La dose d’ultraviolence Noisy du jour nous vient du Minnesota, et se voit livrée sous pochette noir et blanc par les furieux de WANDERER, qui ne traînent pas pour nous exposer leur point de vue brutal. Avec une production discographique entamée en 2014, et une poignée de splits et EP’s à leur disposition, les américains se situent dans une veine de puissance fatalement nationale, qui s’enivre de chaos et de distorsion pour réduire nos oreilles à néant, et nous condamner à prendre rendez-vous chez l’ORL le plus proche. Sans faire grand mystère de leurs influences, les musiciens jouent crânement leur partition, un poil plus complexe que le grisant de base. Tentant parfois une approche Crust histoire d’accentuer la vilénie, mais se noyant avec régularité dans les stridences, Abandoned nous trace une route pavée de mauvaises intentions, reposant cela dit sur une production impeccable. Enregistré au Triple Rock Social Club (qui a depuis fermé ses portes), puis mixé et masterisé par Adam Tucker au Signaturetone, ce troisième courte-durée développe de beaux arguments Hardcore maladifs, et offre une indéniable diversité en cinq morceaux seulement. Articulé autour d’un line-up en quatuor (Brent Ericson - guitare, Mano Holgin - batterie, Brandon Carrigan - chant et Jack Carlson - basse), WANDERER peaufine son style et le radicalise, offrant des perspectives d’un longue-durée qu’on attend de pied ferme. Si les noms de TRAP THEM, de NAILS, de CONVERGE et autres PRIMITIVE MAN effleurent l’esprit à intervalles réguliers, ils n’en sont pas pour autant des balises précises. Disons juste que ces groupes permettent d’envisager avec une certaine acuité la brutalité et le manque d’empathie d’une formation qui sans bouffer à tous les râteliers, choisit ses ingrédients avec pertinence dans toutes les bonnes échoppes concurrentes.
Et dès l’entame « Burial At Sea », malgré une intro un peu amère et délicate, le ton est donné, et la violence omniprésente. Avec une guitare qui semble à l’agonie, mais qui retrouve tout son allant dès le déferlement de semi blasts, pas de méprise, l’efficacité est de mise et la brutalité décuplée. Le melting-pot est d’ailleurs patent dès ce premier titre, qui ose un son de guitare typiquement Death sur une rythmique purement Core. Le mélange des genres, inconscient ou pas, fonctionne, et empêche de sombrer dans une routine Crust/Noisy un peu trop prévisible, d’autant que le ton change assez rapidement, sans perdre son intensité. Et si « Dirt » démarre sur les chapeaux de roue, évoquant les scènes suédoises et anglaises, personne n’est dupe de ce son si torturé qui rattache l’entreprise à ses racines américaines. On pense éventuellement à un morceau des CONVERGE repris par ENTOMBED, sans le côté joyeux des HELLACOPTERS, pour cette propension à assombrir le chaos et le structurer, sans le discipliner. Feedback utilisé avec parcimonie mais efficience, ralentissement soudain, pour un chant entre Hardcore et Metal de la mort, et une souffrance tangible qui ne nous lâche pas d’une semelle. « Parasite », le plus bref du lot valide ces accointances avec la Kurt Ballou’s crew, et développe même un riff dont le guitariste/producteur pourrait se sentir fier. C’est donc éminemment bourrin, salement dissonant, mais cathartique à l’extrême sans tomber dans l’exagération. Le break central se noie d’ailleurs dans un marigot de proto-Sludge nauséeux, larsené au possible, histoire de rendre un petit hommage en passant aux PRIMITIVE MAN, ainsi qu’à la scène NOLA du sud. Vilain, mais jouissif.
« Crooked Smile » reste plus ou moins sur la même lignée, mais temporise de ses trois minutes. On retombe donc dans le sadisme d’un Chaotic Hardcore vraiment pervers, aux intonations douloureuses, mais à la portée maximale. En multipliant les plans et cassures, les WANDERER jouent sur du velours en papier de verre, et ne se perdent jamais en route, malgré les déambulations dans les couloirs de la violence la plus crue. Et en final, « Abandoned » se pose en apothéose, nous offrant même une participation vocale de Natalie Grace Krueger des NAÏVE SENSE, venue hurler comme un démon enragé sur l’un des morceaux les plus bordéliques de l’EP. L’union des deux voix est d’ailleurs parfaitement terrifiante, et permet de clôturer l’écoute en regardant sous son lit, histoire de voir si un monstre noisy ne s’y est pas glissé. Et pour résumer cette découverte somme toute percutante, osons dire qu’Abandoned perpétue un certain esprit Hardcore méchamment déviant et sale, souillé de stridences malsaines, mais aussi agité de soubresauts rythmiques prenants, et qu’il propulse les WANDERER sur le devant d’une scène très chargée, mais qui saura leur faire une place même s’il faut pousser. Un truc qui défoule, mais qui reste suffisamment intelligent pour faire fuir les foules. Et rameuter quelques tarés qui n’ont pas peur de voir leur audition endommagée.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
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