Troisième album pour les suisses de CROWN OF GLORY, après vingt-deux ans de carrière. Un évènement qui se fête comme il se doit, cette étape marquant un tournant important sur le parcours d’un groupe. Et après A Deep Breath of Life en 2008 et King for a Day en 2014, les originaires de Büron reviennent avec une heure de musique histoire d’excuser leur longue absence de six années, à peine interrompue par la parution d’un single plus en amont en 2020. Ce long hiatus est-il pour autant pardonné par la qualité des compositions proposées, et pas seulement par leur quantité ? Oui, car les musiciens ont mis le paquet pour se faire bien voir et entendre de leurs fans, avec un véritable festival ininterrompu de mélodies, de refrains accrocheurs, de soli rageurs et de chœurs fédérateurs. Le sextet (Jonas Lüscher - basse, Marcel Burgener - batterie, Markus "Kusi" Muther et Hans "Hungi" Berglas - guitares, Philipp Meier - clavier et Heinz "Hene" Muther - chant) a donc accentué ses aspects les plus séduisants pour offrir une énorme bordée de hits ciselés dans le Heavy Metal le plus abordable, se posant en moyenne idéale entre la puissance scandinave, la rigueur allemande, et la souplesse américaine, sans jamais tomber dans les travers du FM sirupeux ou de l’AOR trop évident. Admettant des accointances avec les admirateurs d’EUROPE, PRETTY MAIDS, STRATOVARIUS, ROYAL HUNT et EDGUY, CROWN OF GLORY prône donc des théories plurielles, et l’écoute de cet Ad Infinitum prouve que leur champ d’action a été balisé avec précision, puisque ce Metal aux limites du Power est toujours aussi majestueux et puissant, sans négliger l’importance des harmonies les plus commerciales. Ce qui n’empêche nullement le groupe d’appuyer sur la pédale de volume à intervalles réguliers pour bien confirmer leur allégeance au Heavy le plus dru, ce qu’on constate assez rapidement en savourant un titre musclé comme « Emporium Of Dreams ».
Du classique donc, mais joué avec conviction, et dégageant une certaine noblesse. Les six musiciens font partie de cette caste d’instrumentistes racés, qui ne se contentent jamais de plans faciles et de gimmicks trop putassiers. Ce troisième album, amplifié d’une superbe production à la Kevin Shirley, rappelle les plus grandes heures de ROYAL HUNT, mais ne crache pas non plus sur la virilité d’un NEVERMORE ou d’un PRIMAL FEAR. Nous évoluons donc en terrain connu, mais les suisses ont le don de toujours placer une mélodie complètement irrésistible sur le chemin, pour nous faire fondre de leur talent de compositeurs. Certes, plusieurs morceaux semblent bâtis sur le même moule, pour autant, la lassitude ne pointe jamais le bout de sa portée, puisque les CROWN OF GLORY évitent avec un certain panache l’écueil de la redite. Leur talent individuel n’est plus à souligner depuis longtemps, et on sent que ce troisième LP a clairement voulu gommer les quelques erreurs et approximations des albums précédents, ne proposant que des accroches pertinentes et des licks porteurs. Reposant toujours sur cette théorie du riff épais allégé par des arrangements vocaux mélodiques, l’œuvre propose donc un joli déroulé d’hymnes glorieux, majestueux, qui n’oublient pas pour autant de se montrer légers pour ne pas sombrer dans l’exagération d’un True Metal trop forcé. En témoigne « Emergency », l’ouverture du bal qui ressemble à s’y méprendre à une adaptation de MAIDEN par le STATOVARIUS d’Infinite. Saccades nerveuses, chant à la Dickinson, c’est du bon boulot et ça accroche immédiatement l’oreille du fan de Metal traditionnel, mais joué avec fougue. Les autres trouveront ça peut-être un peu facile, et automatique dans l’approche, mais il serait injuste de critiquer les suisses pour leur volonté de ne rien laisser au hasard, six ans de silence ne se comblant pas par des approximations et/ou des expérimentations. C’est donc la sécurité qui a été privilégiée, mais pas au dépend de la qualité. D’ailleurs, le jumpy « Something » enfonce un peu plus le clou, met les soli en avant, et garde intacte cette hargne qui témoigne d’une envie de revenir au premier plan. Si le premier tiers de l’album reste assez prévisible, son milieu commence à se teinter d’ambiances plus légères et tamisées, avec des désirs de progressif ludique qui nous porte jusqu’à la frontière d’un Speed mélodique vraiment hargneux et efficace (« Infinity »).
Les breaks sont propres, les saccades convaincantes, les riffs parfois proche d’un Thrash light, et si les claviers refusent de ne servir que de décoration, ils adoptent des postures classiques qui évitent les embourbements du EUROPE le plus compromis, pour se rapprocher d’un DEEP PURPLE des années 70 transposé en 2020. Et alors que l’auditeur s’attend fatalement à une baisse de régime, « Glorious Nights » enfonce un peu plus le clou, imposant un tempo modérément Speed pour une fois encore mettre en avant des arrangements vocaux très finauds, et une voix qui module entre séduction médium et menace grave. On comprend alors que les influences du groupe déjà citées plus en amont ont toutes été mixées pour aboutir à ce crossover enchanteur et accrocheur, et rien ne vient entraver l’avancée des suisses qui courent vers un succès totalement mérité. Sans jamais adoucir son propos, mais sans non plus rabâcher les mêmes discours, CROWN OF GLORY module légèrement sur l’intégralité d’Ad Infinitum pour ne pas nuire à la cohérence de l’ensemble, et créer une sorte de Power AOR de première classe, que les suédois pourraient leur envier. Alors, les tubes s’amoncèlent, et « Make Me Believe » de sonner comme le single qu’il aurait pu être, tandis que « Master Of Disguise » accentue la lourdeur et durcit le ton, pour une fois encore rappeler que le Heavy Metal est roi, et qu’il mérite une foi totale. Les voix qui s’entremêlent, les riffs qui alternent la raideur et la légèreté, les soli qui embrasent le ciel, tous les ingrédients sont là pour faire de ce troisième effort celui dit « de la maturité », sans jamais tomber dans le piège du trop sérieux ou du trop peaufiné.
Aussi mélodique soit ce disque, il garde ce côté sauvage qui séduira les fans de Metal à l’allemande, sans se mettre à dos les accros à la fourberie suédoise. Nostalgique sans l’être, contemporain mais pas trop moderne, Ad Infinitum est un véritable troisième album dans le sens le plus noble du terme, et permet aux suisses de CROWN OF GLORY de se replacer dans la course et de faire valoir leur ancienneté.
Titres de l’album:
01. Emergency
02. Something
03. Let’s Have A Blast
04. Emporium Of Dreams
05. Surrender
06. Infinity
07. Glorious Nights
08. Make Me Believe
09. Master Of Disguise
10. What I’m Made Of
11. Until I’m Done
12. Say My Name
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