Quel étrange mélange.
Il est en effet difficile sur le papier de visualiser une fusion entre Groove Metal et Death progressif, les deux styles ne partageant qu’une simple et générique inclinaison pour la violence. Et là où le Groove Metal s’impose globalement de son déhanché et de ses riffs syncopés, le Death progressif lui préfère la finesse des arrangements, la technique poussée, et les évolutions construites comme autant de voyages dans la psyché d’auteurs plus ou moins torturés. Et pourtant, ce mélange est bien concret, et le résultat extraordinaire. Sans doute parce que le dosage a été calibré pour laisser le Death en quantité importante, n’utilisant la souplesse du Groove que pour aménager des espaces plus fluides et moins complexes.
Mais la musique d’ABANDONED HUMANITY va plus loin que ces simples analyses de fond. Le duo russe a en effet trouvé un point d’équilibre parfait, et propose avec son premier album une œuvre complète, mature, diablement intelligente et modérément complexe.
Composé en trois ans, entre 2018 et 2021, Against All Odds a fait face à toutes les difficultés inhérentes à l’enregistrement d’un premier long, mais se révèle aujourd’hui sous ses atours les plus flatteurs. Artem Gorokhov (basse, chant, musique et textes), Denis Bondarev (guitare, chant, musique) nous proposent donc un bilan de la situation actuelle, et autant dire que le dit bilan n’est pas fameux. Embrassant les théories apocalyptiques de fin du monde, les deux musiciens russes tentent de concilier tradition et modernisme, allant même jusqu’à citer des modèles précis pour baliser leur démarche. Avouant une passion pour DEATH et NEVERMORE, tout comme un intérêt poussé envers GOJIRA et ALCEST, le duo prône donc l’ouverture d’esprit, et laisse sa partition se remplir de prouesses individuelles et d’efforts collectifs.
Aussi agressif qu’il n’est musical, Against All Odds sait se montrer efficace, créatif, subtilement culotté, mais finalement assez traditionnel. On y retrouve tous les éléments d’un Death évolutif de ces dix dernières années, ces segments saccadés soutenus par un chant clair et mélodique, ces attaques soudaines d’une rythmique à l’abattage impressionnant, et ces soli peaufinés à l’extrême, si caractéristiques de l’école de pensée Schuldiner des années 90. Un mélange savoureux, qui reste en tympans, pour une démonstration qui n’oublie pas que l’humilité transcende souvent les prétentions artistiques les plus pointues.
De fait, « The King of Ruin » symbolise selon moi l’art consommé des russes pour pondre des titres aussi accrocheurs qu’intègres. Loin de l’abrutissement technique d’un Metal extrême trop dense et élitiste, ce morceau cristallise l’efficacité d’un duo qui ne cherche pas à s’illustrer par son niveau, mais bien par son imagination et son sens de l’à-propos.
Mais les exemples sont nombreux, et les chansons variées, sans nuire à la cohérence globale. Une musicalité permanente donc, en dépit de montées en puissance assez impressionnantes, et toujours cette façon d’utiliser les codes du Jazz et du Rock progressif pour enrichir une base Metal. Drivé par une dualité vocale classique, Against All Odds est un cadeau très bien emballé, dont le contenu est au moins aussi précieux que le paquet. « Divides » est d’ailleurs un énorme nœud qu’on prend plaisir à défaire pour faire glisser le ruban, mais c’est « The God That Dwells in Flame » qui marque l’ouverture du papier, sans le déchirer ni l’abimer. La guitare, au centre des débats, laisse parler la saturation, mais aussi la clarté de cocottes qui rappellent le Rock progressif et le Rock ouvert des eighties.
We invite you to enjoy this blend of aggressive death metal riffs, atmospheric post-metal sections, and unexpected twists and turns to keep the listeners on their toes - a perfect soundtrack for the world going to hell.
Cette phrase du duo résume admirablement bien son optique. On trouve en effet de tout dans cette auberge espagnole qui abrite des touristes Heavy, des habitués Death, des familles Post-Metal, et des saisonniers du Progressif, tous cohabitant dans le respect de l’autre, et en partageant leur richesse culturelle.
Sans vraiment provoquer le chaos, ce premier long est le témoignage d’un talent qui risque fort de faire parler de lui dans les années à venir. En prenant en compte le professionnalisme de cette réalisation, et ses conséquences possibles, on se prend à imaginer un parcours imprévisible, avec des étapes toujours différentes, surprenantes, et déstabilisantes pour ceux qui n’aiment rien tant que la prévisibilité.
On peut toujours arguer du caractère un peu linéaire de certains enchainements, d’un systématisme un peu flagrant en milieu d’album, mais il est impossible de ne pas souligner le caractère frondeur de deux musiciens bien décidés à faire tomber les barrières.
« Complicit », amer et harmonieux, « Unconquered » ambitieux, long et sinueux, les chapitres se dévorent avec appétit, et le sentiment de satiété qui en découle nous laisse heureux et apaisé. ABANDONED HUMANITY a beau décrire une fin de cycle qui nous balaiera de la surface de la terre, ils ne s’en montrent pas moins généreux envers leurs contemporains. La musique ne sauvera sans doute pas le monde, mais elle nous permettra de le quitter en toute dignité.
Titres de l’album:
01. Divides
02. The God That Dwells in Flame
03. The Silent Ones
04. The King of Ruin
05. Complicit
06. This Hecatomb
07. Unconquered
08. Against All Odds
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09