Un pseudo restrictif, du Thrash, le Brésil. Le décor est planté, et après le Death old-school, revoici le malicieux Thrash old-school pour une journée décidément placée sous le signe du classicisme. Mais celui des lusophones a ce petit plus euphorisant qui fait la différence entre l’anecdote et le plaisir immédiat. Je ne cacherai pas que j’avais déjà découvert les brésiliens à l’occasion d’une sortie antérieure, et que j’étais enchanté de les retrouver en 2020 pour constater si leur allant ne s’était pas émoussé. Et il aura suffi de quelques secondes pour me rassurer, puisque après une intro de rigueur, « Lift-Off » fonce dans le tas sans arrière-pensée, mais sans aucune empathie pour notre ouïe. Formé en 1999, ce groupe radical a pris son temps et s’est armé de patience avant de vomir sa musique sur le visage d’hordes médusées de tant de violence, et leur première démo ne vit le jour qu’en 2003, rapidement succédée par une seconde l’année d’après. Mais c’est en 2007 que le premier longue-durée fut lâché, avec un Killing Tendency qui ne laissait pas place au doute. Les originaires de Porto Alegre n’avaient pas l’intention de jouer la nuance ou la finesse mais bien de rendre hommage au radicalisme de leur pays, légèrement allégé d’une touche de précision US à peine remarquable. En substance, et après confirmation des tendances sur Bloodstained, paru en 2011, DECIMATOR s’affirmait comme une sorte de synthèse globale de courants mondiaux, embrassant l’intégrité brutale du Thrash brésilien, la rapidité précise de son homologue nord-américain, pour emballer le tout d’une folie instrumentale typiquement allemande, histoire d’offrir un melting-pot exhaustif de toutes les modes en vogue dans l’underground des années 80. Et c’est après neuf années de silence que nous retrouvons le quatuor plus remonté qu’une révolution sud-américaine avec cet Alienist qui ressemble plus à un carnage qu’à une thérapie élaborée.
Ne tournons pas autour du pot, ce que recherche ce groupe (Paulo Hendler - guitare/chant, Rodrigo Weiler - guitare, Patrícia Bressiani - basse et Alceu Martins - batterie), c’est l’effet bœuf, le choc frontal, la confrontation permanente, et la danse dangereuse sur le rebord du chaos. Semblant constamment se demander à quel moment le Thrash puissant vire Death méchant, les musiciens jouent avec les limites, à tel point qu’ils se rapprochent dans les passages les plus virulents d’une version rudimentaire des magiques SADUS. On pense aussi lorsque la vitesse atteint la limite aux miraculeux INCUBUS, alors que le background Thrash suggère des affinités avec la vague old-school actuelle des WARFECT et consorts. Ce qui frappe le plus fort, c’est cette tendance à toujours jouer la vitesse au profit de la lourdeur, alors que les brésiliens contrôlent tous les secteurs de jeu avec flair. Mais le tempo global, proche du Thrashcore et déraisonnable confère à ce troisième LP des allures de Reign in Blood sud-américain, revu et augmenté, sans bien sûr le génie du riff de King/Hanneman. On se dit aussi que les deux premiers albums de DEATHROW n’ont pas du tomber à côté de leurs oreilles, alors que les excès de SODOM semblent toujours d’actualité du côté du Brésil. Brésilien, mais pas bordélique, et surtout pas Black/Thrash. Loin des références nationales de SEPULTURA, SARCOFAGO, et autres adorateurs d’un malin cornu mais paillard, les DECIMATOR prônent une violence intense mais propre, et leurs breaks, leurs coupures sont toujours très nets. Grâce à un potentiel technique générique mais fiable, les quatre musiciens évitent le ragoût trop cuit, et nous proposent donc une symphonie de violence non-stop, que de rares pauses Heavy viennent interrompre sans l’enrayer.
Mais ne le cachons pas inutilement, Alienist n’est rien d’autre qu’une agression permanente, comme le classique de SLAYER put l’être en son temps. On en trouve des réminiscences proches du mimétisme, spécialement lorsque «Vivisection Of A Specimen With Opposable Thumbs Taken From The 3rd Planet Of Tp4c4152 Star System » (mais quelle idée de titre ???) sur son intro se souvient de la lourdeur de « Postmortem », avant une fois de plus de s’emballer et de tout charcler. Avec un batteur qui semble branché sur triphasé, un chanteur au timbre diabolique qui parfois aurait sa place dans un combo BM, deux guitares qui tronçonnent et découpent sans relâche, une basse féminine mais inexistante dans le mix, ce troisième album fait partie de ces « œuvres/sprint », hautement jouissives et qui ne relâchent jamais la pression, mais qui pourront rebuter les amateurs de structures plus alambiquées et d’atmosphères moins linéaires. Mais pris comme tel, et en faisant preuve de tolérance, ce jet de bile acide a de quoi laisser admiratif, puisque de « Lift-Off » à « Prato », la tension ne retombe jamais, et les BPM n’acceptent de compromis qu’en de rares occasions. Ces occasions sont pour la plupart du temps quelques secondes d’accalmie, sur des intros ou des breaks, et si « Asylum » montre pendant une courte minute un désir de temporisation, la nature des brésiliens reprend vite le dessus, malgré quelques mélodies lourdes accentuées par une rythmique écrasante. D’ailleurs, pour bien affirmer leur personnalité, les brésiliens terminent par un dernier massacre, avec le fulgurant « Prato », s’autorisant quelques saccades médium bienvenues.
Et au bout du compte, on pourrait même rapprocher Alienist de l’historique Interstellar Experience des allemands d’ASSASSIN, puisque les deux albums partagent ce sens de la brièveté et de l’agression sans concessions. Du brutal, du véloce, du fondamental, du féroce, pour une demi-heure d’agression non-stop, de quoi rassasier votre appétit de violence sans forcément bousculer l’ordre des choses. Mais les exutoires et les exercices de style ont du bon parfois.
Titres de l’album :
01. Earthling Punishment - Intro
02. Lift-Off
03. E.B.E
04. Pushing The Ionosphere
05. Alien Spring
06. Tempesta
07. Taken
08. Vivisection Of A Specimen With Opposable Thumbs Taken From The 3rd Planet Of Tp4c4152 Star System
09. Asylum
10. Prato
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