Je n’aime pas te mentir, toi lecteur qui lit ma prose depuis longtemps. J’ai toujours joué la carte de l’honnêteté, même si régulièrement, nous ne sommes pas d’accord. Mais malgré le respect que je te porte, tu seras obligé cette fois-ci d’être d’accord avec cette assertion certes lapidaire, mais tellement juste : FEAR FACTORY a cessé d’être innovant et intéressant depuis la sortie du classique Obsolete, son dernier grand achèvement, symbolisant le point final d’une première partie de carrière en phase ascendante.
Comme tout fan de la première heure qui avait cru déceler en Soul of a New Machine le futur du Metal des années 90, et une alternative crédible à l’envahissement morbide du Death de Floride et de Suède, je me suis accroché aux branches pour supporter les divagations du groupe et ses incessants changements de line-up. Comme tous les fans de la première heure, j’ai consacré du temps à Digimortal pour lui permettre de se défendre musicalement, avant de virer l’avocat de la défense pour cause de plaidoirie trop facile, et systématique : FEAR FACTORY fait du FEAR FACTORY, et le fait très bien. C’est d’ailleurs une accroche que l’on retrouve aujourd’hui résumant bien des chroniques sur le net, mais je ne saurais accepter un tel acharnement à défendre l’un des groupes les plus prévisibles de la scène Metal.
Depuis ses errances et sa valse de musiciens, FEAR FACTORY s’embourbe dans les conflits juridiques, et s’englue dans un passé glorieux, incapable d’innover, incapable de s’extirper de ce bourbier qu’il a lui-même créé depuis son premier split en 2002, situation aggravée par les séparations et hiatus entre 2006 et 2009, ou 2017 et 2020. Et encore une fois, il a fallu au gros Dino passer par la case plainte et dépôt pour réclamer les droits sur le nom du groupe, droits qu’il a rachetés il y a quelques années. Alors que le duo Cazares/Bell semblait reparti sur les bons rails lors du transport de Genexus, meilleur album depuis fort longtemps, le duo a craqué sous la pression, et Burton a encore une fois claqué la porte, cette fois-ci définitivement….jusqu’à la prochaine réunion en 2026 ?
Genexus nous ramenait dans le futur du passé, et parvenait presque à pardonner les fautes de goûts commises depuis la fin des années 90. Il tentait d’excuser l’abomination The Industrialist, vol en pilotage automatique indigne de ses créateurs qui semblaient s’en foutre comme du premier remix de Rhys Fulber. Et alors que sa suite devait voir le jour en 2018 avec des compositions enregistrées en 2017, Aggression Continuum est resté sur les étagères pour diverses raisons, et sort aujourd’hui alors que Burton C Bell et ses yeux rouges sont allés regarder un autre avenir, alors même que le plus si flamboyant chanteur officie sur cet album qui accuse finalement quatre ans d’existence dans les faits. Impeccablement produit, et tournant autour des trois membres pivots du groupe (Dino - guitare, Mike Heller - batterie et Tony Campos - basse, avec l’aide d’Igor Khoroshev, ex-YES qui s’occupe de ces claviers de plus en plus envahissants), Aggression Continuum ex-Monolith (titre de travail de Burton) a pour le moment récolté de fameux lauriers sur le net et les réseaux sociaux, les fans y voyant le meilleur boulot du groupe depuis Obsolete, alors même qu’il n’est que la réplique parfaite et à peine retravaillée de Genexus.
FEAR FACTORY, groupe roi du clonage a donc encore frappé, et nous présente l’ADN le plus parfait de la scène Metal Indus des années 2020. Un ADN reproduit d’album en album, qui se montre parfois défaillant et trop manipulé pour être encore pur, mais un ADN qu’on reconnait immédiatement, en écoutant chaque morceau d‘ouverture du groupe. Ici, c’est l’énorme « Recode » qui fait exploser les compteurs, et qui nous livre en pâture à une énième resucée de « Shock », morceau qui bombardait les entrées en scène de sa méchanceté mécanique.
FEAR FACTORY fait du FEAR FACTORY, et le fait très bien
Peut-on vraiment à notre époque, et face à la déferlante d’une production toujours aussi pléthorique se contenter de phrases toutes faites comme celle-ci ? Est-ce à dire que la concurrence est si pauvre qu’on en vient à excuser le manque total d’inspiration ? Est-ce à dire qu’il faut se contenter de répétitions ad vital aeternam pour peu que la dite répétition soit habile et fourbe ? Visiblement oui, puisqu’en écoutant ce nouvel album de l’usine, j’ai eu le sentiment de me retrouver plongé dans ma jeunesse, découvrant un Obsolete que rien n’est venu dépasser à ce jour. Les structures sont les mêmes, l’inspiration aussi, les riffs ditto, la rythmique itou, et le démarquage est aussi habile qu’un pigeon qui sort du chapeau d’un magicien dans un rade spectacle quelconque. Dans la forme, je ne nie pas que cet Aggression Continuum soit un excellent album du groupe : Burton, à l’aise en screamer, l’était de moins en moins en chant clair, son énorme talon d’Achille live, au point de faire pleurer ses fans attristés par cette incapacité chronique à rester dans la gamme. Dino, toujours chirurgical dans ses riffs se cale sur la batterie de Mike, et livre une prestation incritiquable. La basse de Tony, énorme, rappelle les grands jours de Christian Olde Wolbers et ses frappes graves qui secouaient l’échine comme un tremblement de terre à San Francisco. Les arrangements synthétiques sont habiles, bien placés, nombreux et permettent de soulager la machine pour lui éviter la surchauffe.
