de ce troisième album, est confirmé par le leader John Petersen lui-même, qui ne tarit pas d’éloges à l’égard de son nouveau partenaire :
Sa technique et son apport créatif ont enrichi le son du groupe par le biais de textures complexes et d’une puissance écrasante. Ensemble, Jesper et Anders ont donné à DETEST une nouvelle impulsion, ajoutant des strates en profondeur et une qualité qui élèvent cet album au-delà de tout ce que nous avons fait auparavant.
Vous me direz, à juste titre : « bla, bla, discours promotionnel, meilleur album jamais enregistré, on connaît la chanson ». Mais en avez-vous l’air ? Car si John Petersen joue effectivement les louanges habituelles en conditions de sortie d’album, ses propos n’en sont pas moins très vrais. L’approche d’Anders a permis au duo de base (John Petersen - guitare, Simon Springborg - basse/chant) d’ouvrir son champ du possible, et de signer une œuvre fascinante, entre Death purement brutal et ambitions progressives et mélodiques certaines.
Trois albums pour des décennies de carrière, c’est assez peu. Si les fidèles et les complétistes n’ont jamais pu oublier la sauvagerie brute de Dorval, sorti un peu tard en 1994, les accros s’en remettent eux au bilan plus que positif de We Will Get What We Deserve, l’album du comeback. Il eut été facile de tous les caresser dans le sens du manche, mais DETEST est bien plus malin que ça. D’où cette exploitation des capacités nouvelles, et cette envie d’en faire toujours plus, et de refuser toute bride.
Découle de cette découverte une intro superbe et mélodique, qui met immédiatement les choses au point. « It's Over » présente la cuvée 2024 avec une délicatesse fort peu coutumière, nous gratifiant d’une envolée lyrique instrumentale en total contraste avec le reste de l’œuvre. Et lorsque la méchanceté de « Drowning in Detest » sort de l’ombre, notre propre sort est scellé. Nous allons disparaître corps et âme dans l’abysse que nous regardons de trop près depuis trop longtemps.
Loin des réflexes HM-2 aussi prévisibles qu’une Toussaint pluvieuse, A World Drowning In Detest combine la puissance des anciens, et la force de persuasion des contemporains. Recommandé dans un élan de facilité aux fans de PESTILENCE, MASSACRE, DEATH, ou OBITUARY, ce troisième album ne ressemble ni à l’un, ni aux autres, même si certains passages peuvent évoquer le retour de MASSACRE sur la scène internationale après le départ de Rick Rozz de DEATH. Vilain, grognon, lourd et véloce, DETEST a abandonné toute mesure, et avance à découvert. Nouvelle pierre blanche sur le parcours du groupe, ce tome fait la part belle à un travail mélodique très ingénieux, mais aussi à une certaine diversité rythmique. En choisissant de varier le tempo et les ambiances, le quatuor signe l’un des efforts les plus remarquables de cette fin d’année, en profitant d’une production profonde, nette, mettant la section rythmique à l’honneur, et conférant au chant de Simon Springborg une gravité rocailleuse tranchant avec la fluidité des interventions en solo.
« F.Y.M.M.F. » est un exemple flagrant de ce décalage entre une base saine et morbide, et un glaçage plus enjoué et lumineux. Se traînant sur un down tempo appuyé, ce titre donne le sentiment que le quatuor a confié le micro à Kam Lee pour produire un inédit très valable de MORBID ANGEL, dans le registre de « Where the Slime Lives ». Mais on pense évidemment à DEICIDE, sans ses accès de fureur, et dans tous les cas, à une synthèse très probante de tout ce que le Death old-school a pu nous débiter depuis ses débuts.
Il est toujours très difficile de jouer sur la frontière séparant la brutalité de la sophistication. D’ailleurs, DETEST a préféré garder un peu de marge pour ne pas sombrer dans les affres de la prétention, histoire de conserver son ADN bestial intact. « Never Can Be Banished » le souligne avec beaucoup de persuasion, s’en remettant à des à-coups très judicieux qui découlent sur un mid tempo méchamment catchy.
Album peaufiné, bichonné, mais aussi maltraité, A World Drowning In Detest vise la perfection dans son créneau, et flirte avec elle de façon très poussée. Nous évitons ainsi les formules toutes faites de milieu de repas, pour que la soirée ne perde pas en intensité. Le vibrato diabolique et la dualité vocale de « As I Expected », l’assombrissement soudain de « Supposed to Suffer » permettent aux danois de rouler sur du verre pilé, et de nous emmener à bon port sans trop souffrir de la houle.
DETEST pourrait bien - et j’insiste sur la probabilité - avoir sorti son meilleur album. Le plus probant, le plus pointu, mais aussi le plus efficace. Le genre de truc que personne ne peut détester. Ce qui est pour le moins ironique lorsqu’on choisit un tel patronyme. Ceci étant dit, LOVE était déjà pris, et totalement hors contexte.
