1er décembre. Date fatidique qui annonce l’approche dangereuse des festivités de Noël, avec son cortège de décorations, de sapins illuminés, de plats à manger à vingt et de cadeaux qu’on refourgue sur Le Bon Coin. De quoi donner des nausées trois semaines avant la date fatidique, et se gratter la tête en réfléchissant aux présents les plus moisis à offrir. Plaisir de recevoir ? Pas vraiment, encore moins le gerbi de tonton Marcel qui n’a pas digéré les huitres. Les idées noires s’amoncèlent dans le tas de graisse qui nous sert de cerveau, et une seule envie se manifeste : tout envoyer bouler, dire aux pique-assiettes de rester chez eux avec leurs moutards foireux.
Mais…
Puisque la tradition l’oblige, autant jouer le jeu. Et loin des sempiternels wonderbox, des pulls atroces et autres coffrets de parfums déjà entamés (sans parler des paniers garnis et leurs dattes immondes), un cadeau se présente déjà comme un incontournable. D’autant que le truc est en édition très limitée, qu’il vaut mieux ne pas manquer. Le troisième album des lyonnais de DEADLYSINS qui reviennent en 2024 comme le Père Noël après une cure de désintox en compagnie de ses elfes camés.
Quels péchés confesser en cette fin d’année ? Quels péchés mortels bien sûr, que l’on emmène à confesse, comme un con se gratte les siennes. A peu près tous, et donc aucune chance de rédemption, même après cent-vingt Je vous salue Marie. Les DEADLYSINS sont toujours les mêmes hérétiques, ces païens qui profitent de la vie sans penser au lendemain, et qui nous ont fait quelques frayeurs. Absents des tabloïds depuis une dizaine d’années, ces musiciens malins savaient qu’il leur fallait frapper un grand coup. Je l’admets, Anticlockwise et Dementia étaient plutôt fruités, mais ils avaient besoin d’une suite, d’un nouveau chapitre encore plus féroce et professionnel.
Ainsi surgit de nulle part Age Of Revelation qui en est une, et qui annonce des temps à venir plutôt difficiles.
Laurent B. & Laurent K. (guitares), Mathieu (chant), Lambert Dewarumez (basse) et le petit dernier Jek Venom (batterie) nous offrent un petit voyage dans les virages du temps, histoire de contempler le massacre. Un monde aussi violent qu’il n’en a l’air, et qui semble attendre avec résignation cette fameuse troisième guerre mondiale que nous n’aurons pas volée. Les talibans, Israël, l’Ukraine et Poutine, Trump, j’en passe et des plus crétins, tout ceci peut donner froid dans le dos, alors autant flipper avec de vieux potes. Et les DEADLYSINS en sont assurément.
Ce troisième long, le plus crucial comme chacun le sait, est une réussite totale. Une sorte de compromis entre avant et aujourd’hui, quelque part entre KREATOR et DUST BOLT, avec en bannière cette rage de jouer une musique vraiment sauvage, mais aussi vraiment réfléchie, malgré le caractère d’urgence du Thrash moderne. En n’ayant vraiment rien à envier à la concurrence mondiale, nos cinq lyonnais ne sont pas prêts à rentrer dans le rang, et continuent leur entreprise de démolition massive à grand renfort de riffs d’acier et d’embardées boisées. Une belle fournaise qui fond le Metal le moins corrompu, et le plus pur, celui qu’on négociait dans la Bay-Area et la Ruhr. Assez proche de ce que l’Allemagne proposait de plus explosif dans les années 90, Age Of Revelation fonce à bride abattue comme si demain ne devait jamais exister, et nous procure notre dose de violence saine, mais pas dupe pour autant.
Bien produit pour sonner épais, crémeux, fielleux et onctueux, ce troisième long est de ceux qui permettent de passer un cap dans la professionnalisation pérenne. Le combo n’a pas perdu l’essentiel de vue, et trace sa route entre les décombres, rejoignant les hordes errantes des bâtards qui imposent leurs règles et leur mode de vie.
On ne peut évidemment s’empêcher de penser à toute cette vague revival des GAMA BOMB, WARFECT et autres BIO-CANCER. La tendance étant en place depuis plus de deux décennies, il est impossible d’éviter les comparaisons, sans pour autant nier la passion. Car les lyonnais sont investis d’une mission, qu’ils comptent bien mener à son terme. Brosser le portrait d’une époque gangrénée par le manque d’espoir, et qui se raccroche à ses porte-parole les plus virulents.
Et « Thrash in Weathered Vein » de mériter notre confiance sans détour. Ce premier titre ajuste l’ambiance pour la demi-heure à suivre de sa folie et de sa vitesse, laissant augurer d’une boucherie impitoyable.
« Reckoning of the Unholy (Ecclesiasdick) » tient la distance, et augmente même la température de quelques degrés. Mais nul ne peut échapper à la subjectivité d’un morceau plus apprécié, et selon votre humble serviteur, le paroxysme de la tension est atteint par l’agressif et médium « Qhapaq Hucha », à la limite du Crossover avec sa basse charnue, mais terriblement germanophile de son chant à la Mille Petrozza.
On regarde vers le futur pour ne pas se faire surprendre, mais on louche aussi sur le passé qui n’a pas été tendre. « Covid 666 » conjure la malédiction d’un confinement liberticide, d’un Thrash formel mais épaissi de chœurs collégiaux en mode colère des dieux.
DEADLYSINS brûle le confessionnal, et vous force à vous regarder dans le miroir. Etes-vous pire que les autres ? Meilleur ? L’heure n’est plus aux comparaisons subjectives, ni à l’introspection. Elle est à l’acceptation d’un destin funeste qui a déjà écrit notre homélie et gravé notre épitaphe. Alors, composez avec vos péchés, quel que soit l’accueil réservé dans un autre monde éventuel.
Sachez toutefois que le Thrash de qualité n’en est pas un. Il s’agirait plutôt d’une vertu cardinale. Ou Claudia je ne sais plus.
Titres de l’album:
01. Thrash in Weathered Vein
02. Reckoning of the Unholy (Ecclesiasdick)
03. Circle Pit Comedy Club
04. Personal Disaster
05. Ashes to Ashes
06. Fallin’
07. Qhapaq Hucha
08. Heart Drowned in Sulphur
09. Covid 666
10. Farewell
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