Alors, finalement, comment critiquer objectivement un album qui propose quand même quelques mouvements d’humeur assez notables ? Dire que « Disruptor » est un balbutiement du passé qui se permet même un clin d‘œil poussé à STRAPPING YOUNG LAD ? Que le title-track est sans doute ce que Dino nous a proposé de plus futuriste depuis des années ? Que l’agressif « Fuel Injected Suicide Machine » risque d’être le futur « Self Bias Resistor » live ? Que « Cognitive Dissonance » s’aventure sur un faux rythme qui fait plaisir à suivre ? Que le final progressif de « End of Line » sonne comme un testament mal écrit, mais signé par les principaux intéressés ? Oui, tout cela, et ce que vous voudrez bien y ajouter. Alors encore une fois, ça passe crème parce que le groupe a du métier, et parce que Burton hurle comme un mutant qui rêve de moutons électriques. Mais. Mais.
FEAR FACTORY fait du FEAR FACTORY, et le fait très bien
Non, pour être plus honnête, je dirais que FEAR FACTORY photocopie du FEAR FACTORY. Or une photocopie se fait toute seule en appuyant sur un bouton.
Titres de l’album:
01. Recode
02. Disruptor
03. Aggression Continuum
04. Purity
05. Fuel Injected Suicide Machine
06. Collapse
07. Manufactured Hope
08. Cognitive Dissonance
09. Monolith
10. End of Line
Fear Factory fait du Fear Factory et le fait très bien...et j'en suis le premier surpris et content.
Cet album est pour moi ce qu'ils ont fait de mieux depuis le retour de Cazares, dépensant le déjà très bon Mechanize. N'étant pas très fan de Genexus et sa production boursouflée et encore moins de l'infâme The Industrialist, je n'espérais plus rien du groupe, surtout avec toutes ces histoires de droits et d'égo, à m'en faire regretter d'être encore fan du groupe. Mais au fil des écoutes je me suis rendu à l'évidence : aller chercher l'inspiration dans leur meilleure passé ( Demanucture en tête) associer à une production en béton armé, était ce que le groupe pouvait faire de mieux. Seul le très Meshuggah ( mais pourquoi faire ?) Collapse et Manufactured Hope viennent casser le rythme de l' album qui pourrait vite devenir un classique du groupe.
"Obsolete, son dernier grand achèvement, symbolisant le point final d’une première partie de carrière en phase ascendante." Oh là là, comment je suis pas d'accord. Archetype était certes classique mais excellent et Transgression était certes mal produit et pas fini, mais cherchait à apporter de la nouveauté et comportait de très bon morceaux.
Sinon, très bonne chronique avec un très bon point de vu.
Rectification c'est dépassant pas dépensant !
"La basse de Tony, énorme"
L'adjectif est faible !
Le gars + la prod = Une tuerie sans nom.
"Claviers de plus en plus envahissants"
Alors là, c'est le point de rupture justement : Toutes ces nappes de violons à en gerber c'est totalement insupportable. L'overdose quoi... C'est pour moi le groooooos point négatif de l'album et c'est ce qui me l'a totalement gâché.
Dommage... ... ...
Digimortal avait un petit côté catchy/easy-listening pour du Fear Factory, j'avais pas détesté cet album.
Ensuite j'ai lâché le morcif et n'ai jamais remis un kopek dans ce groupe (selon moi rincé depuis longtemps).
Depuis très longtemps ("Digimortal", en fait) je place mon niveau d'attente très bas quand se pointe un nouveau Fear Factory, ce qui fait que j'ai été souvent plus positif que la moyenne des fans presque à chaque fois.
Ce nouvel album me surprend pourtant particulièrement en bien. Les titres sont plaisants, ce n'était plus habituel d'éprouver un niveau assez haut de plaisir aussi longtemps en continu en les écoutant. Après, les uns peuvent préférer le FF le plus bourrin à la "Mechanize" (sans remonter plus loin) ou farci de multiples effets au contraire. Or justement, l'usage uniforme des violons synthétiques est un compromis qui risque d'être regretté dans la durée. Sur un titre pris isolément cela passe, si bien que ça ne me gêne pas tellement à cette heure. Mais sur l'ensemble il est dommage de ne pas avoir donné un effort supplémentaire d'écriture pour broder des effets plus variés comme aux grandes heures. Enfin, on a dû manger bien pire, j'en profite tel que c'est.
Ca m'escagasse quand quelqu'un exprime les choses que je pense mieux que moi RBD hé hé hé...
Bon en même temps, avec ton avatar, c'est dans la logique des choses hein.
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09