Tout a été blackisé. Le Hardcore, le Crust, le Thrash, alors, pourquoi pas le Grind ? Après-tout, autant pousser les extrêmes dans les coins, comme les cancres qui refusent d’écouter, ou qui font du barouf dans la classe après que le prof soit entré. Pas certain que cette punition leur fasse comprendre quoi que ce soit, mais on moins, ça permet de s’en débarrasser pendant un petit moment. Alors, blackiser, c’est bien, déviliser aussi, mais doit-on pour autant renoncer à toute civilité ?
Pas forcément, au moins peut-on garder la politesse de savoir jouer, ça peut toujours servir à quelque chose.
C’est certainement ce qu’ont dû se dire les brésiliens de DEUSZEBUL qui depuis 2014 font tous les efforts du monde pour que leur bordel garde une prise avec une musicalité bien enfouie, mais indéniablement présente. Troisième effort donc pour cette bande de brutes dont nous étions sans nouvelles depuis Mantra Invertido, publié en décembre 2014 et qui nous avait collé une sacrée frousse. Certes, l’effroi était bref au regard de la durée très concentrée d’un EP qui ne cherchait pas à s’éterniser, mais les poils étaient bien dressés, et risquent de retrouver une certaine rigidité à l’occasion de ce diabolique Abandono, qui ne lâche rien, mais qui nous force à abandonner nos dernières illusions. Lesquelles dites-vous ? Celles qui nous laissaient penser que le combo lusophone avait décidé d’adoucir son approche pour moins nous raidir, puisque les sept pistes de ce troisième jet de bile sont aussi acides, violent, méprisantes et véhémentes que les précédentes. On note même un surplus d’énergie à l’occasion, et une production un peu moins relâchée, ce qui donne encore plus d’ampleur à leurs exactions sonores qui décidément, ne respectent pas grand code.
Black Grind, Black Crust, pour un subtil mélange d’essences, avec une hargne BRUTAL TRUTH, une démence FISSURE, une urgence MAGRUDERGRIND, le tout survolé d’une exhortation POSSESSED, pour un disque qui respire le mal par tous les porcs et les pores, et qui éructe ses litanies maudites sans discontinuer, mais sans non plus oublier de travailler son discours pour en augmenter la portée. Alors inutile de compter sur une charge non émotionnelle soutenue et non rompue, puisque les brésiliens savent très bien ce qu’ils font, et peuvent compter sur un bon sens de la composition pour ne pas tourner en rond.
Ce qui tourne par contre, c’est cette rythmique qui s’affole et bricole, en revisitant toutes les figures possibles, multipliant les fills, les breaks, les accélérations, les décélérations, pour insuffler à l’ensemble un tempo de fond suffisamment varié. Et sous une pochette signée Daniel Nec se cache donc un EP qui peut se découper en deux mouvements distincts, aussi bruyants qu’ils ne sont dissonants, avec d’un côté six morceaux radicaux, et de l’autre, un final plutôt sombre et glauque, s’étirant sur plus de huit minutes.
Du Crust donc, joué Grind, du Hardcore, joué Black to back, et un ensemble qui dégage une atmosphère incroyablement paillarde mais aussi malsaine, histoire de rester dans des clous déjà plantés sur la croix. DEUSZEBUL ne joue pas forcément la carte de l’originalité, mais celle de la brutalité, et n’hésite pas à appuyer la distorsion là où ça fait le plus mal en signant des hymnes à la cruauté bruitiste. Ce mélange de tendances toutes aussi exubérantes est une véritable démonstration de brutalité gratuite, et relègue la concurrence au simple rang d’ambiance.
Celle développée ici ressemble plutôt à un mélange d’enfer sur terre et de gueulante collective de diablotins sortis des entrailles de la terre. Et dès l’introductif « Emanações Sobre a Catalepsia », tout est dit, au point qu’on ne sait plus sur quel blast gigoter. Est-ce du Crust, du Grind, ou du Black ? Peu importe et les trois à la fois, disons juste que si ces descendants de DISCHARGE n’ont pas oublié de cacophoner, ils le font avec le manque de classe indispensable pour se faire remarquer. Ça hurle comme un goret, ça riffe circulaire en toute impunité, et le batteur ne manque pas une occasion de se faire remarquer. On pense à une version souillée et possédée de NAILS ou de NAPALM DEATH, qui auraient croisé le chemin de croix d’un MARDUK en version primitive (« Discípulo »), et à plein d’autres trucs tous aussi déments. Mais ça fonctionne, et pas qu’un peu, ce que démontre sans ambages le rouillé et abîmé « O de 100 Nomes e o Amor », aussi sale qu’un hymne Crustcore joué par des norvégiens déjà morts.
Mais comme ces tarés s’y entendent comme personne pour brouiller les pistes, Abandono se termine de la plus imprévisible des façons, via la conclusion « Novo Messias », qui se la joue oppression et pression pendant de longues minutes, avant de céder la place à un sample assez dérangeant, qui répète ses commandements ad nauseam. Difficile à ce moment-là d’éprouver la moindre empathie pour un groupe qui n’a de cesse de nous bousiller les oreilles à grands coups de feedback, de guitares en rasoir, et de lignes de chant pas vraiment sorties du conservatoire.
Libre à vous d’abuser d’un EP aussi corrosif, mais reconnaissons aux DEUSZEBUL de ne pas avoir fait les choses à moitié, et d’avoir encore fait reculer les frontières de la brutalité. Oui, tout a été blackisé, c’est un fait. Mais certains le font avec beaucoup plus de conviction et de tension que d’autres.
Titres de l'album:
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