Age of Satan

Disgrace And Terror

26/09/2018

Autoproduction

Sans être trop catégorique, on pourrait presque affirmer que le Brésil a inventé le Death/Thrash à lui tout seul. En y repensant, et en se remémorant les parcours de SARGOFAGO, SEPULTURA, DORSAL ATLANTICA, on se rend compte que la frontière entre les deux styles a toujours été plus que floue pour les lusophones, qui ont toujours manipulé la brutalité en tant que telle, sans se soucier des appartenances de genre. Pas étonnant de constater dès lors que ce Crossover continue de faire des adeptes depuis les sacro-saintes années 80, et que des groupes comme DISGRACE AND TERROR connaissent une belle carrière depuis leurs débuts. Débuts entamés à l'orée du nouveau siècle, et qui depuis ont confirmé le potentiel d'un des trios les plus velus d'Amérique du Sud, à la lisière du chaos, mais toujours suffisamment stable pour ne pas y sombrer. Depuis leur naissance, les originaires de Belèm n'ont pas vraiment chômé, et outre une vie sur la route leur ayant bouffé quinze ans de leur existence, les trois musiciens affichent un compteur discographique assez conséquent, que cet Age of Satan vient compléter de son exhaustivité et de sa méchanceté. Ainsi, après l'initial et explosif Shadows of Violence en 2005, The Final Sentence en 2013 et El Papa Negro en 2015, les affamés de violence nous en reviennent trois ans plus tard avec cet implacable quatrième longue-durée, toujours aussi efficace, et semblant même se hisser à la hauteur des meilleures réalisations du cru. Sans changer formellement une recette qui fonctionne depuis presque deux décennies, les brésiliens continuent d'appuyer là où ça fait mal, et nous distillent huit morceaux officiels bien concentrés, agrémentés de trois bonus-tracks en concert pas piqués des vers. L'ensemble a donc fière allure, et carbure, au morbide évidemment, mais aussi à l'élan Thrash savamment distillé, pour former au final une ode à l’ultra-violence que certains fans de groupes établis sauront apprécier.

Quels groupes? Disons un certain nombre, puisque les DISGRACE AND TERROR ne cachent pas vraiment leurs influences, sans non plus verser dans la repompe éhontée. On note de ci de là quelques traces évidentes de Death sombre et purement anglais, avec quelques clins d’œil adressés à la cruauté des BENEDICTION, mais le versant US de la boucherie made in Tampa a aussi le droit d'être cité dans le texte, via quelques paraphrases de nos maudits MORBID ANGEL, d'AUTOPSY, et surtout, d'une version plus macabre d'un DEICIDE qui n'en finit pas de faire de vilains émules. Outre un son que le Scott Burns de la grande époque aurait pu peaufiner, les compositions se veulent assez directes, sans cracher sur un brin de complexité, gardant toutefois les pieds fermement ancrés sur une terre authentique, histoire de ne pas perdre de vue l'optique old-school si fièrement prônée. J'ai dit old-school ? Oui, mais pas vintage tape-à-l’œil pour indécrottables passéistes, puisque ce quatrième album s'inscrit dans un air du temps modulé de passion, ce que ces nombreux breaks et tassements prouvent. Avec un son faisant la part belle à une homogénéité globale, et des riffs qui s'empilent comme des cadavres dans un charnier, Age of Satan frappe fort, laisse les instrumentistes faire leur job, et plutôt bien d'ailleurs, Acumulant les moments de bravoure personnels comme les prouesses collectives, pour aboutir à un ensemble en bloc de béton, style coulée de chaux dissimulant à l'histoire une fosse commune un peu glauque. Mais tout ceci est précis, ne bave pas sur les côtés, et joue la minutie, tout en mettant en avant des instincts primaires assez prononcés. On pense même en plus d'une occurrence à une traduction du séminal Harmony Corruption des NAPALM DEATH dans un vocable Thrash sud-américain, spécialement au niveau du chant graveleux de Rot Terrorist, qui grogne comme un beau diable, tout en plaquant des lignes de basse quasiment inaudibles dans le mix qui a méchamment mis les guitares en avant. Celles-ci, manipulées par Vinicius Carvalho multiplient les motifs, agrémentant l'atmosphère putride d'une précision de staccato héritée de la légende Thrash nationale, tout en semant par intermittences des soli très capables qui ajoutent une jolie plus-value aux morceaux.

