En Suède, lorsque tu as besoin d’un truc, il existe une adresse miracle qui peut te fournir tout ce sont tu as besoin. Enfin, en restant dans le raisonnable de l‘artistique extrême évidemment. Un homme en effet est connu comme le loup blanc du côté de Sundsvall, un homme qu’on retrouve à toutes les réunions d’hyperactifs, omnipotents et surproductifs pas si anonymes. Il est de tous les conseils, de tous les plans, même un peu louches, et dès qu’une sortie est annoncée dans le pays, on se demande si son nom n’y est pas associé. Un genre de fils spirituel de Zappa, de Townsend, de Speckmann et d’Anselmo, au CV long comme le bras et la discographie égale à l’ensemble des groupes de Grind de la planète. Le Capitaine Caverne local, qui sort de sa poche non un grille-pain ou un porte-avions, mais des albums, des EP’s, des splits, des groupes, des projets. Pour le fun, tapez Jonny Pettersson dans le moteur de recherche de The Metal Archives, et regardez ce qui en sort. Une liste interminable de projets passés et présents, une créativité historique, une rivière d’inspiration qui ne se tarit jamais. Pour mémoire, précisons que l’homme officie souvent seul ou en duo au sein de ses projets, et qu’il s’agite depuis quelques années dans ACID DOMAIN, ASHCLOUD, BERZERKER LEGION, CROPSY MANIAC, CROSSBOW SUICIDE, GODS FORSAKEN, HEADS FOR THE DEAD, HUMAN HARVEST, JUST BEFORE DAWN, NATTRAVNEN, PALE KING, SKINEATER, SYN:DROM, URSINNE, VHOLDGHAST, WOMBBATH, TROIKADON, après avoir secoué sa grosse barbe dans CAVEVOMIT, DISFIGURED VICTIMS, SORGHEGARD et OOZ. Mais le concept qui nous intéresse aujourd’hui est celui de HENRY KANE, qu’il a créé en 2016 et qui fête aujourd’hui son second LP.
Une fois encore, Jonny officie seul dans ce contexte, maniant la guitare, la basse, la batterie, le chant, mais aussi la composition et l’enregistrement, la production et le mixage. Soit un total one-man-project qui en dit long sur la soif de barouf du bonhomme qui ne peut concevoir une journée réussie sous le seuil des 120 décibels. Après Den Förstörda Människans Rike il y a trois ans, qui précisait les contours de la démarche, HENRY KANE/Jonny Pettersson nous en revient avec une seconde livraison, cet Age of the Idiot de trente-quatre minutes pour dix-neuf morceaux qu’il est inutile de disséquer in extenso. Roi de la HM-2 qu’il maltraite avec amour et flair, prince de l’ambiance délétère qui ranime l’esprit de la scène Crust et Grind de l’orée des années 90, archiduc du chaos contrôlé qu’il agence avec précision, Jonny ne se pose pas de questions une fois encore, et rentre dans le lard avec une bordée de compositions toutes plus puissantes les unes que les autres, et démontre s’il le fallait qu’il n’a besoin de personne pour faire plus de bruit qu’une centaine de Harley Davidson. Après nous avoir assommés en 2020 avec le Choirs of the Fallen de WOMBBATH, Jonny nous fait tomber dans les pommes avec ce second volet des aventures de HENRY KANE, fossoyeur de l’extrême, détective d’un Death/Grind à tendance Crust de première bourre, qui commence par nous étrangler de sa production gigantesque aux graves sismiques et aux lignes de chant graves et graveleuses. Pourtant, et malgré l’aspect massif de l’entreprise, quelque chose cloche. Certes, l’authenticité est palpable, le flair indéniable, la puissance à décorner ENTOMBED, mais on ressort de l’écoute de cet album avec un sentiment de flou et d’inachevé, comme si les morceaux avaient été enregistrés selon une inspiration spontanée, sans vraiment réfléchir à un point d’accroche. Le tout se savoure évidemment avec un plaisir masochiste, nous plonge dans les abysses de l’extrême, mais aucun morceau ne se détache vraiment pour mériter le titre d’œuvre soutenue. Cette sensation est étrange, le Grind n’étant pas le style le plus à même de décocher des hits, mais l’uniformité de l’ensemble finit par avoir raison de notre bienveillance, et on se plaît à croire que l’homme est capable de beaucoup plus que cette simple succession de blasts et de cris.
Certes, on atteint parfois les sommets du non-sens et du paroxysme bruitiste, comme sur le terrifiant et indiscernable « Mitt Hjärtas Mörker », certes, la collaboration de Liam Hughes sur « Entrenched In Nihilism » est suffisamment ludique pour être remarquée, certes la reprise d’ASTA KASK en final est délicieuse, mais l’ensemble, malgré une densité incroyable semble manquer de folie, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. Pourtant, dans les faits, Age of the Idiot incarne la quintessence d’un Death/Grind à la suédoise, avec cette patine si grasse et cet emballement permanent des débats, mais depuis des années, on attend plus d’un musicien qu’on sait capable d’un tel accès de rage, un peu facile dans le fond, même si très efficace dans la forme. Mais le musicien se contente d’aligner les figures imposées, de se la jouer bulldozer qui écrase tout sur son passage, et finit par provoquer la linéarité, laissant les morceaux faire leur office sans vraiment leur conférer de personnalité propre, ni en détail, ni en général. Attention, cette critique ne se veut pas lapidaire ou définitive. J’ai apprécié ce second album, dès lors que je l’ai considéré comme une récréation pour le suédois, et non un projet principal. Et dans la production Grind actuelle, il peut se targuer d’une qualité intrinsèque indéniable. Mais j’aurais aimé plus de gimmicks, plus de plans porteurs, plus de passages accrocheurs, pour ne pas assister à une simple démonstration de violence gratuite. Mais on est toujours plus exigent envers les gens qu’on aime et qu’on admire.
Titres de l’album :
01. En Evig Plågan
02. Tidens Tand
03. Veil Of Hatred
04. Den Felande Länken
05. Embraced By Nothing
06. Age Of The Idiot
07. Disposable Humans
08. Entrenched In Nihilism (ft. Liam Hughes of SOOTHSAYER)
09. Mitt Hjärtas Mörker
10. My Sweet Escape
11. Keep Us From The Truth
12. No Road To Redemption
13. March Of The Dumb
14. By The Virtue Of Hate
15. Liar Oh Father The Liar
16. Snarans Ballad
17. Take It Back
18. Welcome To Oblivion
19. Psykopaten (ASTA KASK cover)
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