Alors ça, c’est moche, spécialement venant de nos cousins canadiens. On a souvent tendance à considérer les québécois comme des gens sympa, toujours souriants, affables, généreux, polis et pointus sur l’étiquette. Mais ne vous leurrez-pas de cette généralité : du côté de Quebec City existent aussi de méchants sauvages qui vous jettent des cailloux et rotent quand vous passez près d’eux.
Suivant cette option, je ne saurais que trop vous conseiller de jeter une oreille à la discographie particulièrement immonde des héros locaux, ces OUTRE-TOMBE si bien nommés. Depuis 2010, ce quatuor infernal (Vitesse - batterie, Cobra - guitare, Crachat - basse/chant et Désastre - guitare, petit dernier, mais depuis 2016) se complait dans un comportement de mécréants des égouts, de pourfendeurs de savoir-vivre, de sagouins de l’impolitesse musicale crasse. En deux longue-durée, ces hordes de cimetières abandonnés ont déjà publié deux pamphlets ne laissant planer aucun doute sur leurs morbides intentions. Répurgation en 2015 et Nécrovortex en 2018 entamaient donc ce cycle d’un album/glaviot tous les trois ans, cycle respecté scrupuleusement par Abysse Mortifère.
La philosophie de ces embaumeurs de joie de vivre est simple : jouer le Death Metal le plus basique qui soit, de la façon la plus crade qui soit. Maniaques de la production old-school, sèche comme un fémur balancé en pleine gueule, les canadiens continuent donc leur travail de profanation, et en les qualifiant de dignes héritiers du nord du sadisme d’AUTOPSY, je pense leur faire un joli compliment. Plus exactement, envisagez-les comme les enfants bâtards et illégitimes de Chris Reifert et DISMEMBER, histoire d’atténuer d’une touche de froid glacial le soleil de Floride. La musique d’OUTRE-TOMBE est sale comme une fosse commune, crade comme des égouts jonchés d’excréments et autres souillures douteuses. Dégoutante comme un étron retrouvé dans un sous-bois avec sa couche de papier-toilette assortie. Ça empeste la méchanceté, les gens qui ne se lavent jamais les mains, et la méchanceté gratuite des pionniers du genre.
En réfutant toute théorie d’évolution, les canadiens nous assènent encore un coup pendable derrière la nuque, et nous attachent à poil contre un arbre, avant de nous pisser dessus de concert et nous laisser en pâture aux ours bruns. Pourtant, cette apparente vilénie peine à dissimuler un art de composition consommé, et une instrumentation divinement sombre. Les riffs ne sont pas de simples prétextes à emballer la machine comme on glisse un corps dans un sac à cadavre, mais accrochent l’oreille, et font même bouger les jambes de leur groove imparable. Le chant parfaitement immonde de Crachat est une glaire qui reste collée à vos tympans, y répandant ses microbes littéraires avec une férocité teintée de primitivisme. Quant à l’inépuisable frappe de Vitesse, elle justifie le sobriquet du batteur avec force caisse claire.
OUTRE-TOMBE conchie la technique et les douches trop fréquentes. Leur Death Metal est aussi primitif qu’il pouvait l’être sur la genèse Severed Survival, les inserts Doom et glauques en moins, mais l’esprit farouche similaire. Le crédo est simple, et à l’image de ces titres sans nuances. « Desossé » cavale sur un beat pataud et fourbe, mais dès l’écrasement de double grosse caisse souligné par un riff que le DISCHARGE de légende aurait pu adouber, on sent la pression monter, et les os s’écraser sous le lourd poids d’un marteau de forgeron. Sans espoir mélodique inutile, sans rai de lumière qui ne ferait que montrer la sordide réalité plus crument, Abysse Mortifère est un gouffre duquel on ne s’extirpe pas, un traquenard mortel, et un avis de décès rédigé sur un vieux bloc-notes tâché de sang.
Efficace en tout instant, le quatuor canadien propose sa réaliste vision des choses sur la mort et la mort, la vie n’étant qu’une étape à franchir dans la douleur. « Exsangue » suppure de groove et prend aux tripes étalées par terre, alors que « Tombeau de Glace » ose l’intro la plus efficace de ces deux ou trois dernières années. Entre Death floridien rachitique et Death scandinave gelé, OUTRE-TOMBE plante sa pelle dans un sol aride pour creuser notre tombe avec un appétit féroce.
Rien à jeter sur ce troisième album qui fait honneur à son rang d’étape majeure sur un parcours mortifère. Une violence sourde, presque résignée, une colère faussée, des ambitions dans la simplicité, quelques fantaisies de croque-mort en folie (l’entame rythmique de « Nécrophage », qui laisse augurer d’une partouze des sens contre-nature), pour un final orgiaque laissant votre cadavre seul dans son linceul (« Haruspex »). Aussi moche que le destin ou un reflet de Donatella Versace peuvent l’être, aussi logique qu’une avancée vers une fin inéluctable, Abysse Mortifère relègue avec panache les deux-tiers de la production actuelle dans un crématorium pour disparaitre sans laisser trop de traces.
Titres de l’album:
01. Abysse Mortifère
02. Cenobytes
03. Coupe-Gorge
04. Desossé
05. Exsangue
06. Tombeau de Glace
07. Haut et Court
08. Nécrophage
09. Haruspex
N'ayant pas vu citer sur ce papier Asphyx, pourtant le plus grosse influ de nos Outre-Tombe, je me suis dit que ça avait changé un peu. Que nenni, c'est toujours aussi sympa à en juger par ce titre. En commande pour ma part. Je recommande les 2 premiers albums aussi
Tiens, tiens...
J'connais pas du tout, mais si on cause d'ASPHYX, forcément, cela me titille...
Titre pas mal mais me semble tout de même un peu "low cost".
J'vais de ce pas creuser la disco.
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09