Agony & Wounds

Obscene

12/07/2024

Nameless Grave Records

Tous les deux ans, c’est immuable. Un rendez-vous qu’on ne manquerait pour rien au monde, sans fleurs, sans bouteille de vin à plus de dix euros, sans sourires de circonstance. Les retrouvailles avec les américains d’OBSCENE sont toujours sobres, mais sincères. Depuis son émergence, ce quatuor a mis un point d’honneur à satisfaire son public à intervalles réguliers, et donc, deux ans après le très sévère ...from Dead Horizon to Dead Horizon, il revient pour nous conter fleurette à nouveau via un gros paquet de déclarations toutes plus violentes les unes que les autres.

Découvert à l’occasion de Sermon to the Snake, EP publié en 2017, le quatuor d’Indianapolis s’est toujours montré solide et fiable, et de plus en plus avec l’âge et l’expérience. Ce qui fait qu’Agony & Wounds passe l’écueil toujours compliqué du troisième longue-durée avec un panache certain et une morgue justifiée. Après tout, les américains sont des références dans le petit monde du Death classique, qui sait quand il le faut se montrer plus novateur.

Roy Hayes (basse), Brandon Howe (batterie), Mike Morgan (guitare) et Kyle Shaw (chant) cheminent ensemble depuis sept ans, et se connaissent par cœur. Ils ont mis au point une formule un peu inhabituelle, qui prend sa source dans les nineties, et qui dessine des contours fluviaux en circonvolutions. Un peu comme si SUFFOCATION s’appropriait le lexique d’OBITUARY, OBSCENE ne l’est pas tant que ça, et se montre éduqué, fruit d’un élevage de bonne famille. Au menu des festivités, pas de porteur de flamme, mais un Death incandescent qui rougit au contact de la peau, et qui laisse de très vilaines cicatrices rougeâtres.

Typique de l’ambiance floridienne de période 1989/1994, Agony & Wounds met un poing d’horreur à mériter son titre à chaque intervention. Enrobé dans une production sans artifices ni enjolivement excessif (enregistrement et mixage par Noah Buchanan aux Mercenary Studios et mastérisation par Dan Lowndes aux Resonance Sound Studios), ce nouveau chapitre de la saga semble répondre de l’appellation autoproclamée par ses auteurs : stone cold Death Metal.

Et il est vrai que ce Death Metal est sobre, efficace, direct, et réminiscent des années de gloire du style. En reprenant les choses là où ...from Dead Horizon to Dead Horizon les avait laissées, OBSCENE continue son petit plan de carrière, et nous offre un spectacle revigorant, au moins aussi piquant qu’un hiver nordique déplacé par les vents en Amérique.

Avec un line-up stable depuis les débuts, le groupe s’appuie sur une osmose palpable et une cohérence indéniable. Chaque plan semble calibré, chaque accélération pile où il faut, et les embardées, nombreuses, permettent de retrouver l’impulsion du MORBID ANGEL des jeunes années, sans pour autant trop verser dans la nostalgie. A ce titre, « Written in Blood and Covered in Flies » est l’acmé d’un disque qui se veut aussi brutal que pensé, et aussi bestial que soupesé. La guitare, débridée, lâche ses riffs les plus létaux, alors que le chant parfaitement ignoble et écorché de Kyle Shaw assure une deuxième ligne rythmique, à la Tardy brothers, qui furent les premiers à coller le chant sur la batterie pour insuffler un groove inimitable.

« The Cloverland Panopticon » à l’inverse, ne perd pas de temps en conjectures, et percute de plein fouet pour attirer l’attention. Le choc est rude, mais la sensation délicieuse, et ces blasts qu’on croirait tout droit sortis d’un inédit de DEICIDE permettent de s’accrocher à sa ceinture sans avoir à attendre la fin du tour de chauffe.

Et pour éviter la baisse de régime de milieu d’album, les quatre américains s’offrent une poignée de morceaux plus conséquents et ombragés, comme ce terrifiant « The Reaper's Blessing », qui résume à lui seul toutes les intentions et les agressions. L’écho sur la voix, la démonstration d’un batteur en roue libre, la méchanceté d’une guitare qui bouffe la basse, tous les ingrédients sont là, et le résultat est inévitable. La perfection dans l’inspiration, et le soin apporté à la touche personnelle.

Du Death formel et traditionnel comme on l’aime. Prévisible certes, carré, sans fioritures, mais puissant, mélodique pile au bon moment, et décoré de quelques soli joyeux. Mais les zigues ne sont pas que des amateurs de vitesse, comme le démontre avec beaucoup d’emphase « Rotting Behind the Madness », qui une fois encore pioche dans le répertoire d’OBITUARY de quoi noircir ses partitions.

Ni trop long, ni trop court, Agony & Wounds est une blessure ouverte que l’on tente de refermer au gros sel et à l’aiguille de boucher. Morbide à souhait mais intelligible, sournois mais attirant, sensuel dans les courbes et le galbé, ce troisième longue-durée honore ses géniteurs, qui deviennent de facto des leaders de la scène old-school. On les remerciera pour s’être un peu creusé la tête, et pour avoir proposé des idées sinon novatrices, du moins, moins évidentes que la normale.

OBSCENE l’est toujours autant, et c’est rassurant. Dans un monde qui bouge trop vite, la stabilité à du bon.

       

Titres de l’album :

01. The Cloverland Panopticon        

02. Watch Me When I Kill   

03. Breathe the Decay          

04. Noxious Expulsion

05. Death's Denial     

06. Written in Blood and Covered in Flies  

07. The Reaper's Blessing     

08. Rotting Behind the Madness

09. Dressed in Corpses

10. Oceans of Rot     

11. Agony and Wounds


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par mortne2001 le 27/09/2024 à 17:21
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