Une fois n’est pas coutume, une petite démo, d’une parce que je fais ce que je veux, et de deux parce que ça fait toujours du bien de s’immerger un peu dans l’underground mondial. Et c’est au Mexique que je suis allé chercher ces fauteurs de trouble, qui en 2020 osent leur première maquette d’une durée fort honorable, et au contenu assez recommandable. Avec leur baptême qui ne laisse que très peu de place au doute, les BONDAGE666 pratiquent une sorte de Thrash très primitif, ou de Blackened Speed selon les points de vue, et trouvent clairement leur inspiration dans les bestiales années 80, celles qui animaient les soirées diaboliques brésiliennes. On sent clairement les inspirations émanant des égouts d’Amérique du Sud de la période 84/85, mais pour autant, ces originaires de Papantla ne sont pas des plagiaires. Et leur musique à ce parfum naïf qui fait les meilleures fragrances de démos, leurs morceaux jouant la franchise de la paillardise, mais tenant méchamment debout et ne ressemblant pas à une simple captation dans une cave pendant une répétition un peu enivrée. Le quintet (Alfonso: chant, Jaime & Lemmus: guitares, Zhalma : batterie et Yayo: basse) se présente donc sous un jour très sympathique, évoque parfois les prémices de la sauvagerie la plus sombre mais joyeuse (« Alcoholik Werewolf Kurse » qui sonne comme du VENOM repris par un DESTRUCTION balbutiant), et déroule de sa simplicité un programme certes brutal, mais euphorisant. Jouant ouvertement la carte la plus old-school, les mexicains se situent donc à la limite d’un Heavy Speed des origines et d’un Thrash pas encore totalement assumé, et les riffs proposés, assez simples, sonnent clairement catchy, à l’image du lick mémorisable de « The Lich ».
Les thématiques sont évidemment gentiment provocatrices, mais le propos musical est savoureux, avec cette délicate patine fragile qui donne parfois le sentiment d’écouter une cassette copiée un peu rapidement. On apprécie toutefois ces allusions au Thrash allemand le plus mesurée, mais aussi au Speed canadien le plus enflammé (« Cemetery Rapist » qui réconcilie Schmier et Dan Beehler). Cette première maquette déborde donc d’enthousiasme, et nous rappelle les chères années de tape-trading qui nous mettaient en relation avec des passionnés du monde entier, et si la voix sardonique et méchamment diabolique d’Alfonso suggère des accointances Black Metal à la early MAYHEM, le reste de l’instrumentation à cette tendre maladresse qui fait les premiers efforts les plus sincères. On craque pour cette mise en place pas toujours carrée, pour cette basse qui sonne comme prise directement sur l’ampli d’occasion, mais aussi pour ces passages plus cruels que la moyenne et ces transitions téléphonées à la charleston qui sonnent comme des rappels de tempo à retrouver d’urgence. Beaucoup d’amateurisme donc, mais de l’euphorie, et la joie de partager une musique crue qui sait aussi s’éloigner de la modération pour proposer de méchantes accélérations. Impossible de nier en effet que « Alcoholik Dementia » est l’hymne absolu de cette démo, avec son intro tonitruante et son tempo qui accélère enfin le propos. Entre Blackened Speed, Metal noir et Thrash timide, BONDAGE666 plante ses pions, et offre vingt petites minutes de flashback savoureux et tendre, avec un paquet de riffs sommaires mais qui vrillent les tympans, un son général très cru, et une attitude authentique. On sent que le groupe a largement les moyens de sortir son premier album dans un avenir proche, et on concède une certaine hâte d’entendre un produit fini plus conséquent.
Le genre de truc qu’on se refile entre initiés en cassette, et qui anime les soirées fatiguées de devoir se fader de grosses productions usées jusqu’à la corde.
Titres de l’album:
01. Malicious Gospel
02. Alcoholik Werewolf Kurse
03. The Lich
04. Cemetery Rapist
05. Alcoholik Dementia
06. Traumatic
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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