Dès lors, inutile de tourner autour du pot, cette dernière réalisation des brésiliens reste dans la lignée de leurs efforts précédents, tout en essayant d'apporter un peu de sang neuf au sacrifice entamé il y a quinze ans. Les titres se succèdent, n'apportant pas toujours les idées inédites leur permettant de vraiment se différencier, mais l'efficacité globale est tellement probante qu'on en excuse assez facilement ce manque d'innovation. Mais comme nous parlons de Death old-school, qui évite le primitivisme d'un côté et l'excès de technique de l'autre, il est toujours ardu de faire preuve d'audace, alors autant se focaliser sur la brutalité, qui reste modérée. Pas question de chaos ici, même si les passages en blasts rappellent fermement les prises de position de MORBID ANGEL et DEICIDE, mais bien de puissance, ce qu'un morceau lent et oppressant de la trempe de “Gnosis Infernum » rappelle de sa mélodie acide et de sa construction progressive. Instrumental judicieusement placé vers la fin de l'album, pour aérer un peu la moiteur ambiante, cet interlude se place dans le haut du panier avec ses harmonies presque séduisantes, transcendées par des interventions en solo justes et évanescentes. Non que la voix de Rot stagne à un niveau de linéarité, puisque le vocaliste fait ce qu'il peut pour alterner les growls et les cris de démons à la façon d'un Glen Benton, mais lorsque les instruments prennent le pas sur la voix, on se rend compte que le groupe a un solide background Thrash, qui peut même rappeler les grandes heures de SEPULTURA ou des DEATH ANGEL. Et si les licks semblent rebondir les uns sur les autres d'un titre à l'autre, si les breaks paraissent parfois similaires, et si les textes sont évidemment emprunts d'un formalisme occulte (et cautionnés par une intro d'Aleister Crowley himself), on se prend quand même au jeu, malgré un timing un peu long qui aurait gagné à être plus concentré. Mais en l'état, et au vu du marasme vintage actuel, cet Age of Satan confirme la suprématie des DISGRACE AND TERROR sur la scène brésilienne extrême, et souffle un peu de fraîcheur morbide sur un marché à l'agonie, saturé de pillage et autre plagiat en forme d'hommage.          

 

Titres de l'album :

                        1.Age of Satan          

                        2.Secret Abyss          

                        3.Samael       

                        4.Satanic Emancipation      

                        5.Hectorian Magnetism       

                        6.Esqueleto del Diablo        

                        7.Gnosis Infernum   

                        8.Bright of Darkness           

                        9.God of Carnage    

                       10.Sanatorium         

                       11.Agony

Facebook officiel


par mortne2001 le 14/10/2018 à 16:03
75 %    1555
Derniers articles

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Oliv

Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma  tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)

04/05/2025, 12:35

Oliv

C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)

04/05/2025, 12:25

Simony

Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !

04/05/2025, 09:55

RBD

Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)

03/05/2025, 22:39

DPD

T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.

03/05/2025, 21:41

DPD

Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)

03/05/2025, 21:36

DPD

Oui c'est tellement américain cette histoire, je juge même c'est tellement un autre monde. Mais il semblerait qu'il ait, c'est peu dire, dépassé les bornes.

03/05/2025, 21:31

Caca

En France, sa mère serait tout sourire sur un cross volé devant les caméras en train de dire "qui n'a jamais fait un refus d'obtempérer".

03/05/2025, 19:37

Jus de cadavre

Ou alors personne n'aurait sorti de flingue, et ça aurait fini autour d'un pastis.

03/05/2025, 16:30

Gargan

En Fronze, il serait encore en vie et le policier en GAV.

03/05/2025, 15:56

Humungus

Faut dire quand même qu'il n'y a rien d'plus soulant que de ramasser des putains d'feuilles hein...Surtout si c'est celles de l'aut' con !

03/05/2025, 10:09

Jus de cadavre

Oui je n'avais pas précisé les causes de la mort... C'est tellement cliché comme mort pour un ricain

03/05/2025, 08:34

Nubowsky

“According to The Daily Journal, Montana was involved in a dispute with his neighbor in South San Francis(...)

03/05/2025, 08:09

Nubowsky

Armé et dangereux, il a été flingué par la police de SF. Visiblement il est allé jusqu’au bout du concept du nom du groupe..

03/05/2025, 08:03

Gargan

Y’en a qui viennent ? (Dans la Vienne

02/05/2025, 21:44

Sleeping Church Records

Merci pour cette magnifique chronique !

02/05/2025, 08:30

DPD

Pourquoi, cher Caca, tu as des soucis toi avec les subventions ?

02/05/2025, 07:34

Caca

on en crève des subventions...

02/05/2025, 06:12

DPD

Reste Peste Noire qui chante en français.

01/05/2025, 23:53

DPD

Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)

01/05/2025, 23:51