Dimanche 31 juillet, deuxième jour du chassé-croisé le plus pénible et meurtrier de l’été, affrontement entre les juilletistes montant et les aoûtiens descendant. De deux choses l’une, ou vous êtes parti en vacances et vous vous préparez à affronter un temps considérable perdu dans les bouchons et autres engorgements, soit vous êtes resté chez vous pour profiter d’un Paris désert ou d’un afflux de touristes pour alimenter votre trésorerie. Ceci étant dit, il est aussi possible que vous n’ayez pas sollicité votre automobile, et que vous soyez en train de savourer un apéritif autour d’une table familiale. Ou alors, vous êtes assis sur un banc à l’église pour le sermon dominical. Ou alors, dernière option, mais pas des moindres, vous êtes devant votre ordinateur à lire cette chronique. Oserais-je préciser que vous avez fait le seul choix sensé ?
Si tel est le cas, ce que j’espère, vous vous apprêtez à en savoir plus sur un combo américain capable de faire se percuter MORBID ANGEL, SUFFOCATION, DEMOLITION HAMMER et SADUS. Dans le mille Emile, les américains de SANGUINARY font partie de cette catégorie de groupes à cheval entre les genres, dont le seul leitmotiv est celle violence ouverte qui emprunte tant au Thrash qu’au Death. Ici, les deux ingrédients sont dosés selon les humeurs, mais dans les faits, Aeterna Servitus est une bonne rouste que Glen Benton et David Vincent auraient pu se partager un jour de sabbat noir.
SANGUINARY célèbre donc la naissance de son premier bébé, un bébé pas content, qui hurle sur ses parents, qui réclame du lolo au Jack Daniels, et qui braille toute la sainte journée pour emmerder le monde. Né à Bemidji, Minnesota, SANGUINARY est le type même de groupe qui ne cherche pas l’originalité, mais qui mise tout sur la puissance et l’efficacité. Inutile donc de traquer un clone de CORONER ou de TOXIK, ici, c’est la puissance brute qui parle, mais attention toutefois : ces lascars-là savent jouer en plus de composer, et nous réservent quelques surprises de taille en solitaire.
Quels lascars ? Cody Friebohle (basse), J Freude (batterie/chœurs), Brad Grimm (chant) et Anthony Lindom (guitare), rodés à l’exercice de l’extrême intelligent, et qui nous baladent comme des bleus entre lapidaire qui fait mal aux dents, et fluide qui stimule les connexions synaptiques. Entre Techno-Death/Thrash et Death ouvert et sans pitié, Aeterna Servitus fait parfois penser au PESTILENCE de Patrick Mameli, eu égard aux soli proposés par Anthony, et à ses riffs qui se chevauchent comme des asticots sur un cadavre. Une sacrée référence donc, à laquelle on peut ajouter un ATHEIST de début de carrière, et donc, des aspirations plus élevées que la moyenne. Le résultat est donc inévitable, ce premier album est d’une maturité étonnante, et se place de fait dans le peloton de tête des sorties les plus essentielles de l’été.
Alors que l’option « cassons des mâchoires et réjouissons-nous du résultat » était évidente, SANGUINARY a choisi l’autre voie, celle de la séance d’interrogatoire menée avec finesse et clairvoyance. Entre fluidité et uppercuts, les américains n’ont pas choisi et alternent les séquences, profitant d’une production incroyablement efficace, mettant admirablement bien la basse de Cody Friebohle en avant. Et l’homme aime faire claquer ses cordes et balader ses doigts sur son manche, ce qui nous donne quelques glissades graves du plus bel effet. Mais autant avouer l’évidence : les chansons sonnent souvent comme des écrins aux intervenions stellaires de Lindom, que l’on pourrait comparer avec un peu de complaisance à James Murphy ou Chuck Schuldiner.
Avec un parti-pris de mid tempo catchy en première partie d’album, SANGUINARY assure l’appât en plaquant des riffs immédiatement mémorisables, roulant sur un groove impeccable, même dans les moments où l’intensité atteint ses limites. On appréciera aussi les prouesses d’un chanteur au timbre rauque mais au phrasé diaboliquement précis à la limite du Hip-Hop parfois sur fond d’instrumental barbare (« Impunity in Death »), les charges ultraviolentes mais irrésistibles de « Philosopher's Neurosis » ou « Practice and Depravity », et bien évidemment, le grand final pantagruélique de « Smite the Meek » carte de visite recouverte de papier de verre qui sonne le glas de la facilité et de l’alimentation old-school en perfusion.
A l’aise en terrain lourd et en vitesse excessive, utilisant la guitare au maximum de sa rentabilité entre soli vraiment sidérants et licks gluants et attachants, SANGUINARY signe avec Aeterna Servitus une petite bombe qui ne demande qu’à exploser dans vos oreilles, en laissant vos tympans en sang. Un groupe à suivre de très près, qui pourra foutre le feu aux scènes européennes pour peu que notre public lui offre une audience à la hauteur de son talent. Presque l’album du moins, mais surtout, une évidence qui n’en était pas une au départ.
Titres de l'album :
01. Coded to Kill
02. Servants of Moloch
03. Shadowmass
04. Detested
05. Impunity in Death
06. Testament to Pain (feat. Matt McGee)
07. Noxious Gas
08. Philosopher's Neurosis
09. Practice and Depravity
10. Smite the Meek
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11