Ain’t The One

Charge

29/03/2019

Autoproduction

Alors, Hard-Rock français qui en est mais pas que. Quoi, les SHAKA PONK ? Non, rassurez-vous, il n’y a pas qu’eux qui brouillent les pistes entre les styles pour développer le leur. Non que j’ai des griefs à formuler à leur encontre, puisque leur musique prend toute son ampleur live, mais tout le barnum publicitaire qui les entoure à tendance à me gonfler. J’aime le direct, le festif, le qui donne le sourire et l’envie de jumper, mais que la masse ne s’est pas encore approprié pour transformer les concerts en messe et tout ramener à des histoires de liesse. Beaucoup d’artistes se sont penchés sur la frontière entre Rock et Metal, mais peu sont parvenus à trouver une juste moyenne entre les deux, un compromis qui n’en soit pas un. Trop Pop à cause des mélodies, trop Hard à cause des riffs, et la balance est faussée, les plombs penchant trop d’un côté. Et comme à chaque fois qu’une question devient trop épineuse, on l’élude, et on fait ce qui semble être le plus opportun à ce moment-là. On se prend une CHARGE. Non, pas de celles qui laissent sur le flanc et qui effacent des souvenirs embarrassants au soleil levant, celle qui consiste à ingurgiter une bonne dose de musique plurielle, efficace, sensuelle, et qui n’a pas oublié qu’un bon album était d’abord constitué de chansons simples. Et le Rock, à la base, c’est quoi ? Une rébellion adolescente, un exutoire un peu crétin aux carcans d’après-guerre, une danse tribale, une confusion dans la communion, et ça, les musiciens de CHARGE l’ont très bien compris. Sauf qu’à l’écoute de Ain’t The One, certains fans de Sweet Lies risquent d’être surpris, puisque la tendance n’est pas à la radicalisation, mais bien à l’ouverture. Et en se plaignant, ils oublieraient bien vite que ce fameux premier album qu’ils vénèrent tant n’était rien de plus qu’une simple collection de démos, colle de deux EP’s qui depuis, font partie de l’histoire, mais celle du passé, pas de l’avenir.

Renouvelant la collaboration avec Francis Caste du studio Sainte-Marthe, CHARGE la sonne, et donne un aperçu de sa soif de live. Le quatuor aux deux bassistes (Ravin - basse solo et chant, Loïc - batterie, Satch’ - guitare et Lionnel - basse) a donc choisi de ne pas choisir et de laisser parler son inspiration, s’adaptant à l’époque pour en contredire la morosité ambiante. Et en nous offrant un second chapitre impeccable de groove, les parisiens frappent fort et détonnent dans le sérieux de la production actuelle. Leur Rock à cheval entre les influences à des airs d’auberge espagnole ouverte par les RED HOT pour y accueillir les FFF, les MINDFUNK, LE CRI DE LA MOUCHE, MUD, ALICE IN CHAINS, le fantôme de Jimi, Sinclair, les RATM et tous ceux qui n’ont pas vraiment eu envie dans leur vie d’une routine artistique les condamnant à l’ennui. Et ça tombe bien, parce que l’ennui est l’ennemi du bien, et que ce deuxième LP est plus que bien, il est mieux. Plus souple, plus joyeux, plus carré, plus soyeux, il caresse les mélodies dans le sens du poil, tout en tissant des liens connexes entre la rythmique la plus fusion possible et un chant roublard, mais authentique. Loin d’être un simple gimmick, ce duo de basse permet au quatuor de tisser des toiles sur lesquelles rebondissent des riffs tout autant inspirés par Frusciante que Poupaud, et d’approfondir leur son pour le rendre encore plus personnel. Entre exubérance et sincérité adolescente, CHARGE taille sa route, soignant sa copie pour obtenir la meilleure note possible. Pas pressés, les parisiens ont pris le temps de peaufiner chaque détail pour livrer neuf compositions au-dessus de tout soupçon, qui revisitent l’intimisme, l’hédonisme, le plaisir de jouer ensemble, et la perspective de concerts à venir qui feront perler la sueur. Résultat, Ain’t The One sonne aussi adulte que branleur indécrottable, et nous entraîne sur le dancefloor d’une boite qui laisse rentrer les thrasheurs en baskets et les cadres en costume impeccable.

