A force de se concentrer sur l’invasion suédoise, et de voir le reste de notre attention happé par le volume de plus en plus conséquent de sorties estampillées Frontiers, on en avait presque oublié que les Italiens étaient capables de produire de petites choses fabuleuses dans leur coin, sans s’inspirer ou dépendre de l’un ou de l’autre. Alors, accueillons cette première réalisation avec tout l’enthousiasme qu’elle mérite, et félicitons la branche Art Of Melody Music du label générique Burning Minds Music Group pour nous avoir permis de découvrir un des groupes les plus attachants du moment.
On le sait, le créneau du Hard Rock hautement mélodique et tirant sur l’AOR est l’un des plus risqués du circuit. D’une parce que l’équilibre entre puissance et douceur est l’un des plus difficiles à trouver, et de deux, parce que le nombre de combos s’y risquant est de plus en plus conséquent, et que la concurrence fait rage. La mouvance suédoise se place de fait en tant que leader d’un mouvement qui ne semble connaître aucune baisse de régime, mais l’on sait l’Italie capable d’un sursaut d’orgueil, ce que démontrent les AIRBOUND, avec un brio sans failles et un investissement total, bien que leur premier album marque aussi quelques signes de faiblesse et de classicisme exacerbé…De nouveauté il n’est point question, encore moins d’audace, à tel point qu’on a parfois le sentiment d’écouter des inédits de groupes bien établis, à l’instar de ce « Till The End » que BON JOVI aurait pu proposer dans les mid 90’s, sans avoir à en rougir.
AIRBOUND, c’est un collectif construit autour d’individualités notables (Tomás Borgogna Ugarteburu – chant, Lorenzo "Fudo" Foddai – guitare et chœurs, Angelo "NgL" Sasso – basse et chœurs, Alessandro Broggi - Keyboards, claviers et chœurs, et Riccardo "DrumBeater" Zappa – batterie), formé à l’orée des années 2000 et qui a donc bien roulé sa bosse harmonique avant d’oser nous offrir un premier album, disponible depuis ce mois de septembre, et qui propose dix morceaux d’une beauté formelle indéniable, qui toutefois rechignent à s’écarter des sentiers battus déjà abondamment foulés. Techniquement, les originaires de Milan sont des instrumentistes accomplis, à la finesse de jeu incontestable, qui ont su ciseler des chansons au point de pouvoir les comparer à certains hymnes du genre, de ceux que les JOURNEY, REO SPEEDWAGON, Richard MARX ou GIANT troussaient et troussent encore. Mais la patte la plus présente sur cet Airbound est bien celle du beau Jon Bon Jovi, qui plante sa griffe à intervalles réguliers dans l’inspiration des italiens, qui visiblement s’en satisfont pleinement. Equilibre stable entre guitare et claviers, refrains que des chœurs parviennent toujours à sublimer, et voix d’airain qui propulse des harmonies dans des cieux que l’on pourrait presque caresser de la main, telles sont les composantes essentielles d’un disque qui refuse l’évolution, mais qui ne prône pas non plus la stagnation. On sent que le quintette a eu le temps de roder sa recette avant de la fixer sur bande, mais en l’état, et après écoutes multiples, les dix segments de ce premier album sont tous des modèles du genre, au point de transformer ce premier essai en best-of du style à peine déguisé.
Fondamentalement, Airbound est incritiquable, si ce n’est en termes de production qui a tendance à un peu étouffer une guitare qui reste en arrière-plan, et à amalgamer un empilage de couches vocales en compressant un peu trop les médiums. Mais il est aussi évident qu’il sera à réserver aux véritables amoureux du genre, de ceux capables d’apprécier un disque qui ne prend pas de risques, et qui se contente de proposer des chansons simples, aux motifs éprouvés. Les influences déjà citées permettront de baliser le terrain arpenté, même si quelques clins d’œil à l’école suédoise sont disséminés de çà et là (« Don’t Fade Away »). Tout commence par une entame rondement menée par un up tempo maîtrisé, « Have A Good Time », qui se veut honnête et non porteur de promesses en écran de fumée. Le seul but des AIRBOUND reste en effet de vous faire passer un bon moment au son d’un Hard Rock léché et patiemment élaboré, qui a quand même réussi à garder une certaine spontanéité. Claviers présents, guitare qui soutient dans l’ombre, et chant qui module, nuance, mais préfère les envolées lyriques à l’émotion factice. La recette est connue, mais toujours appréciée, encore plus lorsque les motifs utilisés font partie de la crème des harmonies revisitées.
Peu ou pas de temps mort, et emphase Heavy parfois assez prononcée, pour des incursions dans le monde béni d’un STRYPER 80’s anobli (« The Sun Tomorrow », qui n’est pas non plus sans évoquer un JOURNEY bien assimilé ou un KING KOBRA restitué avec fidélité). Ne comptez pas sur ces italiens pour verser trop de sucre sur leurs desserts, puisque l’agressivité n’est jamais occultée au profit d’un glaçage un peu trop épais (« Don’t Fade Away »).
Les tics génériques sont évidemment placés à des endroits stratégiques, comme cette guitare épique et harmonique en ouverture de « Zhaneta », qui mélange encore une fois l’intimisme Classic Rock d’un BON JOVI et le déroulé mélodique du JOURNEY d’Arrival. Romantisme exacerbé, velouté de voix en déliés, et claviers qui franchissent le pas du premier rôle, pour une ballade toute rose qui saura consoler les cœurs les plus brisés.
Si « Runaway » de son appellation pourrait une fois de plus faire référence à un certain vocaliste du New-Jersey, c’est plutôt à des allusions à la vague du Hard-Rock californien qu’il s’essaie, avec tempo bien martelé et ambiance plus plombée. On tombe quand même parfois au-delà de la limite entre Pop et AOR via le troublé et troublant « Wasted World » qui ne ménage pas les effets synthétiques, alors que l’explosif « She’s A Girl » se pose en hit indéniable, avec son tempo trépidant et ses attaques en constant mouvement. Il est certain que le groupe est vraiment à l’aise dans un style qu’il maîtrise à la perfection, et au bout d’une bonne demi-heure, on en vient à oublier tout désir d’originalité face à tant d’efficacité. On termine même le voyage sur un dernier chapitre plus volontiers ombragé, qui se replonge dans les sacro-saintes eighties, avec des volutes de synthé à la David Paich, et une délicatesse qui garde la pêche.
Impossible de mentir à propos d’un premier album qui ne révolutionnera pas un style très exigeant, mais qui contribue à lui redonner une troisième jeunesse pleine d’allant. En substance, et en faisant abstraction de problématiques évolutives, AIRBOUND signe avec son éponyme début un disque très détendu, mais qui n’hésite pas à appuyer sur l’agressivité sans dénaturer sa coolitude adaptée. Une belle réussite, destinée aux amoureux d’un Hard/AOR peaufiné, mais suffisamment frais pour enthousiasmer.
Titres de l'album:
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