Titres de l’album:
01. It's Over
02. Drowning in Detest
03. Bullet Rain
04. Misery Stand in Line
05. F.Y.M.M.F.
06. Never Can Be Banished
07. As I Expected
08. Supposed to Suffer
J'y vais perso, sans doute pour la dernière fois, mais ma liste de concerts d'ici le festival me donne clairement beaucoup plus envie de ce line-up décevant.
11/12/2024, 19:49
Quand on voit la photo, va falloir qu'on lui achète un peu de matos pour remplacer l'ami Nicko.
11/12/2024, 19:47
Bon, ben, maintenant, on sait (voir sa dernière vidéo sur YouTube), Kevin n'est pas dans ARCHSPIRE mais à France Tabasse (ou plutôt Tadrum) !
11/12/2024, 19:19
C'est quoi le Hellfest (ha ha) ? Comme si c'était le seul festival de France. Certes, c'est le plus important mais bon, il n'y a pas que ça, merde. Et encore un livre de plus sur le sujet. Et dire que déjà à une certaine époque, je tro(...)
11/12/2024, 19:10
Honnêtement il y a de quoi faire pour un gros metalleux n'empêche Exodus, Dream Theater, Savatage, Judas Priest, Jerry Cantrell, Abbath, Epica Mais pas pour 300 euros le billet mdr
11/12/2024, 17:13
Quelques mots éclairants de Bruce : https://www.facebook.com/reel/1073351141139243?mibextid=rS40aB7S9Ucbxw6v
11/12/2024, 15:43
J'm'étais dit que pour une fois je posterai pas sur cette news du HELLFEST...Perdu.Comme quoi ce fest est tout de même LE sujet qui nous fait encore tous réagir bordel...Indécrottables.
11/12/2024, 11:33
1) "S'ils ne vous aiment pas ne les aimer pas non plus"Belle réf... ... ...2) "Au moins Jerem pourra revoir FALLING IN REVERSE"Coup sous la ceinture.3) "Sinon question cible du Hellfest j'étais dans une des premiè(...)
11/12/2024, 11:29
@ DPD : oh bah quand même : Samaïn Fest, Muscadeath, Pyrenean Warriors, Xtreme fest, Courts of Chaos, Superbowl of Harcore, Lezard’os, Winter Rising Fest, Obscene Extreme, Anthems of Steel, Party San, Mosh Fest, Les Lunatiques, British Steel, etc...On parle et / ou r(...)
11/12/2024, 11:05
Il n'y a aucune info sur son recrutement dans Archspire ... Juste les auditions effectuées. Alors, breaking news ou susceptibilité ?
11/12/2024, 07:31
Sinon c'est bien gentil mais vous ne signalez même pas les annonces de petits festivals spécialisés. Vous parlez du Forest Fest, ce genre de trucs ? j'ai jamais vu d'annonce ici.
10/12/2024, 19:38
Sinon question cible du hellfest j'étais dans une des premières éditions et j'en suis embarrassé vu la chiasse que c'est devenu, j'y ai contribué, j'y ai cru, j'ai financé ce monstre en devenir.. Miserere.
10/12/2024, 19:32
Absolument pas lol, tu as des groupes de ricains qui font directement référence à la scène black norvégienne des 90's aujourd'hui, c'est pas mon truc mais ils sont là et fonctionnent bien. Et à titre personnel je n'ai jamais app(...)
10/12/2024, 19:27
Cypress Hill est le groupe le plus Metal du Hip Hop, l'album Skull & Bones en est un exemple criant et le plus immédiat, mais surtout, l'ambiance de leurs albums est ultra sombre, j'aime beaucoup leurs albums jusqu'à Skull & Bones justement. Disons que &c(...)
10/12/2024, 18:54
Je crois que peu de gens ici (en tout cas ceux qui commentent habituellement) sont de toute façon clients de ce Fest et donc concernés par ce qu'il est devenu. Consternés, à la limite. :-D. Car ça fait un moment que la frange extrême du public v(...)
10/12/2024, 18:46
Non mais même si tu veux faire dans le hip-hop dark (et noisy de préférence), tu as des tas de types qui ont plus leur place. Mais dans le cas présent oui ils sont à la maison, il faudrait arrêter de relayer les annonces de ce festival sur tout site sp&eacu(...)
10/12/2024, 17:13
Cypress Hill ils ont fait des feat avec des groupes de Metal et aussi un projet avec Morello de RATM...Mais sinon c'est du Hip Hop
10/12/2024, 16:50
Par contre Cypress Hill je veux bien une explication, car encore Muse on peut trouver une filiation lointaine, mais n'étant pas du tout fan de ce style, là je sèche...
10/12/2024, 16:33