Amateurs de poésie et autres douceurs musicales, vous pouvez retourner écouter RUSH ou Grégoire, cette chronique n’est pas pour vous. Ce premier album n’est en effet pas placé sous le signe de la technique instrumentale ni de la rime riche française. Il faut dire que Cleveland dans l’Ohio n’est pas réputé pour abriter les orfèvres du quatrain ou les maniaques du solfège. Dont acte avec l’émergence de cette nouvelle entité nauséabonde, ABRADED.
ABRADED (Nick Nedley - basse/chant, Patrick Pariano - batterie et Anthony Allen - guitare) propose un Death bien sourd et diffus, agrémenté de quelque fantaisies Grind, mais loin d’un simple Goregrind ou d’un Brutal Death paillard et téléphoné, ces trois américains joueraient plutôt la carte de l’ambiance fétide aux reflux gastriques acides. Ainsi, de riff morbide en accélération de zombi affamé, ce premier long offre un passage en revue de la violence américaine la plus crue, émanant directement des égouts de l’humanité, entre cabane perdue dans les bois et refus du darwinisme.
Aussi peu engageant que sa pochette, Abraded est une jolie collection de morceaux gravissimes, mais joyeux dans l’esprit. Pour peu que vous ayez celui d’un sociopathe avéré qui se complait dans le démembrement d’auto-stoppeurs perdus sur les routes de l’Ohio évidemment, mais cette gaité est vraiment contagieuse, d’autant que les musiciens s’y entendent comme personne pour doser les ingrédients de leur folie.
Du groove, mais pas de souris, un sens de l’à-propos rythmique qui concasse les oreilles, des riffs gras comme le bide de Richard, cinquante-sept ans, et accroché au plafond de cette grange empestant le sang séché et la tripaille, le belly ouvert jusqu’à la gorge, un chant évidemment incompréhensible mais loin des gargouillis insupportables du Goregrind, et une optique assez plaisante que l’on partage assez vite.
Ainsi, « Corpse Acquisition » pose les bases en deux minutes et un hurlement initial, traîne son beat comme une hache énorme, et prévient les randonneurs égarés des dangers à venir. Assez jouissif parce totalement décomplexé mais inspiré, Abraded est ce genre d’album qui redonne au Death le plus gras ses lettres de noblesse, de par son classicisme remarquable.
Alors, on tangue, on vocifère, et on se rend compte que les vingt minutes passent bien vite en la compagnie de ces psychopathes rigolos. Et si parfois, les choses s’affolent méchamment (« Unsavory Appetite »), on garde toujours prise avec la lucidité musicale, même violemment exprimée. Point de noise, point de chaos, juste à la limite, mais de quoi satisfaire ses instincts les plus lubriques. Une sorte de coït avec la mort sans les morceaux de peau de la nécrophilie, et une acceptation de ses travers les moins avouables. D’autant que les soli sont très propres, et que quelques mélodies parviennent à se tailler une place entre les chairs pourries.
Pas plus de trois minutes (« Ineffable Suffering » macabre à souhait et tendre envers un AUTOPSY revenu du royaume des fous), ou juste une poignée de secondes (« Abraded » hymne à tous les tueurs de la planète), ABRADED a le sens du timing, et fait gicler le sang dans nos oreilles avec un sens du partage assez notable. Pas de quoi fouetter un chat ou bouffer une étudiante, mais de quoi passer un excellent moment, entre samples bizarres et riffs d’outre-tombe (« False Valor »), et agression gratuite entre deux jurons locaux (« Poison of the Steel »).
Certes, pas le truc qu’on va citer pour impressionner ses collègues de boulot, mais un court défouloir sympathique qui vomit sa bile sur Raimbaud et Yeats. A table, les tripes vont refroidir.
Titres de l’album :
01. Corpse Acquisition
02. Unsavory Appetite
03. Obsidian Soul
04. You Can't Take Me Alive
05. Ineffable Suffering
06. Tecpatl
07. Poison of the Steel
08. Abraded
09. False Valor
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