Alors comme ça, nous rentrons dans l’âge des crétins ? Pourquoi pas, après tout, après avoir été abêti par des heures de télé-réalité et sevré des gags affligeants de l’équipe de Cyril H, d’avoir passé des plombes le nez collé sur leur smartphone, pas étonnant que les jeunes d’aujourd’hui ne cherchent pas à devenir plus futés, mais se contentent de ce qu’on leur vend à grand renfort de hit-singles de stars en manque de dictionnaire…Loin de moi l’idée de jouer les vieux cons moralisateurs, mais au moins, de mon temps, on savait encore s’amuser. Si l’on s’ennuyait un peu trop, on trouvait toujours une connerie constructive à faire, et les plus ambitieux d’entre nous s’emparaient alors d’une méthode Assimil pour apprendre la guitare ou tout autre instrument, dans le but de créer un groupe…Le Rock pour les nuls ? C’est un peu l’apprentissage auquel nombre d’entre nous se sont livrés durant leur adolescence, lorsque les machines existaient à peine et coutaient les yeux de la tête. Alors autant se débrouiller avec un matériel de fortune, et balancer la sauce histoire de voir si quelque chose de potable finissait par sortir des amplis…Nous étions dans les années 80, mais les nineties, malgré la moue boudeuse de la génération X n’a pas échappé à cette règle, et a perpétré cet esprit de fun collectif et d’envie d’autre chose, même si on se souvient surtout des NIRVANA, des ALICE IN CHAINS et autres pour leurs crises existentielles et leur joie relative. Mais du côté de Paris, comme à Seattle, à l’époque ça dépotait, et certains s’en souviennent encore, à tel point qu’ils consacrent à ce pan d’histoire une partie de leur discographie…Dites donc bonjour aux parisiens de BAD FANTASY, qui loin d’un fantasme inavouable, représentent plutôt un exutoire heureux à la morosité actuelle, en s’extirpant de quelques décibels de cette jeunesse perdue d’avance et vouée au veau d’or de la consommation vaine.
Fondé en 2017 et remarqué par les responsables de M&O Music suite à sa performance au Printemps de Bourges édition 2018, ce quatuor (Antoine Druilhe : guitare/chant, Sebastyen defiolle : guitare, Kevin Sanglier : basse et Thomas Sajus : batterie) nous propose donc via son premier LP Age Of Morons un Rock particulièrement décomplexé, mais aussi très connoté. Sachant pertinemment qu’ils ne sauront jamais où souffle le vent, et qu’ils ne définiront pas la tendance à venir, ces quatre musiciens proposent au contraire un trip légèrement nostalgique, empreint de formalisme 90’s mais aussi de culture Rock plus généraliste. S’adressant selon leurs propres dires aux fans de GUNS N’ROSES, QUEENS OF THE STONE AGE, SOUNDGARDEN et autres AUDIOSLAVE, ces parisiens pur jus n’en sont pas pour autant des gens sous influence puisque leur musique, aussi perfusée de sonorités XY soit-elle, a quelque chose à offrir à tout le monde, mais plus spécialement aux fans d’un Rock à tendance Hard, subtilement alternatif aux entournures, mais qui ne crache pas non plus sur quelques inflexions Folk, Country, et quelques réminiscences de la scène française de la fin des années 80, LE CRI DE LA MOUCHE en tête de liste. On trouve donc pas mal de sincérité sur ce premier effort, de la fausse simplicité, mais surtout des chansons, des vraies, qui ne se contentent pas d’un riff rabâché pour exister. Entièrement composé et dirigé artistiquement par Antoine Druilhe, le chanteur/guitariste, Age Of Moron est donc une bonne grosse claque à la stupidité ambiante, retrouvant par essence le sens primal du Rock, celui de divertir, avec un indéniable panache et une attitude un peu rebelle sur les bords.
