Voici donc le cas intéressant d’un groupe au nom imprononçable et au titre d’album aussi imprononçable. Venant d’Allemagne, les KHTHONIIK CERVIIKS se sont formés sur les cendres de deux groupes, IGNIS URANIUM et ZUUL, ayant splitté en 2013. Mais les musiciens ayant fait partie de ces deux entités ne souhaitaient pas s’arrêter là, et voulaient continuer les travaux entrepris sous une nouvelle appellation, ce qui nous permet aujourd’hui d’apprécier un second LP assez étrange dans les faits, mais bouillonnant d’idées toutes plus puissantes et dévastatrices les unes que les autres. Et c’est après trois maquettes publiées entre 2013 et 2014 que le groupe s’est enfin lancé dans le bain d’un premier long, en publiant SeroLogiikal Scars (Vertex of Dementiia) en 2015. Cinq ans de silence donc (à peine brisés par un split en 2017) sont rompus en 2020 avec la parution via les fidèles Iron Bonehead de cet Æequiizoiikum qui ne rompt pas avec la tradition et qui continue son exploration d’un monde de violence parallèle, en convergence des galaxies Death et Black, ce qui ne manque pas dans les faits de donner un Crossover assourdissant, mais terriblement fertile. Trio (Okkhulus Siirs - basse/chant, Khraâl Vri*ïl - guitare/chœurs, et Gharmonboziia - batterie, en poste depuis 2020), KHTHONIIK CERVIIKS fait partie de cette caste de groupes inclassables, qui prennent un malin plaisir à brouiller les pistes en accentuant la brutalité de leur musique par une technique pointue. Au prime abord, en découvrant les possibilités de l’entité, on pense à une version encore plus maléfique et brumeuse d’EMPEROR, avec une touche subtile de DEATHSPELL OMEGA, mais ne vous y trompez pas. Les allemands ne sont ni symphoniques ni avant-gardistes, et semblent préférer la concision expérimentale aux errements bizarroïdes, même si les chansons qu’ils proposent ressemblent parfois à une colère diabolique remontant à la surface de la terre.
Souvent rapprochés d’autres groupes aussi culottés qu’eux (VOÏVOD, SADISTIK EXECUTION, ZOM, DEMILICH, BEHEMOTH, ADRAMELECH, KHANUS ou HOWLS OF EBB), les trois originaires de Dortmund possèdent pourtant leur propre identité. Se reposant sur des structures mouvantes, et des morceaux souvent longs, ce deuxième LP pourra donner le tournis aux âmes les plus fragiles, les cassures, breaks, changements de tempo et de thématique étant assez courants. Le langage parlé par le groupe est donc parfois difficile à comprendre, mais au final, on apprécie vraiment leur capacité à échapper aux étiquettes, un peu comme si les chantres du Blackened Death structuraient leurs instincts bestiaux pour accoucher d’une œuvre moins anonyme. Il n’en reste pas moins que cet Æequiizoiikum ne s’adresse évidemment pas à tout le monde, et qu’il faut être rompu à l’exercice de l’extrême étrange pour pouvoir l’apprécier, et même l’approcher. Et si les pions sont mis en place dès le premier morceau « Odyssey 3000 », le reste de l’album n’est pas sans surprises, les titres les plus développés faisant montre d’une cruauté dans la précision assez bluffante. Voix rauque, basse et riffs qui ondulent, ambiances moites et occultes, tout est fait pour vous plonger dans un monde différent, dans lequel la brutalité chaotique et la précision instrumentale cohabitent en toute logique. Ne se contentant pas de rentrer dans le lard sans autre explication que leur envie de bruit, les trois allemands agencent leurs attaques, et développent leurs évolutions avec des arguments viables, et si le lien entre la bestialité sud-américaine des eighties et la sauvagerie nordique des années 90 est tangible, le cocktail n’est pas loin d’être inédit, et plus proche d’un BM progressif que d’un simple Death cruel.
Associant le radicalisme d’un MARDUK et l’esprit aventureux et ambitieux d’EMPEROR, KHTHONIIK CERVIIKS parvient à ne jamais lasser sans diminuer l’impact de ses bourrasques. Plaçant très malicieusement ses deux titres les plus alambiqués dès le départ, le groupe ne prend personne en traitre, et nous assomme d’une somme de données incroyable. S’il est tout à fait possible de taxer le combo d’expérimentalisme, il est toutefois impossible de lui nier une logique qui frappe au moindre plan. Aérant intelligemment leurs titres de passages plus aérés, les allemands ne lâchent jamais la pédale d’accélérateur, et placent des blasts à la moindre occasion, laissant leur batteur glisser quelques plans plus fins et techniques histoire de relancer la machine. Fondamentalement bruyants, mais jamais gratuitement, les musiciens osent le chaos fertile, et rappellent les premiers pas de la scène Black technique et progressive, sans jamais imiter les cadors. Aussi ténébreux que les TERRA TENEBROSA dopés à l’efficacité radicale de SADISTIK EXEKUTION, aussi violents qu’un typhon déboulant de nulle part et emportant tout sur son passage, les KHTHONIIK CERVIIKS savent pertinemment où ils veulent en venir, et ne baissent jamais en intensité ni en vélocité. Pourtant, leur album possède une aura particulière qui évite l’ennui et la redondance, ce qui n’est pas le moindre des exploits quand on joue une musique aussi violente. Certes il est inutile de nier que l’on retrouve des plans à intervalles réguliers, mais en quarante-et-une minutes, le groupe parvient à placer quelques idées moins systématiques, comme sur ce diabolique et entrainant « Bloodless Epiiphany (Délire Des Négations Sequence 2.0) », qui casse enfin le moule et adopte une cadence moins soutenue.
En résulte un disque assez surprenant, envoutant même, qui dénote dans la production actuelle et qui offre un peu plus qu’une simple homothétie old-school prévisible. Du BM avec cette petite touche de Death qui le rend encore plus efficace, et plus simplement, une musique sauvage, mais contrôlée, aux possibilités intéressantes, et qui demande à être approfondie pour vraiment se montrer novatrice.
Titres de l’album:
01. KC Exhalement 4.0 (Welcome To HAL)
02. Odyssey 3000
03. Æequiizoiikum (Mothraiik Rites)
04. Δt (Recite The Kriitiikal Mæss)
05. Para-Dog-Son - Demagorgon
06. Kollektiing Koffiin Naiils (Délire Des Négations Sequence 1.0)
07. Bloodless Epiiphany (Délire Des Négations Sequence 2.0)
08. KC Inhalement 4.0 (Nothiing-Niihiil-Non)
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