Du Death old-school, voilà qui n’a rien de surprenant. Du Death old-school paraguayen, c’est déjà plus exotique. Mais dans les faits, cette origine apporte-t-elle quelque chose de neuf à l’affaire globale du dossier nostalgique ? Pas grand-chose non, puisque les VERTHEBRAL auraient tout aussi bien pu être américains, allemands, brésiliens ou indiens, personne n’aurait vu la différence. S’il n’y avait cet intermède mélodique un peu plus symptomatique sur « The Art of Perversion », nul n’aurait imaginé une telle provenance et c’est finalement tant mieux. Car on se contrefout de savoir d’où vient tel ou tel groupe, à partir du moment où il concasse sévère et qu’il aplatit grave. Et les VERTHEBRAL s’y connaissent justement en tassage de colonne vertébrale par abus d’assauts soniques, ils pratiquent l’osthéopadeath depuis quelques années et s’y étendent comme personne pour vous compresser les cervicales. Fondé en 2013, ce collectif de joyeux drilles n’en est donc pas à son coup d’essai, puisque sa courte carrière est déjà émaillée d’exploits en différentes formats. Le format court d’abord, avec un EP paru en 2015 (Adultery of Soul), mais surtout, un LP introductif, Regeneration, lâché deux ans plus tard. On trouvait sur ces deux supports tous les fondements de leur art, ce formalisme forcené, ce classicisme respectueux, et aujourd’hui, la suite des évènements nous est donc dévoilée par Abysmal Decay, leur second longue-durée. Mais rassurez-vous, comme Julio, les paraguayens n’ont pas changé, ils sont toujours les bruites épaisses que vous avez aimées, et pratiquent avec toujours autant de bonheur la dissection intégrale en utilisant les mêmes méthodes et instruments. Un coup de scalpel par ci, un coup de foreuse par-là, et l’affaire est faite, et le corps bien charcuté. Mais proprement, et sans effusion de sang. On a la classe où on ne l’a pas.
Signés sur le label d’esthètes indien Transcending Obscurity Records, toujours prompt à fouiller dans les poubelles de l’underground de quoi alimenter son centre de retraitement, VERTHEBRAL nous propose donc une digression intéressante sur d’anciens thèmes. Le quatuor (Christian Rojas – chant/basse, Daniel Larroza – guitare, Alberto Flores – guitare et Denis Viveros – batterie) ne se défile d’ailleurs pas au moment de recenser ses influences, et liste sur sa page Facebook des noms connus. MORBID ANGEL, DEATH, DEICIDE, OBITUARY, SARCOFAGO, NAPALM DEATH, MORGOTH, ASPHYX, CANCER, UNLEASHED, DISMEMBER, SEPULTURA, ENTOMBED, BENEDICTION, CARCASS, tout y passe, et du velu, et avouons que ce recensement presque exhaustif balise admirablement bien le terrain. Car sans vouloir être trop péjoratif, Abysmal Decay n’est rien de plus ou de moins qu’une synthèse parfaite de nos années Death 90’s, avec attaques au biseau, soli plus ou moins beaux, technique en filigrane pour ciseler l’ensemble, et énergie constante. Pas vraiment de quoi révolutionner le genre qui depuis quelques années se voit honoré sous sa forme la plus pure, mais de quoi enthousiasmer les fans d’une vision rétrograde et passéiste, mais délicieuse. Et comme pour mieux signer leur allégeance, les musiciens décident de se passer d’intro et/ou de tour de chauffe, et rentrent dans le vif des débats avec le lapidaire et immédiat « Ancient Legion ». Riffs pur jus, suintement rythmique, double grosse caisse qui ne connaît pas le sens du mot « modulation », chant grognon, et vogue la galère, de Tampa à Berlin en passant par Rio ou Stockholm, pour quarante minutes de classicisme savoureux, mais hautement prévisible.
Inutile de tergiverser, vous avez déjà entendu tout ce qui se trouve sur cet album, puisqu’il représente une moyenne de toutes les philosophies Death des origines. Entre l’inextricabilité des guitares qui canardent tous azimuts en multipliant les riffs homériques, une section rythmique à la basse enterrée dans le mix et une batterie omniprésente et hystérique, un chant raclé mais intelligible, et des constructions à tiroirs multipliant les cassures et les reprises, tout est joué d’avance, ce qui n’empêche pas cet album de faire preuve d’une euphorie dans le sadisme assez délicieuse. Certes, on pourra déplorer certaines figures de style un peu faciles, notamment dans les soli qui alternent les révérences à Trey (version épileptique) et Chuck (version propre et technique), mais le tout déboule comme une tempête après un typhon, et renverse tout sur son passage. Chaque morceau est une occasion de sortir toute l’artillerie, de combiner les passages écrasants et les envolées violentes, le tout sous couvert de quelques inserts mélodiques rendant le tout plus digeste. « Abysmal Decay » en représente un peu l’apogée avec son mi-chemin entre Leprosy et Altars of Madness, mais à vrai dire, chaque morceau est un archétype d’efficacité et de foi, à l’image de « Isolation Room » qui combine la pertinence accrocheuse de CARCASS et les efforts techniques bourrins de SUFFOCATION. On pense CANNIBAL CORPSE quand tout est vraiment exagéré, on songe parfois à la scène suédoise lorsque la froideur s’accentue (« Coronation of Envy »), et on constate quand même aussi que les plans se répercutent avec une régularité trop flagrante lorsque le chrono ne s’arrête pas quand il faut (« Sweet Home Illusion »). Un intermède romantique et mélodieux pour faire passer la pilule (« Obsidian Tears », école MORBID/PESTILENCE), avant une énième attaque sans pitié (« My Dark Existence », l’un des plus efficaces du lot), et le tout est passé comme dans un cauchemar d’embaumeur, un peu seul dans sa passion morbide.
Pas de quoi se relever une nuit d’horreur, mais de quoi passer un bon moment avec des connaisseurs.
Titres de l’album :
01. Ancient Legion
02. The Art of Perversion
03. Abysmal Decay
04. Isolation Room
05. Coronation of Envy
06. Absence of a God
07. Sweet Home Illusion
08. Obsidian Tears
09. My Dark Existence
10. Testimony of Hate
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