On va prendre les choses dans l’ordre parce que je déteste l’aléatoire. D’abord, il faut un logo, indescriptible, indéchiffrable. Les SLAUGHTBBATH l’ont, sans conteste. Ensuite, une réputation underground sans failles. Ils l’ont aussi. Le soutien d’un label de tarés qui ne jurent que par le bruit et la fureur. De même. Une production éparse ou pléthorique, avec des sorties distillées au compte-goutte dans le premier cas, ou un maximum de démos, EP et implications diverses dans le second. Celui des SLAUGHTBBATH. De la méchanceté. Un son à la portée maximale. Une attitude légèrement Punk sur les bords, des accointances Crossover pour faire bonne impression, du talent, des aptitudes à la composition vicieuse et suintante, et tout ça, les SLAUGHTBBATH l’ont dans leur ADN et leur vécu. De fait, leur second longue-durée est un modèle du genre, qui s’inscrit dans un renouveau de la première vague de BM old-school initiée au nouveau millénaire. Formé en 2002, et actif dès l’année suivante, le collectif issu de San Vicente de Tagua Tagua nous offre donc via les services de Hells Headbangers son deuxième album, qui fait suite au très remarqué Hail to Fire, paru il y a déjà six ans. Mais en six ans, les chiliens ne sont pas restés dans le placard de la discrétion, puisqu’ils ont trouvé moyen de participer à quatre splits, de balancer non pas une, mais deux compilations, avant de préparer leur retour en grandes pompes de ténèbres via cet impitoyable Alchemical Warfare, au titre légèrement suggestif. Tout le monde aura saisi l’allusion (voulue ou non) à SLAYER et son « Chemical Warfare », et l’intensité qui se dégage de ce LP est au moins égale à celle de son illustre modèle. Et loin d’incarner une tradition inamovible de BM d’Amérique du Sud, ce trio infernal se propose justement de revisiter les classiques du cru pour les proposer à sa sauce, un peu rance, mais terriblement dense.
C’est ainsi que Negro (batterie, NECROTEOFILIA, AMMIT (live), ex-BLACK CEREMONIAL KULT, ex-KRATHERION), P.Skullshredder (guitare) et D.Desecrator (chant/basse, FUNERARY TORCH, ex-CHAINSAW (live), ex-COMMUNION) osent jouer la jonction entre BM sauvage, Death indomptable, Thrash bestial impitoyable, pour nous offrir un passage en revue des sévices instrumentaux du Chili qui donne froid dans le dos. Si la dominante majeure de l’œuvre s’inscrit toujours dans un désir de teinter de mort le linceul du Black Metal le plus froid, on sent en filigrane une envie de rendre hommage à la cruauté sud-américaine des années 80, mais aussi un hommage poussé aux scènes historiques scandinave et norvégienne des années 90. D’ailleurs, il n’est pas difficile après quelques minutes d’imaginer les musiciens, encore enfants/adolescents, user de leurs yeux des posters et de leurs oreilles des albums de MARDUK et IMMORTAL, tant leur musique empeste le trait d’union entre les deux légendes. C’est en tout cas ce que « Ritual Bloodbath » et « Resuscitated by Immortal Scorn » suggèrent de leurs citations Pure Holocaust et Heaven Shall Burn assez franches, avant que le troisième morceau ne sonne la charge et le changement de direction. Intelligents et ouverts, les trois musiciens ont donc d’autres ambitions que d’enregistrer un simple album de BM old-school, et citent la scène Death/Black brésilienne, tout comme ils continuent de faire de l’œil aux deux références déjà nommées. « Cavern of Misanthropy » se présente donc comme un mélange explosif, au rythme qui vous explose à la gueule et laisse le reste à moitié cramé, retrouvant l’efficacité dans le sadisme des BLASPHEMER et autres VULCANO, tout en tronçonnant des riffs vraiment efficaces sur fond de blasts typiquement Fredrik « Froding » Andersson.
Un peu de DARKTHRONE dans les gargouillis les plus vintage, mais surtout, une véritable science du jeu leur permettant de rester efficaces et créatifs, pour une puissance à décorner Belzébuth en personne, une fois sorti de son lupanar bouillant. En laissant tomber l’effort juste au-dessus de la demi-heure, les chiliens l’ont jouée fine, en alternant les morceaux brefs et lapidaires, et les interventions plus longues mais tout aussi véhémentes. Souvent classique dans le fond, avec cette guitare infatigable et froide, ce chant qui n’est pas sans évoquer Legion et Abbath (c’est manifeste dès l’entame, mais encore plus sur « Prophetic Crucifixion »), cette batterie qui colle des fills tous les quatre temps, et cette ambiance générique glaciale et sans recul, Alchemical Warfare reste plus alambiqué dans la forme, qui survole trois décennies de Metal noir sans complexes, osant l’emphase du BATHORY le plus majestueux et du MARDUK le plus sentencieux (« Rejoined Into Chaos », lourd, glauque et écrasant, MAIS mélodique). Ce qui n’empêche pas les trois loustics de balancer la sauce version Panzer Division, mais avec beaucoup plus de flair et des lignes vocales vraiment possédées (« Alchemical Warfare », même le MARDUK de Serpent Sermon n’a pas réussi à faire un truc aussi catchy et convaincant), de posséder non une vierge, mais un groove tangible lorsque les BPM bornent sur du D-Beat/Crust diabolique (« Amulets of Carnage », laché en amuse-bouche, et qui a méchamment convaincu à juste titre), et finalement, d’étaler assez de plans, de breaks et d’idées pour mériter leur statut de légende chilienne encore vivante, et pour de nombreuses années je l’espère. Un disque qui replace le mal sur l’échiquier du temps, qui profite d’une excellente production pour tout écraser (le chant est bien en avant, chose rare dans le style, et la batterie sonne délicatement rétro), et qui en définitive, peut se targuer de faire parties des meilleures sorties BM de l’année.
Fans de BM, tout ce que vous pouvez chercher chez un excellent groupe, SLAUGHTBBATH vous l’offrira. Mais écoutez donc pour vous en convaincre. Plus qu’un disque, la BO d’une guerre.
Titres de l’album :
1.Ritual Bloodbath
2.Resuscitated by Immortal Scorn
3.Cavern of Misanthropy
4.Prophetic Crucifixion
5.Rejoined Into Chaos
6.Alchemical Warfare
7.Amulets of Carnage
8.Celestial Overthrow
9.Ascension to the Dragon's Throne
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49