A World Drowning In Detest

Detest

06/12/2024

Emanzipation Productions

Parfois, faire peau neuve peut entraîner un certain rajeunissement. Je ne vous parle pas d’esthétique, de crèmes, d’onguents, de sébum, de cavités, de comédons et autres raffinements faciaux, mais bien d’un renouvèlement de personnel. Beaucoup de groupes changent de line-up comme de chemise, avec des résultats pour le moins fluctuants. Mais les danois de DETEST ont vraiment fait le bon choix. En intégrant à la formation le guitariste prodige Anders L. Nissen, DETEST s’est lui-même propulsé dans une autre dimension, plus complexe, plus dense, et plus exigeante. Et ce qui est un constat objectif après écoutes attentives de ce troisième album, est confirmé par le leader John Petersen lui-même, qui ne tarit pas d’éloges à l’égard de son nouveau partenaire :

Sa technique et son apport créatif ont enrichi le son du groupe par le biais de textures complexes et d’une puissance écrasante. Ensemble, Jesper et Anders ont donné à DETEST une nouvelle impulsion, ajoutant des strates en profondeur et une qualité qui élèvent cet album au-delà de tout ce que nous avons fait auparavant. 

Vous me direz, à juste titre : « bla, bla, discours promotionnel, meilleur album jamais enregistré, on connaît la chanson ». Mais en avez-vous l’air ? Car si John Petersen joue effectivement les louanges habituelles en conditions de sortie d’album, ses propos n’en sont pas moins très vrais. L’approche d’Anders a permis au duo de base (John Petersen - guitare, Simon Springborg - basse/chant) d’ouvrir son champ du possible, et de signer une œuvre fascinante, entre Death purement brutal et ambitions progressives et mélodiques certaines.

Trois albums pour des décennies de carrière, c’est assez peu. Si les fidèles et les complétistes n’ont jamais pu oublier la sauvagerie brute de Dorval, sorti un peu tard en 1994, les accros s’en remettent eux au bilan plus que positif de We Will Get What We Deserve, l’album du comeback. Il eut été facile de tous les caresser dans le sens du manche, mais DETEST est bien plus malin que ça. D’où cette exploitation des capacités nouvelles, et cette envie d’en faire toujours plus, et de refuser toute bride.

Découle de cette découverte une intro superbe et mélodique, qui met immédiatement les choses au point. « It's Over » présente la cuvée 2024 avec une délicatesse fort peu coutumière, nous gratifiant d’une envolée lyrique instrumentale en total contraste avec le reste de l’œuvre. Et lorsque la méchanceté de « Drowning in Detest » sort de l’ombre, notre propre sort est scellé. Nous allons disparaître corps et âme dans l’abysse que nous regardons de trop près depuis trop longtemps.

Loin des réflexes HM-2 aussi prévisibles qu’une Toussaint pluvieuse, A World Drowning In Detest combine la puissance des anciens, et la force de persuasion des contemporains. Recommandé dans un élan de facilité aux fans de PESTILENCE, MASSACRE, DEATH, ou OBITUARY, ce troisième album ne ressemble ni à l’un, ni aux autres, même si certains passages peuvent évoquer le retour de MASSACRE sur la scène internationale après le départ de Rick Rozz de DEATH. Vilain, grognon, lourd et véloce, DETEST a abandonné toute mesure, et avance à découvert. Nouvelle pierre blanche sur le parcours du groupe, ce tome fait la part belle à un travail mélodique très ingénieux, mais aussi à une certaine diversité rythmique. En choisissant de varier le tempo et les ambiances, le quatuor signe l’un des efforts les plus remarquables de cette fin d’année, en profitant d’une production profonde, nette, mettant la section rythmique à l’honneur, et conférant au chant de Simon Springborg une gravité rocailleuse tranchant avec la fluidité des interventions en solo.

« F.Y.M.M.F. » est un exemple flagrant de ce décalage entre une base saine et morbide, et un glaçage plus enjoué et lumineux. Se traînant sur un down tempo appuyé, ce titre donne le sentiment que le quatuor a confié le micro à Kam Lee pour produire un inédit très valable de MORBID ANGEL, dans le registre de « Where the Slime Lives ». Mais on pense évidemment à DEICIDE, sans ses accès de fureur, et dans tous les cas, à une synthèse très probante de tout ce que le Death old-school a pu nous débiter depuis ses débuts.

Il est toujours très difficile de jouer sur la frontière séparant la brutalité de la sophistication. D’ailleurs, DETEST a préféré garder un peu de marge pour ne pas sombrer dans les affres de la prétention, histoire de conserver son ADN bestial intact. « Never Can Be Banished » le souligne avec beaucoup de persuasion, s’en remettant à des à-coups très judicieux qui découlent sur un mid tempo méchamment catchy.

Album peaufiné, bichonné, mais aussi maltraité, A World Drowning In Detest vise la perfection dans son créneau, et flirte avec elle de façon très poussée. Nous évitons ainsi les formules toutes faites de milieu de repas, pour que la soirée ne perde pas en intensité. Le vibrato diabolique et la dualité vocale de « As I Expected », l’assombrissement soudain de « Supposed to Suffer » permettent aux danois de rouler sur du verre pilé, et de nous emmener à bon port sans trop souffrir de la houle.

DETEST pourrait bien - et j’insiste sur la probabilité - avoir sorti son meilleur album. Le plus probant, le plus pointu, mais aussi le plus efficace. Le genre de truc que personne ne peut détester. Ce qui est pour le moins ironique lorsqu’on choisit un tel patronyme. Ceci étant dit, LOVE était déjà pris, et totalement hors contexte.       

                                                  

Titres de l’album:

01. It's Over   

02. Drowning in Detest        

03. Bullet Rain          

04. Misery Stand in Line      

05. F.Y.M.M.F.         

06. Never Can Be Banished 

07. As I Expected     

08. Supposed to Suffer


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par mortne2001 le 07/12/2024 à 19:22
88 %    289
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