De loin, comme ça, ça sent le Glam. Mais quand on y regarde de plus près, ça empeste l’arnaque. Les clous qui brillent, les fringues flambant neuves qui semblent sorties d’un magasin branché, les mines faussement menaçantes, et la pochette d’un rose douteux. Oui, ça sent mauvais, l’opération commerciale montée par un label qui a envie de surfer sur la hype de la nostalgie sans avoir à faire trop d’effort. Le boys-band ultime, le SIGUE SIGUE SPUTNIK des années 2020. La carte postale avec les épingles à nourrice et la photo moisie prise par des mannequins à fausse crête quelque part à Londres. Et puis le blaze, sincèrement. S’appeler ROTTEN UK quand on vient de Rochester dans l’état de New-York ?
Balèze. Culotté. Mais justifié ?
Réponse pas si évidente, mais oui. Car les ROTTEN UK sont tout sauf des poseurs de la pire espèce, et bien des maniaques d’un Punk Hardcore à l’anglaise. D’ailleurs, beaucoup de monde les connaît dans l’underground, depuis la sortie de That Is Not Dead…en 2016. Pas vraiment pressés les pingouins, et pas vraiment attachés à une réputation naissante. Car prendre le risque de se faire oublier pendant huit ans n’est pas toujours payant. Sauf quand on revient avec un killer.
Quelle surprise d’ailleurs de retrouver les américains sur Hells Headbangers. Le label l’admet lui-même, le véritable Punk Hardcore n’est pas vraiment sa tasse de thé, au contraire du Heavy, du Speed, du Thrash et autre extension bâtarde. Mais après tout, pourquoi pas ? Voilà qui indique une ouverture d’esprit, d’autant que l’opération s’avère lucrative. Avec pas moins de quinze morceaux et une piste cachée, ROTTEN UK leur en donne pour le budget, et même plus.
James Von Sinn, Matt Sexxx, Anarchy Jake et Fran Damage reviennent donc traîner leur carcasse sur le trottoir de l’actualité musicale, avec une pochette signée Frank Frazetta. Largement de quoi toiser du regard tous ces imbéciles qui prétendent depuis 1978 que le Punk est mort, alors qu’il ne s’est jamais aussi bien porté. D’ailleurs, les comparaisons flatteuses ne manquent pas pour définir le champ d’action de ces quatre cousins. On cite des références à tire-larigot, et on nomme ANTI CIMEX, AMEBIX, DISCHARGE, THE EXPLOITED, DECAY, SCREAMING DEAD, CHRISTIAN DEATH, T.S.O.L, RUDIMENTARY PENI, HELLHAMMER, GBH et quelques autres pas moins fameux.
Alors évidemment, ça allèche. On se dit qu’un groupe capable de générer un tel name-dropping doit forcément en valoir la peine, et c’est exactement le cas. Malgré une longueur excédant les sacro-saintes trente minutes (quarante-six au total) et une consistance très Metal dans la production, Age of Chaos est un pur produit de l’ère Thatcher, une saine réaction au bordel ambiant, et la seule issue possible pour toute une génération aussi sacrifiée que celle de 1977.
Très efficace et gouailleur, le quatuor se promène de titre en titre, d’ambiance en ambiance, et nous assène des coups particulièrement rudes dans les roupettes. Mais ce second long n’est évidemment pas dénué d’une certaine musicalité, un peu comme si ANTI NOWHERE LEAGUE se tapait la chaîne de vélo avec les MISFITS. Un peu de Shock-Rock, un peu d’horreur cheap et sociale, des lignes de chant qu’on imagine braillées la langue pendante, les riffs les plus basiques possibles, et autant d’émotion qu’un macho cuité qui a envie de soulever la jupette de la serveuse.
Un vrai dédain musical, un je-m’en-foutisme de surface que le côté professionnel des compositions vient contredire, mais surtout, une envie, celle de recréer les conditions eighties, lorsque les américains et les anglais se tiraient la bourre sur le ring Punk Hardcore.
Un poil pubien des GERMS, l’ombre planante de l’anarchie de DISCHARGE, l’attitude rebelle de GBH, pour un Rock beaucoup plus épais qu’il n’y parait au prime abord. On sent même des effluves de la jeunesse de Nick Cave et de Blixa Bargeld sur le chaotique « Age Of Chaos », bien que la dominante soit bien crade et surtout pas Arty.
De sacrés coups de bourre que ce cher Wattie aurait pu donner au coin d’une rue (« Decolonization », « Annihilation Desecration »), un profil légèrement GENOCIDE sur les airs les plus lapidaires, et finalement, un portrait fidèle des années les plus sombres de l’ère 1980/1983.
Si la plupart du tracklisting reste raisonnable et sous la limite des trois minutes et quelques, certaines chansons font durer le plaisir en injectant une bonne dose de désillusion romantique, à l’image de « A Witch Is Born » qui SAMHAIN les mains dans les poches et qui crache par terre.
Solide, imperfectible dans son domaine, juste assez vulgaire pour séduire les punks, et assez engagé pour enrôler les fans de Hardcore, ROTTEN UK revient par la ruelle arrière, et s’apprête à coller deux ou trois coups de boule. Joué honnêtement, amplifié au-delà de toute attente, Age of Chaos se fait le porte-parole de son époque gangrénée par les utopies foulées au pied, et les rêves qui se noient dans les étendues polluées. Finalement, pas grand-chose n’a changé en quarante ans.
Et en arrière-plan, la révolte gronde. Espérons qu’elle débouche sur une véritable révolution.
Titres de l’album :
01. Annihilation Desecration
02. Insurgence
03. Moorhounds
04. 10 Of Swords
05. Condemned By Chaos
06. Fear Knot
07. Baphomet Rising
08. Age Of Chaos
09. Decolonization
10. Rain On My Funeral
11. A Witch Is Born
12. City Of 1000 Ghosts
13. Into The Abyss
14. Broken Door
15. No Supremacy
16. Hidden Track
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