Il est bon de constater que les groupe surfant sur la vague de la nostalgie Thrash 80’s ne squattent pas tous la même vague, et savent aussi se partager la houle pour ne pas tous proposer les mêmes figures imposées.
Si la plupart de réclament toujours des tuyaux enfournés par les TESTAMENT, KREATOR, DESTRUCTION, SEPULTURA ou EXODUS, d’autres préfèrent les glissés plus intimistes et dont les acrobaties ont été développées par des amateurs moins éclairés par les feux de l’actualité, mais à l’équilibre plus fin et stable.
La vitesse pour la vitesse, la brutalité en tant que telle ne sont pas des leitmotivs absolus en fin de compte, et les Américains de WARHEAD sont là pour nous le rappeler, en évoquant avec panache la transition s’étant effectuée entre un Speed mordant et un Thrash saignant, mais en soulignant aussi le travail accompli par certaines équipes épiques ayant refusé de se voir enfermées dans une case un peu trop hermétiquement fermée.
Ce quatuor (Nolan Castles – guitare lead et chant, Sam Bollard – basse, David Rodriguez – guitare et Joey Doddson – batterie) se revendique 100% Speed Metal, et nous vient donc de Phoenix, Arizona, comme leurs aînés de FLOTSAM & JETSAM, avec lesquels ils partagent certainement quelques conceptions d’un Metal sautillant et délicatement grinçant, sans pour autant se rapprocher de leurs théories mises en pratique.
En mai 2013, ces pourfendeurs de Metal faisandé ont sorti leur premier album, Death Row, qui posait déjà les bases de leur style avec fermeté, avant de publier un single, « Widowmaker », qui enfonçait encore un peu plus le clou Speed dans le cercueil du revival Thrash.
Il est d’ailleurs difficile de dire si les WARHEAD jouent un Thrash modéré ou un Speed effréné, même si quelques indices laissent à penser que la seconde solution est la bonne. On peut aussi penser à un Heavy intelligemment survitaminé, qui flirterait en plus d’une occasion avec un Speed de raison, mais en fait, comme seules comptent les sensations, nous pouvons abandonner toute analyse un peu trop poussée pour nous concentrer sur cette musique assez inspirée.
Autant être franc, si Age Of Tomorrow n’a rien d’un postulat Speed définitif, il déploie des qualités indéniables, tant au niveau des compositions que de l’interprétation. Il nous renvoie de facto à l’âge d’or de la scène Californienne des années 80, lorsque les EPIDEMIC, MORDRED, FORBIDDEN et autres LÄÄZ ROCKIT tentaient de se faire une place au soleil, de leur brutalité mâtinée de finesse de ton.
Pas vraiment le versant le plus radical pour aborder l’histoire de la brutalité made in USA, mais un joli survol de la vallée Heavy/Speed/Thrash d’il y a presque trente ans, pour une visite guidée des plaines les plus ensoleillées qui chauffaient de leur soleil nos frêles épaules de metalleux affamés de décibels et de riffs à la franchise rebelle.
Mais en écoutant les pistes de ce second album des Arizoniens, plusieurs références précises ont effleuré ma conscience, celle des DEATH ANGEL étant la plus patente. En plus d’une occasion, le métissage Heavy/Speed des WARHEAD m’a évoqué un savant panaché des finesses du quintette responsable des classiques Frolic Through The Park et Act III, auxquels il emprunte ses vocables si particuliers.
La voix de Nolan rappelle d’ailleurs beaucoup les intonations ironiques et sarcastiques de Mark Osegueda, tout comme sa guitare conjuguée à celle plus rythmique de David Rodriguez tranche dans les mêmes riffs syncopés que la paire Rob Cavestany/Gus Pepa.
Et si des morceaux versatiles et ouverts comme « Blood Money » valident cette comparaison de leur up tempo mouvant et catchy, d’autres au contraire se nourrissent d’une autre matrice, beaucoup plus pointue et alambiquée dans le rendu.
L’exemple le plus probant de ce parallèle pas encore énoncé reste « IG-88 », qui nous ramène avec beaucoup d’intelligence aux exactions technico-classiques tortueuses des premiers efforts des Suisses magiques de CORONER, sans toutefois abandonner ce parti-pris Speed qui finalement est vraiment leur philosophie de base de laquelle ils ne dévient que très rarement.
Cette alliance entre une technique affinée et une volonté d’aller de l’avant sans vraiment provoquer peut aussi rappeler l’âge d’or du Techno-Thrash Allemand, débarrassé de ses prétentions les plus superfétatoires, avec en exergue des influences comme The New Machine de HOLY MOSES ou encore Deception Ignored de DEATHROW.
Mais c’est bien le DEATH ANGEL le plus déviant que l’on retrouve sur le fabuleux et inventif «Lost Souls », amalgamé à une structure virevoltante à la DESTRUCTION, pour une efficacité optimale et originale.
Original, Age Of Tomorrow l’est sans l’être, ou tout du moins, sans vraiment l’avouer. Il utilise des codes éprouvés (riffs francs et tournoyants, rythmique incisive, chant agressif mais modulé), symptomatiques du Speed le plus classique, mais s’amuse à les détourner à intervalles réguliers, en utilisant une basse à la Newsted de Doomsday For The Deceiver, ou des breaks plus familiers de l’univers Heavy Thrash de la fin des années 80 (« Widowmaker », sorte de hit ultime qu’EXODUS aurait pu composer à l’époque d’Impact Is Imminent).
On aime parfois à se dire que le spectre d’un MOTORHEAD dopé au kérosène DEATH ANGEL plane au-dessus de morceaux comme « Pit Viper », qui virevolte de plan en plan tout en gardant une cohérence diabolique dans le fond.
Le chant atypique de Castles n’aide pas vraiment à clairement étiqueter la bande, et c’est aussi ce qui rend ce LP si intéressant. Bénéficiant d’une technique pointue qu’ils mettent au service de compositions beaucoup moins simples qu’elles n’en ont l’air, les membres de WARHEAD passent en revue tous les aspects de la scène brutale Californienne de notre adolescence, et ne laissent jamais traîner de restes sur la table.
Il est d’ailleurs possible d’avoir un résumé très concis de leur démarche en se penchant sur le dernier titre « Sacrilege », qui s’il se rapproche du combo du même nom, propose une synthèse idéale pour mieux comprendre le groupe, avide d’accélérations tempérées dont la puissance est accentuée par une succession ininterrompue de riffs malins.
Finalement, et même s’ils préfèrent se voir en tant que groupe « pur Speed », les WARHEAD démontrent avec Age Of Tomorrow qu’ils voient beaucoup plus loin que le staccato de leur main droite. En mariant très finement les entrechats d’un Speed d’époque et les associations libres du Heavy et du Thrash de la fin des eighties, ils nous font respirer un air de liberté très rafraichissant, humble dans le fond, mais fier dans la forme.
Pas de nostalgie bon marché, mais de la passion assumée. Du talent et de l’efficacité, un regard en arrière pour avancer. Pas facile, mais enrichissant, et juste assez long pour avoir envie d’y retourner.
Titres de l'album:
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