Alienation Manifesto

Thanatotherion

07/06/2024

I, Voidhanger Records

Encore une envolée en solo, celle du chanteur/guitariste Ominous Droning, aka Shelby Lermo, membre d’ULTHAR, NAUGHTSKEID et VASTUM. Accompagné dans son nouveau voyage par le batteur Jason Bursese (BLACK FUCKING CANCER), le tempétueux leader nous propose donc une aventure brutale, au ciel étrangement gris, et aux évènements à venir assez déprimants. La thématique de ce premier album est relativement simple : la fin de la vie telle que nous la connaissons et celle des espèces, et l’avènement de vies qui n’en sont pas. Une sacrée référence à la technologie qui nous bouffe petit à petit, et qui prendra certainement le contrôle bien avant que nous n’ayons disparu.

THANATOTHERION est donc un side-project tout ce qu’il y a de plus sérieux. Produit maison, Alienation Manifesto a été composé et écrit par Shelby Lermo, enregistré et mixé par le duo, et mixé analogiquement par Adam Tucker au Signaturetone. Un travail accompli donc, pour un concept qui décrit avec une triste acuité le sort qui nous attend une fois que la nature se sera débarrassée de nous. Un avenir blême, à la noirceur insondable, et aux espoirs mort-nés. Pas de quoi se réjouir.

Sauf si l’on s’attache à la musique de ce premier long.

THANATOTHERION ne s’est pas contenté de nous refourguer un steak vite cuit et de mauvaise qualité. Non, celui qui trône dans notre assiette est épais, mais bien saisi, et à la saveur délicieusement faisandée. Les efforts accomplis pour intégrer des éléments de Death, de Thrash et de Metal extrême dans cette tambouille à l’aspect peu engageant sont notables, et l’ensemble se dégage donc assez souvent des obligations contractuelles du BM sec mais moderne.

Aussi violent qu’il n’est accrocheur, ce Black aride comme une terre stérile est des plus agréables à écouter. Recommandé aux fans d’ABSU, EMPEROR et évidemment ULTHAR, il fonce tête baissée vers cet avenir terrifiant, en prenant soin d’agrémenter son discours de quelques idées maison. Si la voix du leader est toujours aussi acide et souffreteuse, l’instrumental distille quant à lui bien des ambiances, pour nous plonger dans le marasme d’une existence qui va se terminer dans l’atrocité et la douleur.

Nous sommes donc gratifiés de mélodies anémiques, d’accélérations brutales, dans la plus pure tradition de l’IMMORTAL des années fast et fastes. Mais bien évidemment, ce parallèle ne divulgue qu’une partie des intentions du duo, qui n’hésite pas à dévier de sa trajectoire pour aller chatouiller le fantôme de BATHORY tout en flattant la réputation de DARKTHRONE (« The Raven and the Box of Stars »). Une variété qui permet d’apprécier un ensemble conçu avec minutie, mais dont la sauvagerie brute est restée intacte.

La production, sèche et autoritaire, prône un certain minimalisme, et évite les effets les plus faciles. La guitare, à la distorsion maigre, la batterie purement analogique, et la dextérité des deux musiciens peignent un monde aux tons blafards, un hiver dont on ne sort jamais, et des idées noires assez morbides en invitation au suicide. Mais impossible de s’ôter la vie avant d’avoir assisté au dernier spectacle de destruction à l’échelle mondiale. Et pour nous faire patienter, Alienation Manifesto nous décrit ce qui nous attend une fois que les machines et l’AI auront pris le pouvoir par la force.

Aussi grave qu’il n’est médium, Alienation Manifesto est un manifeste de haine et de misanthropie à l’usage des épuisés de la vie. Ceux qui ne supportent plus la pression, les manœuvres grossières des financiers et des politiques, et l’hypocrisie des religions qui tendent la sébile en promettant la vie éternelle. Ce combat farouche contre les faux-semblants et autres illusions perdues prend donc la forme d’une attaque permanente des sens, pour réveiller le peu de lucidité qui sommeille encore en nous.

« Nuclear Womb », prise de position sans équivoque, nous ramène à l’époque où le BM était le genre le plus underground possible, pratiqué par des individus fardés dans les moindres recoins de la Norvège et de la Suède. Les quelques fioritures de guitare, les fantaisies rythmiques à base de syncopes et de silences contribuent à rendre l’expérience éprouvante, mais assimilable à une catharsis inévitable.

Avec deux transitions judicieusement placées (« Orb », et « Lament »), Alienation Manifesto gère très bien la tension, et nous amène exactement là où nous devons être. Face au néant, et cette réalité presque palpable à l’odeur de mort et de désolation. Et cette sensation est formidablement bien décrire par le long et terminal « Codex Crepusculum », qui impose un dernier crépuscule avant la nuit éternelle, de ses onze minutes épiques, symptomatiques du BATHORY le plus emphatique.

THANATOTHERION ne loue aucune divinité, et n’exige aucun tribut. Il se contente de rester observateur passif d’un futur glauque, inévitable, et terrifiant. Sous un ciel de plomb et décoloré d’un noir et blanc délavé, la vie à venir ressemble beaucoup à ces chansons sans aucune complaisance. On peut rêver mieux pour oublier l’inéluctable, mais le temps n’est plus aux illusions.

Mais à l’acceptation d’un sort que nous avons-nous-même choisi.                      

  


Titres de l’album:

01. Red Cathedral

02. The Raven and the Box of Stars

03. Orb          

04. Wilczyca  

05. Nuclear Womb

06. Lament    

07. Codex Crepusculum


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 20/06/2024 à 17:34
80 %    230

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