Timing parfait, juste au-dessus de la demi-heure pour frapper fort et partir encore plus, mine de tubes qui unissent la rugosité du Metal, l’énergie du Rock et la souplesse de la Pop, et parfois, des velléités plus ambitieuses que la moyenne et un « 8 Miles Away » lâché comme étape cruciale sur le chemin de la maturité. C’est d’ailleurs amusant que le quatuor ait caché ses titres les plus agressifs et/ou ambiancés en fin de parcours, un peu comme s’ils souhaitaient d’abord qu’on remarque leur insouciance avant de prendre note de leur gravité. Et c’est pour ça qu’en fin de métrage, vous tomberez sur le plombé « Raging Eyes », trait d’union entre la jouissance d’un JANE’S ADDICTION et l’ombrage d’un METALLICA du vingt-et-unième siècle. Juste histoire de garder cette caution Metal qui semble importante ? Non, tout simplement parce que leurs propres goûts les ont mené là, et qu’ils n’ont pas l’intention d’aller contre leur nature de fans. Ce qui ne les empêche nullement de se la jouer collant et groovy sur le redondant « Red Journey » aux basses qui collent au plafond mais gardent les cheveux impeccables, ou d’oser l’uppercut Dance-Rock irrésistible sur le hit infernal « Ain’t The One ». En place, bien dans son époque et dans ses baskets, CHARGE la donne et ne fait pas semblant, pique au Funk des idées, à la Fusion des méthodes, à la Pop des harmonies qui détonnent, et au Rock de quoi carburer sans carbonne, et oublie les querelles de genre pour prêcher sa propre paroisse. Mais en grattant ce vernis de légèreté apparente, on trouve des choses très profondes, et des hommages déguisés à la scène alternative des nineties (« The Game That’s Made For Me »), des intrusions dans l’intimité d’une wah-wah ondulante des seventies qu’on trouble d’une projection Hard-Funk acidulée (« God For Ever More », le psychédélique n’est jamais très loin), et surtout, un feeling d’enfer qui n’a cure des étiquettes étriquées qui ne filent la triquent qu’aux tricards de l’inspiration.

Franchement, vous avez vraiment besoin de savoir dans quel annuaire référencer le numéro d’un pote que vous adorez ? Non, pas du tout, et les CHARGE de se mettre sur liste verte avec Ain’t The One pour que tout le monde, métalleux, poppers, romantiques et ravers, rêveurs et fêteurs puissent les appeler pour une party donnée au débotté. Un truc snappy qui donne la pêche, la bougeotte, mais surtout, un album qui tient la route et qui va leur permettre de la tailler. Une CHARGE à prendre sans craindre de gueule de bois, mais qui entraine quand même une addiction et vous laisse aux abois.            


Titres de l'album :

                           01. Out Of My Life

                           02. Red Journey

                           03. Ain’t The One

                           04. The Game That’s Made For Me

                           05. God For Ever More

                           06. High Life

                           07. 8 Miles Away

                           08. Raging Eyes

                           09. Burning Slowly Around Me

Facebook officiel


par mortne2001 le 13/04/2019 à 17:48
80 %    1148

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : le tape-trading

Jus de cadavre 09/02/2025

Vidéos

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

Mold_Putrefaction 28/01/2025

Live Report

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

RBD 23/01/2025

Live Report

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Styx

De rien, avec plaisir amie métalleuse.   

20/02/2025, 19:34

Moshimosher

Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...

20/02/2025, 19:08

Humungus

J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...

20/02/2025, 18:52

l\'anonyme

Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé. 

20/02/2025, 09:27

Simony

Hello Styx, problème remonté à notre webmaster, merci.

20/02/2025, 08:00

Tourista

Ça devient de la chaptalisation ce rajout permanent de groupes.

20/02/2025, 06:42

LeMoustre

Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci. 

19/02/2025, 17:51

Styx

Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.

19/02/2025, 16:32

Ivan Grozny

Merci pour le report, ça me tente bien d'y aller jeudi à Paris.

18/02/2025, 22:44

Jus de cadavre

Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !

17/02/2025, 21:39

Saul D

Moi je regrette quand même le line up des années 80...mais bon....

17/02/2025, 14:08

RBD

Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)

17/02/2025, 13:18

Humungus

Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)

17/02/2025, 06:50

RBD

C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)

15/02/2025, 18:14

Humungus

Super titre !Cela donne envie putain...

14/02/2025, 09:45

NecroKosmos

Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)

14/02/2025, 05:50

Warzull

AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)

13/02/2025, 18:38

Jus de cadavre

Toujours le même riff depuis 35 ans    Mais toujours efficace !

13/02/2025, 17:13

Simony

Excellente initiative, dommage que je sois si loin !

12/02/2025, 07:08

RBD

Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)

12/02/2025, 01:30