Laisse mes mains sur tes hanches, ne fais pas ces yeux furibonds…
Cet Adamo-là était italo-belge, mais n’a rien à voir avec les artistes dont je vais vous parler, son univers musical étant très éloigné du barouf produit par ces olibrius fanatiques d’un crossover global assez difficile à définir. Ils ne partagent qu’un nom et un titre d’album, d’ailleurs le second pour les milanais de REJEKTS, qui depuis 2006 agitent l’underground italien de leur chaos organisé. Après sept années passées à accumuler les démos et les splits, la bande a enfin daigné coucher ses pensées sur bande longue-durée, et 2013 vit la naissance d’Uno-, avec un tiret, qui donnait un large aperçu des capacités et des intentions de ce quintet aussi étrange qu’opaque. Et c’est huit ans plus tard que nous retrouvons le chanteur Black et sa bande, non pas pour une wonderful life, mais plutôt une vie de souffrance et de lucidité au quotidien.
REJEKTS s’articule donc comme vous l’aurez compris autour de son vociférateur en chef, seul rescapé de la formation d’origine. On retrouve autour de lui d’autres tarés aussi concernés par la déconstruction de l’extrême moderne, dont Paco à la basse, Joe et Dave aux guitares (tous depuis 2009) et le petit dernier Sdru à la batterie, pour un nouveau tour de manège ayant tourné fou, et en sus, chanté dans sa langue d’origine.
Je sais peu de chose d’eux, mais ce que je sais me suffit. Soutenus digitalement par le label national Slaughterhouse Records, les REJEKTS continuent leur travail de sape des fondations du chaos contemporain, faisant appel à tout ce que leurs styles de prédilection ont de plus radical. En ressort une sensation de folie palpable, de démence artistique assumée, et de nouveau style aux contours flous, tenant tout autant du Hardcore que du Grind, du Black et du Thrashcore poussés à leurs extrêmes.
Extrême est le seul mot capable de définir cet Adamo qui ne demande pas à Monsieur s’il permet, mais qui prend sa fille par la taille pour l’envoyer valser dans les moindres recoins d’une salle de bal bondée. Entre Hardcore joué par des admirateurs de la scène BM norvégienne, mais peu enclins à en adopter les postures trop rigides, et un Grind joué par des adolescents encore trop portés sur les pentagrammes dessinés à la hâte sur les murs de l’église locale (et il y en a un certain nombre à Milan), REJEKTS rejette toute les facilités d’usage pour se concentrer sur un Black Grind aussi violent qu’un Grind Jazz à la Mick Harris/John Zorn, avec toutefois, une nuance de taille : la musicalité.
Car aussi bordélique soit ce deuxième album de la troupe bigarrée, aussi porcins soient les hurlements de Black qui semble s’arracher les cordes vocales au moindre cri, le tout ne manque ni de panache, ni de savoir-faire. On le remarque à l’occasion d’une longue et lourde intro, « Samsara », qui ne ménage pas ses efforts Ambient pour nous plonger dans un univers unique, fait de riffs circulaires, d’harmonies acides, de feedback, de dissonances, d’embardées imprévisibles, et de moments de calme tout aussi incongrus. Cette musique, difficilement assimilable en quelques écoutes, sait se montrer précieuse et précise malgré ses envies de débauche et de luxure, et on se passionne vite pour les méandres empruntés par des musiciens beaucoup plus intelligents et créatifs que la moyenne.
Comme un croisement improbable entre OLD LADY DRIVERS et CRADLE OF FILTH, comme une union contre nature entre INSECT WARFARE et IMPALED NAZARENE, REJEKTS rejette les convenances et les gimmicks, pour produire une musique intense, vraiment folle, agitée d’une basse en circonvolutions, et d’un duo de guitares qui turbinent chaque seconde pour produire des sons entre gravité suprême et hystérie reine. Et le tout se montre solide, indomptable, à l’image de ce totalement barge « Come la Tempesta e L'uragano », qui retranscrit en musique les pires catastrophes naturelles avec un brio et une acuité déconcertants.
Entre saillies courtes et sans pitié (« Il Quinto Sole »), longues litanies tribales à la limite du Dark-Rock et du Post-Rock (« Tages »), tout y passe pour instaurer un climat morbide délicieux, comme un Halloween fêté plus tard que prévu, mais avec beaucoup d’investissement. Au départ assez peu ambitieux dans les faits, Adamo s’avère beaucoup plus conséquent que la simple addition de ses données, et révèle un dessein bien plus noir qu’on ne l’imaginait au prime abord.
Avec des chœurs vraiment efficaces, une ingéniosité instrumentale bluffante, et des capacités techniques certaines, REJEKTS parvient à transcender les querelles de genre, et imposer le sien, qu’on évitera de labelliser sous peine d’employer des termes ridicules dignes d’un ancien catalogue de VPC français spécialisé Metal. « Il Giudizio delle Potenze », totalement frappé, se permet des breaks équilibristes presque jazzy, avant que le final « Limbo » ne nous plonge dans les limbes d’un enfer très particulier aux démons chafouins, et à la chaleur très moite.
Mais attention, lorsque ces marsouins savent qu’ils ont une emprise sur vous, ils ne vous lâchent plus. Alors, accrochez-vous, et préparez-vous à une valse folle dans les rues de Milan, à l’heure où toutes les bonnes gens sont couchés depuis longtemps.
Titres de l’album:
01. Samsara
02. L'astro del Mattino
03. In Principio Era Tiamat
04. Divorati dal Tempo
05. Tuo Crimine Divino fu la Gentilezza
06. Come la Tempesta e L'uragano
07. Il Quinto Sole
08. L'ariete e L'argilla
09. Enki li Fece, Enlil li Distrusse
10. La Torre di Nimrod
11. Tages
12. Il Traghettatore
13. Il Giudizio delle Potenze
14. Limbo
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