Mixé et masterisé par Greg Canone (SUPERBUS, LUKE), ce premier LP est d’une excellente qualité, et déborde d’enthousiasme par tous les pores, laissant des guitares bavardes et affamées se tailler la part du lion. En prônant des valeurs classiques, le quatuor prend un risque, celui de se voir comparé aux références utilisées, et même si les morceaux n’ont évidemment pas encore l’étoffe des classiques des quatre groupes susmentionnés, ils n’en dégoulinent pas moins d’envie et de stupre Rock, un peu comme si les FOO FIGHTERS de Dave allaient faire un tour du côté de Joshua Tree pour s’enivrer d’air sec et de racines 70’s. Car cette décennie représente l’autre réservoir d’inspiration des BAD FANTASY, qui évoquent des images bien précises, et qui nous entraînent dans un road trip partant de la Californie pour arriver à Paris, dans un vieux troquet un peu louche. On pourrait presque en fermant les yeux imaginer les mecs jouer sur une scène étriquée, racontant leurs délires de route à un public un peu fatigué, mais attentif, et surtout, très réceptif à leur versatilité qui leur permet de passer d’un binaire convaincant à une sorte de Post Grunge fascinant (« Thx god I'm an Atheist », à notre époque, c’est en effet un choix raisonnable). On pense même dans ces moments-là, mais ceux-ci aussi (« Free Fall »), à des allusions plus ou moins directes au film Still Crazy, tant ces effluves jaunies nous rappellent les mélodies utilisées par le groupe fictif STRANGE FRUIT…Sauf que lorsque les parisiens se décident à balancer la purée, ils ne le font pas à moitié, comme en témoigne l’ouverture tonitruante « Queen of Lies », presque Pop Rock dans les intentions, mais terriblement jumpy dans le fond. Et c’est aussi ce genre d’indices qui nous aiguillent sur la piste d’un Rock français sevré de références anglo-saxonnes de l’orée des années 90, et qui prouve que le quatuor a plus d’un tour dans sa poche, et en tout cas beaucoup plus à proposer qu’un simple canular old-school bardé de citations usées.
Faites le test, et tentez de ne pas dodeliner du chef en tendant les oreilles sur le contagieux « Bad Fantasy », hymne en substance qui pique aux FOO FIGHTERS leur science du refrain collégial et à Josh Homme ses riffs en cheveux en bataille. D’ailleurs, en pataugeant dans le groove, les BAD FANTASY se paient une tranche d’Americana, via la carte postale « Bang that Head », invitation au plaisir pur de défonce sûre, genre les ZZ TOP qui tapent le carton avec les 7 WEEKS. Ce qui ne les empêche nullement de proposer du binaire assoiffé (« Hanover Girl »), pour peu qu’il ne cache pas l’émotion de fin de soirée, celle qu’on ressent une fois le concert terminé et les guitares acoustiques pas encore rangées (« Goin’ In »). Et au passage, on pique un plan de basse à la John Deacon pour faire du QUEEN avec du GUNS (« Fast and Cheap »), on provoque le fantôme du Punk pour laisser le Rock lui coller une branlée (« Junky »), et on finit le périple sur du faux progressif alternatif, suggérant une admiration pour le meilleur STONE TEMPLE PILOT (« Purple Cat », Lewis Carroll et Scott Weiland dans l’au-delà qui écrivent de vie à trépas). Ah, et en plus, précisons que la voix un peu monocorde d’Antoine colle à merveille à l’optique, que les soli sont compétitifs, et que l’objet dispose d’un son un peu dur mais rond, qui permet à la section rythmique de tenir bon. Une génération de cons ? Pas si sûr finalement, en tout cas, avec des groupes comme BAD FANTASY dans les parages, nous aurons encore de quoi passer de bonnes nuits la tête dans les nuages. Des nuages Rock évidemment.
Titres de l'album :
1.Queen of Lies
2.Bad Fantasy
3.Free Fall
4.Bang that Head
5.Goin In
6.Hanover Girl
7.Thx god I'm an Atheist
8.Fast and Cheap
9.Junky
10.Purple Cat
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